Histoire de Paris
Cette rubrique vous livre l'histoire de Paris et de ses arrondissements. Origine, évolution, de la capitale de la France. Pour mieux comprendre la physionomie du Paris d'aujourd'hui, plongez-vous dans les secrets de son passée.
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LES PREMIERS PARISIENS OU HABITANTS DE LUTECE
(D'après Paris à travers les siècles, histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu'à nos jours, paru en 1879)

Les arènes de Paris. – Le palais des Thermes. – Les cimetières . – Les aqueducs et le bassin. – Costumes des Parisiens. – Leurs coutumes. – Les Huns. – La vierge de Nanterre. – Childéric. – Clovis. – Paris capitale.

Du côté du jardin, la façade est dune architecture plus sévère, les galeries à jour n'existent pas, les lucarnes sont richement travaillées et présentent, ainsi que l'extérieur de la chapelle, une grande variété d'ornementation. La salle basse construite au-dessous de la chapelle pour servir de communication directe entre le palais des Thermes, est une des parties les plus curieuses de l'hôtel de Cluny. Un pilier soutient la voûté aux arcades ogivales, il est surmonté d'un chapiteau sur lequel on remarque le K couronné du roi Charles VIII, date précise de la construction, puis les armes et les écussons des d'Amboise, attributs des fondateurs. De cette salle basse on arrive à la chapelle par un escalier travaillé, à jour et qui a été récemment découvert. L'architecture de cette chapelle est fort riche ; les voûtes aux nervures élancées retombent en faisceaux sur un pilier central isolé et qui prend son appui sur celui de la salle basse. Les murs sont décorés de niches en relief travaillées à jour et d'une grande finesse d'exécution. Ces niches, au nombre de douze renfermaient les statues de la famille d'Amboise, qui ont été jetées bas à la fin du XVIIIe siècle, puis brisées et employées comme matériaux de construction.

Les vitraux qui garnissent les fenêtres ont été détruits et remplacées par d'autres : un seul existait encore et a été remis en place, c'est le portement de croix ; il avait été recueilli par le chevalier Alex Lenoir. Sur les murs sont gravées plusieurs inscriptions dont l'une, datée de 1644, rappelle la visite d'un nonce du pape. La cage de l'escalier, travaillée à jour, a été dégagée en 1832, ainsi que les peintures du XVIe siècle que l'on voit de chaque côte de l'autel, et les sujets sculptés en pierre dans la voûte de l'hémicycle. Ces sujets représentent le Père. Eternel entouré d'anges et le Christ en croix. Toutes les figures, les bas reliefs et même les choux sculptés et tiarés, placés de chaque côté, étaient couverts d'une épaisse couche de plâtre à laquelle on doit leur conservation. Cette chapelle était devenue sous le régime révolutionnaire une salle de séances pour la section du quartier ; puis elle avait été convertie en amphithéâtre de dissection, puis enfin en atelier d'imprimerie. »

Non loin du palais des Thermes se trouvait un des deux cimetières des Parisiens. Il occupait le plateau de la montagne Sainte-Geneviève et une partie de son revers oriental et il s'étendait au midi jusqu'à Montsouris. Au mois de mai 1878, le propriétaire d'un terrain de la rue Nicole, M. Léon Landau, fit exécuter des

Objets gaulois pour conserver et préparer les aliments
fouilles dans sa propriété et découvrit cent soixante-dix fosses dépendant de ce cimetière. Les dernières fouilles eurent lieu devant un grand nombre de savants, de professeurs des lycées de Paris et de Versailles et de curieux accourus de tous les coins de Paris. Parmi les objets, qui se trouvaient enterrés là, on remarqua une grande jatte à lait d'environ soixante centimètres de diamètre, des plats revêtus d'inscriptions, des poteries d'une légèreté incomparable, des médailles de Faustine mère et fille, et quatre squelettes d'une dimension véritablement colossale et parfaitement conservés.

