Histoire de Paris
Cette rubrique vous livre l'histoire de Paris et de ses arrondissements. Origine, évolution, de la capitale de la France. Pour mieux comprendre la physionomie du Paris d'aujourd'hui, plongez-vous dans les secrets de son passée.
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HISTOIRE DE PARIS
(D'après Paris à travers les âges, histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu'à nos jours, paru en 1879)

Charlemagne – Un jugement de Dieu. – Charles le Chauve. – Les Normands. Le siège de Paris. – Hugues Capet. – Les reliques. – Les échevins. – Physionomie de Paris. – Les terreurs de l'an 1000. – Les épreuves judiciaires.

L'entrée de cette église était rue de l'Aiguillerie ; elle possédait une tour remarquable par les ornements dont elle était décorée. On y avait sculpté des fleurs de lis, des cornes d'abondance et des trophées. En 1311 Guillaume d'Aurillac, évêque de Paris, y établit deux marguilliers laïques, auxquels il donna l'administration de la fabrique.

On y remarquait un candélabre à dix branches, présent de Charles-Quint qui la visita pendant son séjour à Paris, et un superbe tableau, la Présentation au temple par Jouvenet. On y gardait précieusement le bras de sainte Opportune qui manquait aux premières reliques déposées et qui lui fut donné en 1374 par Jean du Pin, abbé de Cluny, ainsi que le constate cet extrait d'un ancien registre de la fabrique : « L'an 1374, le premier dimanche d'après les Rois, Emery de Magnac, évêque de Paris, fit 1a translation du bras de sainte Opportune en présence du roi Charles V, de son palais de Saint-Paul et à laquelle cérémonie assistèrent aussi plusieurs grands seigneurs de la cour. Et ce bras fut apporté solennellement en procession par les chanoines jusqu'à cette église, avec grand luminaire et grande suite de peuple ; et ce bras fut donné à notre église par Jean du Pin, pour lors abbé de Cluny, à la requête et supplication de maistre Hugues de Champ-Girard, autrefois notre chevecier. »

Des lettres de Committimus de 1714 reconnurent à cette église la qualité d'église royale. Supprimée en 1790 et devenue propriété nationale, l'église Sainte-Opportune fut vendue le 24 novembre 1792 et démolie quelque temps après. En 1176, des marais qui entouraient cette église entre Paris et Montmartre, et s'étendaient depuis le Pont-Perrin jusque sous Chaillot furent mis en culture.
Les trois années du règne de Charles le Gros (de 885 à 887), furent employées à se défendre contre les Normands, et, tombé sous le mépris public, ce prince laissa la couronne à Eudes qui s'était très vaillamment conduit en défendant la capitale.

Lorsque Eudes, comte de Paris et duc de France, fut en 888 reconnu roi à Compiègne, il fixa sa résidence à Paris et commença à faire réédifier en face du palais qu'il habitait l'église collégiale de Saint-Barthelémy, et restaurer quelques-unes de celles qui n'avaient eu à subir que des dégâts partiels ; mais il eut à guerroyer contre Charles le Simple et il mourut le 13 janvier 898 après avoir

Les Normands reparurent en 911. Après avoir
successivement pris Rouen, Nantes, Bordeaux, Amiens, etc.
donné à peu près cinq ans de tranquillité aux Parisiens qui en avaient grandement besoin.

Charles III (dit le Simple) ne s'occupa guère de Paris que pour le doter de reliques. Dès les premières invasions des Normands, des évêques et des abbés craignant pour les reliques et les objets précieux qui garnissaient leurs églises, avaient cru les mettre en sûreté, en les déposant dans l'église cathédrale Notre-Dame-Sainte-Marie. Lorsque la paix fut signée avec eux, les déposants vinrent réclamer leurs dépôts mais l'évêque de Paris refusa de rendre la plupart de ces objets, entre autres la châsse de Saint-Marcel et les corps de plusieurs saints qui demeurèrent désormais la propriété du chapitre de la cathédrale.

Ce fut pour honorer une de ces reliques appartenant, à Saint-Leufroi, que fut construite une chapelle entre le Grand Pont et le Châtelet, et qui dépendait de la paroisse de Saint-Germain l'Auxerrois ; elle fut démolie en 1684. Charles le Simple donna beaucoup aux églises et il rendit le 6 septembre 906 une charte en faveur des frères chanoines et autres clercs desservant l'église de Paris qui leur assurait le don à eux fait par Charles le Chauve du pont des arches et des moulins qui étaient sur le Grand Pont.

