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LES PARISIENNES DE 1840 à 1850 (D'après Les
Modes de Paris 1797-1897, par Octave Uzanne, paru en 1898)
La fashion et les fashionables A l’hôtel de Rambouillet, on nommait Lionnes les femmes à chevelure fauve qui, Après 1840, la Lionne devint le type accusé de la femme à la mode, l'élégante frénétique et agitée dans le désert de sa mondanité, le parangon de l'amante-maîtresse à la fois souple, sauvage, ardente et folle, celle même dont Alfred de Musset baptisa la fringance et la pâleur fatale en dénichant une rime imprévue à Barcelone qu'il sembla croire ville d'Andalousie. Vers ce moment, le Lion régnait depuis longtemps par son dandysme galant sur le boulevard et même dans les lettres. Frédéric Soulié venait de publier le Lion amoureux et
Dans son introduction biblique, l'auteur nous initie on ne peut plus ingénieusement à la genèse du farouche Roi de la mode nouvelle. Ecoutons-le pour nous documenter : « Au commencement, une foule de créatures charmantes ornaient les diverses contrées du monde élégant.
Et la Mode vit qu'il manquait un Roi à tous ces êtres qu'avait formés son caprice. Et elle dit : « Faisons le Lion à notre image et ressemblance ! Que le Boulevard soit son empire ! Que l'Opéra devienne sa conquête ! Qu'il commande en tous lieux du faubourg Montmartre au faubourg Saint-Honoré. » Et le Lion parut. Alors il assembla ses sujets autour de lui et donna son nom à chacun en langue fashionable. Il appela les unes Lionnes, c'étaient des petits êtres féminins richement mariés, coquets, jolis, qui maniaient parfaitement le pistolet et la cravache, montaient à cheval comme des Un chasseur gigantesque avait coutume de les accompagner, simplement pour prévenir de dangereuses querelles entre lions et lionnes, en montrant les crocs de sa moustache, et éviter aussi l'effusion du sang. Il nomma quelques-uns de ses sujets Panthères. Ces féroces Andalouses, aux allures ébouriffantes, à l'oeil de feu, se font Il y en eut auxquels il imposa la dénomination de Tigres, sans qu'ils aient mangé personne (les grooms) ; au contraire, l'obéissance, la soumission est leur première vertu ; leur chapeau à cocarde noire, leurs bottes à retroussis ; leur veste bleue et leur gilet bariolé couvre des gamins arrachés aux plaisirs de la pigoche. Enfin, d'autres reçurent le nom de Rats, sylphes rongeurs d'une nature extrêmement vorace, souples, du reste, séduisants, capricieux, qui laissent tomber le ciel de l'Opéra sur l'asphalte du boulevard. « Et la Mode vit que son ouvrage était bon. »
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