Sept, cents objets différents furent aussi mis à jour, vases en poterie, bagues, bracelets et colliers en dents de sangliers, etc. ; c'est un véritable musée qui se trouvait enfoui là. Mais ce qui fixa surtout l'attention des personnes présentes ce fut un sarcophage renfermant les restes d'un petit enfant qui fut extrait du coin de terre où il reposait depuis plus de 1600 ans ; le sol fut déblayé tout autour du petit cercueil et on s'aperçut en s'en approchant, que dans l'opération du scellement de la pierre, le fossoyeur gaulois ou romain avait laissé tomber une certaine quantité de mortier sur la tête du cadavre. Ce mortier en séchant avait pris l'empreinte exacte de la figure de l'enfant, de sorte qu'il suffit d'une simple opération de moulage et de galvanoplastie pour obtenir le buste fidèle du petit mort. A côté de la tête était une ampoule en verre blanc d'un travail fort délicat et affectant la formes des burettes encore aujourd'hui en usage dans les campagnes.

L'opinion émise par les illustrations scientifiques qui assistaient à la découverte est que cette ampoule représentait exactement le biberon des anciens ! Le long de la rue des Écoles, à deux pas du Collège de France, huit, ou dix vieilles masures perchées sur une sorte de falaise, étaient les derniers restes de l'ancienne rue Juda ou du clos Bruneau ; elles surplombaient de quatre à cinq mètres le sol de la voie nouvelle. Des fouilles faites en 1878 pour des constructions privées ont mis à nu les fondations d'un grand édifice gallo-romain, probablement l'une de ces maisons de plaisance que les Parisiens de distinction habitaient au temps de Julien, qui furent pillées et brûlées par les barbares, et dont les Mérovingiens firent des carrières de pierre à bâtir. Le palais des Thermes, les arènes de la rue Monge, un théâtre dont on a découvert les substructions rue Racine, et les ville encore enfouies sous le pavé des rues Soufflot et Gay-Lussac, formaient le périmètre de ce quartier romain de Lutèce, sorte de Monte Pincio, fort apprécié au moyen âge, puisqu'on le nommait « Champ-Gaillard ».

En 1842 on découvrit les fragments d'une voie romaine sous les rues, du Petit-Pont et Saint-Jacques, et douze chapiteaux furent donnés par la ville de Paris au musée des Thermes. Il exista, aussi jadis, un cimetière hébraïque entre la rue Pierre Sarrazin et celle de la Harpe qui dans plusieurs documents du XIIIe siècle est désignée sous le nom de juiverie ; en 1849 on fit des fouilles sur cet emplacement et on découvrit les débris de huit pierres tumulaires du XIIIe siècle qui furent données au musée de Cluny par M. Hachette propriétaire du terrain.
Les Caillois brûlaient leurs morts, mais les Parisiens avaient renoncé à cet usage

Gaulois
lorsque le christianisme s'était établi chez eux et on commença à la fin du IVe siècle à se servir de cercueils de bois garnis de ferrures ; ceux des riches étaient en pierre. Déjà en 1656, on avait mis à jour en creusant dans un jardin formé sur l'emplacement de l'ancien cimetière Saint-Marcel, soixante-quatre cercueils en pierre dont un seul avait son couvercle, sur lequel était gravée cette inscription
Vitalis à Barbara son épouse très aimable, âgée de vingt-trois ans cinq mois et vingt-huit jours ».

Voyons maintenant les changements opérés sur la rive droite du fleuve, couverte de forêts et de marécages au moment de la conquête par Labiénus.

Une grande voie partant de la cité et traversant le Grand Pont, montait vers le nord et se bifurquant presque dès son origine, coupait vers l'ouest. Les rues Saint-Martin, Saint-Denis et sur la gauche, du faubourg Montmartre étaient presque tracées. Des habitations assez nombreuses bordaient ces voiesà peu de distance du fleuve, mais aucun monument digne d'être cité n'a laissé trace de son existence ; on est d'autant plus certain que la ville s'était cependant notamment accrue de ce côté, que deux cimetières y ont été découverts ; l'un occupant l'espace compris entre la rue de la Verrerie, la place de l'Hôtel de Ville et l'église Saint-Gervais, l'autre au commencement de la rue Vivienne.