Robert était alors comte de Paris et abbé de Saint-Germain-des-Prés bien qu'il fût marié, cela ne lui suffisait pas ; il voulait la couronne de France ; il gagna à sa cause plusieurs seigneurs et se fit sacrer à Reims le 30 juin 922 ; le roi Charles qui s'était sauvé de l'autre côté de la Meuse marcha contre lui et le tua ; mais craignant le séjour de Paris il repassa la Meuse et ce fut Raoul, duc de Bourgogne, beau-frère de Robert, qui devint roi de France. Il fit enfermer Charles au château de Péronne (il y mourut en 929). Mais Robert avait un fils Hugues, comte de Paris comme son père, Hugues se mit à la tête de quelques Parisiens de bonne volonté et alla ravager les terres que les Normands tenaient en deçà de la Seine.

Pendant ce temps le vicomte de Paris, Thoudon, faisait bâtir (au coin de la rue Constantine et de la rue du Marché-aux-Fleurs), l'église Saint-Pierre-des-Arcis, sur l'emplacement d'une ancienne chapelle qui portait le nom de Saint-Pierre dont on attribuait la fondation à Dagobert. On ne sait guère pour quoi elle fut appelée des Arcis, mais une bulle du pape Innocent II la désigne ainsi Ecctesia Sancti Petri de Arsionibus. Elle fut détruite par un incendie en 1034, rebâtie et érigée en paroisse en 1130 puis de nouveau reconstruite en 1421.

Le portail fut entièrement refait en 1711 sur les dessins de Lachenu. Cette église fut supprimée en1790 ; devenue propriété nationale, elle servit pendant quelque temps de dépôt des cloches destinées à être converties en pièces de monnaie. Les bâtiments furent vendus par l'État le 13 nivôse an V, à la charge par l'acquéreur, disent MM. Louis et Félix Lazare dans leur Dictionnaire des Rues de Paris, de « démolir et de donner passage à la rue projetée à la première réquisition de l'administration. » Il s'agissait de la rue du Marché-aux-Fleurs qui fut ouverte en 1812 (derrière le tribunal de Commerce), l'église avait été démolie en 1800.

Raoul mourut le 15 janvier 936 ; par un de ces revirements si fréquents à cette époque Hugues appela Louis IV, fils de Charles le Simple, à régner. Ce prince qui s'était sauvé en Angleterre fut sacré le 19 juin 936, il est connu sous le nom de Louis d'Outre-Mer. Mais à peine fut-il sur le trône qu'il se brouilla avec Hugues et ne cessa de batailler contre lui. Les annalistes rapportent qu'en 944 un orage si terrible s'abattit sur Paris, et particulièrement sur Montmartre, que toute la montagne en fut ravagée, l'église et une maison qui l'avoisinait abattues, les vignes déracinées, les blés et les fruits, entièrement perdus.

Les désordres des règnes précédents, les invasions avaient ruiné l'agriculture et le commerce ; en vingt-trois ans, de 850 à 873, on compta quatorze années de famine telle, qu'on vit des hommes se dévorer entre eux. Les années de 896, 899, et 914 ne furent pas moins horribles. Mais à ce fléau épouvantable, vint s'en joindre un nouveau, probablement dû au premier. Le mal des ardents ou feu de Saint-Antoine fit son apparition à Paris. « Quantité de monde, dit Sauval, tant à Paris qu'aux environs, périt d'une maladie appelée feu sacré ou mal des ardents. »

Ce mal brûlait petit à petit et consumait sans qu'on y pût remédier ; c'était un feu caché qui, dès qu'il avait atteint quelque membre, le détachait du corps après l'avoir brûlé. Souvent l'espace d'une nuit suffisait au mal pour produire un semblable effet. Quelques-uns restèrent privés d'une partie de leurs membres. Si l'on en croit Adhémar de Chabannais, le mal débutait brusquement et brûlait les entrailles ou quelque autre partie du corps qui tombait pièce à pièce après être devenue noire comme du charbon. On l'appelait mal des ardents parce qu'il commençait par un frisson glacial bientôt suivi d'une chaleur ardente.

Les pauvres gens ne savaient rien opposer à ce mal affreux qui les torturait, et ceux qui craignaient la contagion se réfugiaient dans les églises et se jetaient au pied des autels pour implorer la miséricorde de Dieu. « Quelques-uns de ceux qui furent atteints de ce mal, trouvèrent leur guérison auprès des reliques des Saints qu'ils visitèrent en diverses églises. » C'était toujours le remède universel, malheureusement comme les autres manquèrent, nombre de gens périrent.

