Mode, costumes a Paris
Cette rubrique vous invite à découvrir la mode, le costume, le vêtement d'autrefois à Paris, consignant les modes des Parisiens d'antan, leurs costumes, leurs robes, leurs vêtements, chapeaux, gants, chaussures, gilets, corset, jupons, pantalon, jupes, les accessoires tels que l'ombrelle, le parapluie, le sac, les lunettes etc., ou encore les coiffures.
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LES PARISIENNES DE 1830
(D'après Les Modes de Paris 1797-1897, par Octave Uzanne, paru en 1898)

Elle sort, le monde la reprend, l'accapare ; elle se couche le soir sous sa cornette de dentelle, la tête bourdonnante d'illusions, le cCostume, moeurs, mode à Paris au 19 ème siècle, cœur bruissant de vague comme

Les Elégants romantiques, un bal en 1831
un coquillage creux ; mais demain, à son réveil, elle pensera avoir rêvé la veille au soir, et elle reprendra la livrée de la Mode qui fait d'elle une Reine éphémère et dépendante, une véritable idole publique.

Il n'y avait point de réunion où les femmes ne fussent admises à Paris sous la monarchie de Juillet ; dans tous les cercles, elles avaient droit à prendre rang, soit par leur mérite, soit par leur beauté.

Aux bals, à la Chambre des députés, aux spectacles et aux prédications Saint-Simonistes, aux Athénées, au bois de Boulogne, enfin partout où se rencontrait quelque agitation d'esprit ou d'industrie, on était sûr de trouver des femmes. La Bourse même leur inspirait des idées spéculatives que l'on comprenait difficilement en regardant l'expression légère et frivole de leur physionomie. Voici comment s'exprime à ce sujet un grave journal, le Constitutionnel de novembre 1831 :

« La manie de la Bourse a pris depuis quelques mois un accroissement extraordinaire ; elle gagne les dames elles-mêmes qui comprennent aujourd'hui et emploient, avec autant de facilité que l'agent de change le plus consommé, les termes techniques du parquet. Elles raisonnent la prime et le report comme les vieux courtiers marrons. Tous les jours, d'une heure et demie à trois heures et demie, les galeries de la Bourse sont garnies d'une foule de dames élégantes, qui, l'œil fixé sur le parquet, correspondent par gestes avec les agents de change ; il s'est même établi des courtiers femelles qui reçoivent les ordres et les

transmettent aux commis, qui viennent les prendre à l'entrée de la Bourse. Nous ne voulons pas nommer la plus remarquable de ces dames : elle a obtenu de bien jolis succès sur un théâtre et fait une grande fortune qu'elle vient elle-même exploiter à la Bourse »
, (c'est probablement d'Alice Ozy qu'il s'agit.)

– Les femmes qui allaient à la Bourse adoptaient un costume sévère et de circonstance, presque toujours composé d'un manteau, d'une capote en velours avec voile de blonde noire ; dans la ceinture, elles plaçaient un petit carnet de bois de santal avec son crayon d'or.

Les dimanches, aux prédications des Saint-Simonistes, dans la salle Taitbout, les élégantes remplissaient toutes les premières loges du rez-de-chaussée. La mode était venue de se rendre à ces réunions de Saint-Simonistes, soit pour analyser la nouvelle doctrine, soit pour en combattre les principes, soit encore pour jouir de l'entraînement d'une éloquence vraiment remarquable ou apprécier le mérite d'une nouvelle idée présentée dans un cadre brillant. La plupart des femmes qui se trouvaient là voulaient principalement se mettre au courant de la conversation à la mode, et comprendre autant que possible comment la communauté pouvait un jour remplacer l'hérédité. Tous les sophismes séduisants de la nouvelle religion étaient débités par de jeunes apôtres enthousiastes qui avaient des succès d'homme et d'orateur à la fois. Les rites Saint-Simoniens n'excluaient pas du reste la coquetterie ni la grâce, à en juger

par la rare élégance des plus fougueuses spectatrices qui composaient ce nouvel aréopage.

