Cafes, hotels, restaurants de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des cafés, hôtels et restaurants de Paris : comment ils ont évolué, par qui ils ont été fréquentés. Pour mieux connaître le passé des cafés, hôtels et restaurants dont un grand nombre existe encore.
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LE CAFÉ VOLTAIRE
(D'après Les cafés artistiques et littéraires de Paris, paru en 1882)

Les environs de l'Odéon ont perdu leur ancienne physionomie ; les étudiants, les professeurs habitent un peu partout et ne se croient pas obligés de demeurer dans le quartier des Ecoles. Le percement des boulevards Saint-Michel et Saint-Germain a beaucoup contribué à ce changement. Beaucoup de vieilles rues ont disparu, les loyers ont augmenté, mais, pour les étudiants surtout, il y a eu cette manie de paraître, qui a décidé beaucoup d'entre eux à passer les ponts.

Les boulevards des Italiens et Montmartre ont plus d'attraits que le voisinage des Ecoles. Le café Molière, au carrefour de l'Odéon, a disparu, ses habitués étaient, comme on dit en l'an de grâce 1881, la haute gomme des étudiants ; son voisin, le café de l'Europe, également disparu, a servi de centre de réunion à des jeunes gens qui se sont fait un nom dans les lettres. Nadar, qui a écrit un charmant volume : Quand j'étais étudiant.

Depuis, il est devenu photographe, homme politique, promoteur de la navigation aérienne – les voyages du Géant occupèrent beaucoup le public vers la fin du second Empire. Henry Miirger, Champfleury – de son vrai nom Fleury – retiré à la manufacture de Sèvres : son ami des bons et mauvais jours ; Auguste Vitu, l'écrivain érudit qui est chargé des premières au Figaro et s'est beaucoup occupé de politique bonapartiste ; Théodore de Banville ; Alphonse Daudet ; Paul Arène, un poète charmant ; Clémenceau, le chef le plus autorisé du radicalisme ; Alcide Dusolier, un écrivain de talent ; Fernand Desnoyers ; le libraire Pick, de l'Isère, qui était toujours accompagné de quelques prosateurs ou poètes.

Cette vie intense a disparu, poètes, littérateurs, politiques, artistes, sont les uns célèbres, les autres oubliés, enfin beaucoup n'existent plus.

Le café Voltaire a pourtant gardé quelque chose de la physionomie d'autrefois. Il est resté le rendez-vous de beaucoup d'écrivains qui viennent causer et surtout lire les journaux et les revues.

M. Gambetta a fréquenté le Voltaire ainsi que M. Péphaux, qui, d'employé au ministère des finances, devint un jour administrateur de la République française. Jules Vallès, l'auteur des Réfractaires, en 1871 membre de la Commune. Vallès, lorsque Villemessant l'eut engagé à l'Evénement, aux appointements de vingt mille francs, disait qu'il y avait des individus qui se trouvaient très heureux avec trois mille francs de revenu, et qu'à d'autres il leur fallait au moins vingt mille livres. Naturellement il se plaçait dans la seconde catégorie.

Le célèbre éditeur Charpentier, dont le fils, Georges, continue la tradition, était un des habitués de Voltaire ; Nisard, directeur de l'Ecole normale ; Emile Caro, membre de l'Académie française ; le professeur Caboche ; le philosophe Emile Saisset et beaucoup de membres de l'Université se montraient au café.

Citons encore le littérateur Pierre Elzéar, de son vrai nom Elzéar Bunnier ; Jules Moulin, le consul de France assassiné à Salonique ; les poètes Anatole France, Albert Mérat, Leconte de Lise, Léon Valade, Émile Blémont, du Rappel.

Un général polonais, Mieroslawski, l'inventeur du fameux camp roulant, en 1870 a fréquenté longtemps le café Voltaire. C'était un halluciné qui est mort à peu près fou, en 1878.

 


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