Louis-d'Outre-mer tomba de cheval et se tua le 40 septembre 914. Lothaire, son fils et successeur, aussitôt qu'il fut sacré, vint à Paris avec sa mère et la ville, sur l'initiative du comte Hugues, lui fit une réception magnifique. A près avoir passé les fêtes de Pâques dans sa capitale le roi partit pour l'Aquitaine. Hugues mourut le 16 juin 956, laissant trois fils dont l'un Hugues dit Capet, fut fait comte de Paris et duc de France, en attendant qu'il en devînt roi.

A Louis d'Outre-mer avait succédé Lothaire III. Sous le règne de Lothaire, vers 965, Salvator, évêque d'Aleth (Saint-Malo), craignant les Normands qui mettaient tout à feu et à sang en Bretagne, apporta les reliques de son église à Paris ; de leur côté, les ecclésiastiques et les moines des évêchés de Bayeux et de Dol éprouvant les mêmes craintes, et les moines de Léon possesseurs du corps de saint Magloire, se réunirent pour entreprendre le même voyage.

Les Parisiens virent arriver chez eux une troupe de religieux porteurs de dix-neuf châsses. Le comte de Paris, Hugues Capet, les reçut et porta toutes ces reliques dans l'église de Saint-Barthélemy, une des plus anciennes églises de Paris dont certaines chroniques attribuent la fondation à saint Denis, mais dont l'origine véritable est ignorée. Ce fut, naturellement l'occasion d'une grande, cérémonie qui eut lieu le 16 octobre.

Après la paix conclue entre le duc de Normandie et le comte de Chartres, les

Louis d'Outremer tomba de cheval et
se tua, le 10 septembre 954.
religieux, redemandèrent leurs reliques, mais Hugues choisit celles qui lui plaisaient et les garda, entre autres le corps de saint Magloire, et il fit ce qu'avait fait Childebert, bâtissant une église pour y placer la croix d'or qu'il avait volée en Espagne ; il imagina de transformer l'oratoire de Saint-Georges situé au milieu d'un cimetière que possédaient les chanoines de Saint-Barthélemy (rue Saint-Denis), en une belle église sous l'invocation de saint-Magloire, dont il avait confisqué que le corps.

Mais en attendant qu'elle fût en état de recevoir les reliques qu'il voulait y placer, elles restèrent déposées dans l'église Saint-Barthélemy, que Hugues avait érigée en abbaye et qui devint paroisse royale en 1138. Au chevet de cette église était l'ancienne chapelle de Notre-Dame-des-Voûtes où l'on entrait par la ruelle du Prieuré fermée en 1315 ; cette chapelle fut renfermée dans l'église en 1525 et prit le nom de Notre-Dame-de-la-Fontaine. On répara avec soin l'église Saint-Barthélemy en 1550, en 1730 et en 1736 ; malgré ces réparations, le roi ordonna en 1772 qu'elle serait entièrement reconstruite.

Le portail était déjà terminé lorsque la révolution de 1789, vint en arrêter les travaux. Devenue propriété nationale en 1790 elle fut vendue le 12 novembre 1791. Sur son emplacement fut bâti le théâtre de la Cité et ouvert deux passages dont l'un prit la dénomination de passage de Flore. Le théâtre de la Cité, devenu la salle des Veillées, puis des francs-maçons, se transforma en bal public : le Prado. Bal, passages, tout cela a été démoli en 1860 pour faire place au tribunal de Commerce.

En 1138, les religieux de Saint-Bathélemy se trouvant à l'étroit dans leur église de la Cité la quittèrent pour venir s'installer dans celle de Saint-Magloire. Le roi Louis le Gros donna à ces religieux un pressoir et un arpent de vigne à Charenton, deux arpents de terre au lieu appelé Mille Pas et douze marcs d'argent pour recouvrir leur châsse de Saint-Magloire. Ils étaient en 1412 propriétaires de beaucoup de terrain à Paris et ils promirent à la ville de bâtir le pont Notre-Dame et de construire des maisons dessus. En 1572, Catherine de Médicis qui avait besoin de l'église Saint-Magloire pour y installer les religieuses pénitentes, pria les religieux de chercher un gîte ailleurs. Ils allèrent occuper l'hôpital de Saint-Jacques du Haut Pas.