On retrouvait tout ce qu'Herbaut, Victorine, Palmyre et Mme Minette, les hautes réputations à la mode d'alors, faisaient de mieux en coiffures, robes et rubans. Comme pour ces réunions les manteaux étaient embarrassants, ces dames avaient adopté de préférence des douillettes en satin gros d'hiver ou des robes guimpes en velours avec kachemires et boas.

A la Chambre des députés, c'était un contraste piquant que celui de tant de physionomies gracieuses et de tournures élégantes réunies dans une enceinte où ne s'agitaient que de graves questions et des discussions diplomatiques. Là, comme dans les grandes fêtes d'hiver, on distinguait les femmes le plus en réputation pour le luxe et les succès du monde. Il y avait des tribunes où l'on n'apercevait que des plumes, des kachemires et de riches fourrures, des douillettes, de satin d'Orient, des redingotes en velours soie, des manteaux de Thibet ou d'étoffes damasquinées. A la sortie des séances, avant de prendre place dans leurs équipages, ces dames jasaient de questions du jour, parlaient chiffons, détaillaient réciproquement leur toilette et apportaient sur le péristyle du temple des lois une grande gaieté et comme un gazouillis charmeur, d'oiseaux.

La mode de monter à cheval se propagea de plus en plus chez les femmes de Paris de 1830 à 1835 ; il y eut un instant presque rivalité avec les Anglaises. Dans toutes les promenades on rencontrait des amazones. Il est à remarquer que le bon genre

voulait qu'on fût accompagnée par deux ou trois cavaliers à côté de soi, ainsi qu'à Rotten-Row et surtout par un écuyer qui conservait une distance de cent mètres en arrière. On laissait son équipage à la barrière, sinon à l'entrée du Bois.

Le costume des amazones ne subissait pas de grandes variations ; c'était généralement un jupon de drap avec un canezou de batiste. Autour du cou, un petit plissé soutenu par une cravate de gros de Naples à carreaux ou de la couleur du jupon. Les pantalons en coutil à sous-pieds, les petites bottes, les gants de peau de renne, la cravache en rhinocéros ou la badine de chez Verdier complétaient parfois le costume. La coiffure variait ; on portait soit le chapeau de gros de Naples à plumes d'argus, soit la casquette ou la toque, soit encore le feutre qui donnait aux gentilles amazones une allure un peu garçonnière, un air tapageur et souvent une singulière figure à la Colin.

L'été, les Tuileries, les Champs-Élysées, attiraient toute l'élégance parisienne. Les promeneurs affluaient aux Tuileries de huit à neuf heures du soir aux mois de juin et juillet ; la grande allée ressemblait plutôt à une galerie encombrée de monde qu'à un lieu où l'on se promet de flâner à son aise et de respirer à poitrine que veux-tu. C'est là que les dandys, tout en causant politique, révolution, plaisir et femmes, venaient remplir un entr'acte de spectacle ou se rafraîchir en sortant d'un bruyant dîner.

– Les Gillettes guêpées, les poupées du jour, les coquettes mondaines y arrivaient par groupes, accompagnées de joyeux mirliflores, pour montrer de jolies toilettes, faire deux fois le tour de l'allée des orangers, puis s'asseoir en cercle afin de bavarder alternativement d'une pièce nouvelle, d'une émeute passée ou à venir, d'une forme de chapeau, d'une polémique de journaux, d'un scandale galant arrivé à l'un des derniers ministres, des catastrophes du Brésil ou de la Pologne, et parfois aussi des accents profonds d'un nouvel ouvrage poétique. Les Champs-Élysées étaient également le rendez-vous favori de toutes les sociétés de la grande ville.

On avait transformé en une vaste salle de concert une partie de cette superbe promenade et chacun s'empressait d'y porter le tribut de son admiration. L'orchestre de Musard faisait entendre au loin sa puissante et dansante .harmonie ; une enceinte immense avait été disposée de manière qu'elle ne puisse être franchie par la foule : des tentes avaient été construites afin de rassurer en cas d'orage, et de ne pas permettre à la plus légère inquiétude de troubler le plaisir des assistants. Tout concourait à assurer la vogue de ces jolies fêtes chanpêtres qui se prolongeaient chaque soir jusqu'à minuit.

 


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