Mode, costumes a Paris
Cette rubrique vous invite à découvrir la mode, le costume, le vêtement d'autrefois à Paris, consignant les modes des Parisiens d'antan, leurs costumes, leurs robes, leurs vêtements, chapeaux, gants, chaussures, gilets, corset, jupons, pantalon, jupes, les accessoires tels que l'ombrelle, le parapluie, le sac, les lunettes etc., ou encore les coiffures.
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LES PARISIENNES DE 1840 à 1850
(D'après Les Modes de Paris 1797-1897, par Octave Uzanne, paru en 1898)

La fashion et les fashionables

– Avez-vous entendu Mario, lundi dernier ? Il a chanté comme un ange.

Le départ du bateau de Corbeil (1846)

– Et le ballet nouveau ?

– Il serait parfait si nous avions des danseurs ; car de beaux danseurs sont indispensables dans un ballet, quoi qu'en disent nos amis du Jockey's Club, qui ne voudraient voir que des femmes à l'Opéra.

– Mme B... a-t-elle reparu ?

– Non, c'est un désespoir tenace ; elle regrette le temps où les femmes abandonnées allaient pleurer aux Carmélites ; mais nous n'avons plus de couvents à cet usage, et c'est fâcheux, car rien n'est plus embarrassant qu'une douleur qu'il faut garder à domicile.

– Pourquoi n'imite-t-elle pas Mme d'A..., qui ne porte jamais que pendant trois jours le deuil d'une trahison ? L'habitude est si féconde en consolations !

– A propos de Mme d'A on assure que le petit Roland est complètement ruiné.

– Que va-t-il devenir ?


Le perron de Tortoni (1847)
– Il se fera maquignon.

– C'est dom mage ! il excellait au steeple-chase.

– N'a-t-il pas eu un cheval tué sous lui ?

– Oui, Mustapha, au capitaine Kernok, mort d'une attaque d'apoplexie foudroyante en traversant la Bièvre 1843 dans une course au clocher.

– Ton mari, comment se porte-t-il ? Le verrons-nous aujourd'hui ?

– Je ne sais, il y a vingt-quatre heures que nous ne nous sommes rencontrés, et je ne suis pas allée chez lui par discrétion... Armand est mon meilleur ami, un, garçon charmant, que j'aime de toute mon âme, et que pour rien au monde je ne voudrais contrarier ; mais enfin je suis sa femme et cela suffit pour que nous gardions notre liberté réciproque.

– Oui, ma chère belle, tu as raison, tes sentiments sont irréprochables et tes

déjeuners sont comme tes sentiments... ; qu'allons-nous faire à présent ?

– Si vous voulez, nous irons au tir aux pigeons à Tivoli, puis au Bois ; il y a une course particulière, vous savez, entre Mariette et Leporello.

– Oui, nos chevaux de selle nous attendent à la porte d'Auteuil ; nous irons les prendre en calèche. »

Ainsi se passe le déjeuner, dans un bavardage de sport insipide et presque exclusif ; de littérature et d'art, pas un traître mot. La Lionne fashionable semble ignorer que Victor Hugo vient d'entrer à l'Académie, que Musset publie des poèmes, que Lamartine s'est réfugié dans la politique, qu'Alphonse Karr cultive des guêpes malicieuses, que Mérimée, Gozlan, Théophile Gautier, Henri Heine, Alexandre Dumas et Soulié écrivent alors des chefs-d'oeuvre de verve, d'esprit et de style ; elle ne connaît

Eugène Sue que par les mouchoirs fleur de Marie dont Les mystères de Paris ont fait la mode ; elle ne parle que de courses et d'anglomanie.

Peut-être, par genre, fera-t-elle quelques observations sur le talent de Rachel, tout en insinuant que, pour elle, la femme de génie, c'est l'incomparable Lola Montès, l'excentrique amazone aventurière dont le nom déjà retentit à Vienne, à Berlin, à Munich et dans l’Europe entière.

Pendant que ses amies l'attendent en fumant le cigarro de Papel, la Lionne revêt une amazone fumée de Londres, garnie de boutons à grelots et de brandebourgs ; le corsage est à moitié ouvert sur la poitrine afin de laisser saillir la chemisette de batiste à jabot ; les manches, demi-larges, prennent la moitié de l'avant bras et ont un très haut poignet, que recouvre un gantelet en peau jaune ? semblable à ceux des chevaliers, ? retombant sur le poignet sans cependant le cacher entièrement.

Sous ce costume, elle se culotte d'un pantalon à sous-pieds et chausse des bottes mignonnes, munies d'éperons d'argent ; sur sa tête, elle campe un large feutre de castor, maintenu par une jugulaire de soie et dont la forme rappelle les chapeaux d'archevêque.


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