On découvrit aussi en 1791 les restes d'un aqueduc souterrain qui, partant des hauteurs de Chaillot à la source des eaux minérales, venait apporter les eaux dans un bassin placé dans le jardin du Palais Royal. Qu'était ce bassin ? les thermes de quelque riche personnage de Lutèce ? on ne sait. Un second bassin antique occupant tout l'espace compris entre la moitié dé la galerie Montpensier et le passage Radzivil, fut aussi découvert. Les antiquaires se sont grandement émus à propos de ces antiquités, on écrivit des mémoires, on conjectura beaucoup, mais ce fut tout. Nous ne pensons pas devoir nous appesantir sur ces questions qui ont une importance capitale aux yeux des savants, mais qui n'ont qu'un intérêt secondaire pour ceux qui sont peu versés dans la science archéologique.

Quelques mots sur les Parisiens avant Clovis. Depuis qu'ils étaient en relations constantes avec les Romains ils avaient quelque peu modifié leur costume primitif qui se composait d'une sorte de manteau percé d'un trou pour le passage du bras droit ; le corps était tatoué et le chef orné de plumes. Pendant l'occupation romaine, ils portèrent des braies c'est-à-dire des pantalons, des souliers de cuir à semelle épaisse et une tunique ou saie. De longs cheveux leur tombaient sur la nuque, ils les teignaient en rouge avec une pâte dans laquelle entrait de la cendre de hêtre et de la graisse de chèvre. Mais déjà la mode, fille de la civilisation, impose ses lois. Tantôt les Parisiens portent une sorte de par-dessus en laine à longs poils ; appelé lacerne, on en voit qui ressemblent à un ample sarrau à capuchon ; quelquefois les mains sortent par des fentes pratiquées sur les côtés. Ils portent aussi la pénule fendue par devant, depuis le bord inférieur jusqu'au

Gauloises
milieu du corps, les bras se trouvaient complètement emprisonnés et ne pouvaient agir qu'en relevant les pans sur les épaules.

Parfois, la lacerne descend jusqu'au bas des jambes, ou bien elle s'arrête aux genoux ; il y en a qui sont bordées de fourrure. C'est le vêtement commun aux deux sexes et aux personnes libres de toute condition. La pénule échancrée sur le côté et qu'on appelait une birre, fut abandonnée aux esçlaves. Deux sortes de tuniques furent en usage et se portaient l'une sur l'autre, celle de dessus s'appelait subucula ; elle était serrée à la taille par une ceinture, lorsqu'elle n'avait pas de manches, elle se nommait colobe, elle avait la forme d'un sac ouvert par les deux bouts. La seconde tunique à manches larges, qu'on mettait par dessus l'autre, s'appelait dalmatique ayant été empruntée aux Dalmates par les Romains. Ces tuniques étaient de laine ou de fil, selon la saison.

Nombre de vieux Parisiens avaient conservé l'usage des longues braies, d'autres allaient jambes nues ; pour les couvrir, ils adoptèrent des tibiales on jambières qui s'attachaient en haut et en bas par des cordons. Les sandale, les souliers, les brodequins deviennent la chaussure habituelle ; le peuple portait les galliques qui se sont conservées jusqu'à nos jours sous le nom de galoches. Les hommes se coiffaient d'un bonnet de feutre ou de peau de mouton. Le costume des femmes varia beaucoup ; les riches Parisiennes adoptèrent les luxueuses toilettes des Romaines et se couvrirent de bijoux, celles du peuple, s'habillaient de la pénule, et d'une courte tunique, sur laquelle elles plaçaient un tablier.

Les Parisiennes étaient réputées pour leur talent de se coiffer et leur extrême propreté, propreté qu'on retrouvait dans l'intérieur des habitations ; néanmoins la maison d'un artisan était loin d'offrir l'image du confortable, il couchait nu sur un grabat, et son mobilier se composait de quelques bancs de bois, d'une table, de quelques ustensiles de cuisine indispensables, mais sa nourriture était grossière et bien qu'on cultivât de belles vignes non loin de sa demeure, il étanchait sa soif avec de l'eau et se trouvait heureux lorsqu'il y pouvait substituer un pot de bière affranchies ou esclaves, ou d'hydromel. Quant aux gens de la classe moyenne, celle qu'on appellera plus tard la bourgeoisie, ils s'étaient bien vite accoutumés à l'usage de toutes les nouveautés d'art et d'industrie introduits par les Romains et se servaient de tous les accessoires de table, de toilette, qui étaient le confortable de l'époque.

 


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