Ce fut dans le monastère de Saint-Magloire que se trouvait le mausolée d'André Blondel, contrôleur général des finances. Mais ce personnage n'était pas enterré là, il avait voulu être inhumé chez les filles pénitentes alors que ces religieuses occupaient l'hôtel d'Orléans (depuis hôtel de Soissons, Halle aux blés). Sa veuve honora sa sépulture d'un mausolée dû au ciseau de Ponce ; lorsqu'elles allèrent s'installer à Saint-Magloire, elles laissèrent les restes de Blondel à l'hôtel d'Orléans, mais elles eurent soin, d'emporter le mausolée de bronze qui fut, lors de la démolition de l'église, survenue après 1789, transféré au musée des monuments français.

Nous aurons à reparler des filles de Saint-Magloire, établies en communauté sous le nom de filles repenties et qui subsistèrent jusqu'à la révolution de 1789. Pierre, abbé de Saint-Magloire, avait obtenu en 1128 du roi Louis VI le droit de pêche et la justice sur les pêcheurs depuis la pointe de l'île Notre-Dame jusqu'au Grand-Pont et personne n'avait le droit de prendre même une ablette dans cet espace de rivière, sans la permission de l'abbé et des religieux de Saint-Magloire.

Hugues, remarquant que le relâchement qui s'était établi dans les cloîtres provenait de ce que depuis longtemps les abbayes étaient gouvernées par des abbés laïques, voulut couper court à cet abus en renonçant pour sa part au titre d'abbé de Saint-Germain-des-Prés et de Saint-Denis. Deux abbés réguliers, choisis par leur communauté, prirent sa place. Au reste, Hugues Capet allait bientôt avoir à s'occuper de soins plus importants. Paris allait être attaqué par de nouveaux ennemis des Allemands ! et il était bon que son comte prît toutes les mesures nécessaires pour défendre la capitale. Jusqu'alors la guerre se passait loin de France. Lothaire ravageait la Lorraine et l'Allemagne, il s'était promis d'entrer à Aix-la-Chapelle et d'y surprendre l'empereur Othon, il tint parole.

Ce prince dînait tranquillement dans une des belles salles de son palais d'Aix-la-Chapelle, en compagnie de l'impératrice sa femme, lorsque Lothaire, roi de France, qui avait à se plaindre d'Othon, entra dans le palais comme un obus, menaçant de faire tout sauter autour de lui. Othon n'eut que le temps de s'enfuir. Lothaire se mit alors à table, mangea le dîner servi pour l'empereur, le trouva fort de son goût et demeura plusieurs jours à festoyer dans la résidence impériale. Mais un héraut vint interrompre cette petite fête en lui annonçant que l'empereur se proposait de lui rendre très prochainement sa visite.

Il tint parole, et se fit accompagner par soixante mille soldats, qui, après avoir ravagé la Champagne et le Soissonnais, vinrent camper le Ier octobre 978 sur les hauteurs de Montmartre, où pour rendre politesse pour politesse, il avait promis de chanter un alléluia, en échange du dîner mangé. C'était encore Paris qui allait payer les frais de ces deux bravades. Des milliers de clercs entonnèrent le cantique pascal et,à chaque verset, toute l'armée répétait en chœur l'alléluia. Les Parisiens furent d'abord très surpris, mais cela ne les empêcha nullement de se préparer à défendre leur chère ville. Hugues Capet se mit bravement à la tête de ses troupes et soutient les assauts redoublés que pendant trois jours Othon livra à Paris.

Comprenant enfin, qu’il perdait son temps, l'empereur d'Allemagne se décida à retourner chez lui, après s'être avancé un jour presque sous les murs de la ville et avoir planté sa lance dans la porte. Pendant ce temps, ses troupes tentaient d'incendier les faubourgs, dont plusieurs maisons devinrent la proie des flammes.
Cette satisfaction donnée à son amour-propre, il allait se retirer, lorsque les Parisiens sortant en foule, le mirent en fuite avec toute son escorte et lui tuèrent son neveu. Il battit vivement en retraite et ne s'arrêta que sur les bords de l'Aisne, où il trouva une armée que Lothaire avait réunie à la hâte. Il voulut passer malgré elle. Mais il fit d'inutiles efforts pour se frayer un passage et il subit de telles pertes, qu'il ne ramena pas en Allemagne le sixième de son armée. Les Parisiens étaient vengés.

Lothaire conclut la paix avec l'empereur d'Allemagne à qui il céda la Lorraine et mourut le 2 mars 986. Le roi Louis V, son successeur, régna quinze mois et mourut le 22 juin 987. Ce fut le dernier roi de la race de Charlemagne.

 


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