Histoire de Paris
Cette rubrique vous livre l'histoire de Paris et de ses arrondissements. Origine, évolution, de la capitale de la France. Pour mieux comprendre la physionomie du Paris d'aujourd'hui, plongez-vous dans les secrets de son passée.
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HISTOIRE DE PARIS
(D'après Paris à travers les âges, histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu'à nos jours, paru en 1879)

Notre-Dame-des-Champs. – Robert le Pieux. – L'Hôtel-Dieu. – L'anneau de paille. – Saint-Martin-des-Champs. – Deux saints Denis. – Le prévôt de Paris. – Le roi voleur. – Les relevailles de Guillaume. – Les serfs de l'église. – Les écoles. – Les pourceaux. – L'abbaye de Montmartre. – Les halles. – Sainte Geneviève des Ardents. – L'assassinat du prieur. – Combats à outrance. – Les champions. – Les fortifications. – La grande boucherie. – Les Templiers. – Saint Nicolas et les mariniers. – Le roi battu. – Les deux têtes de sainte Geneviève. – Les Hospitaliers de Notre Dame de Paris.

Hugues Capet avait été sacré à Reims le 3 juillet 987 ; ce fut à la faveur de la protection qu'il leur accorda qu'en 995 les religieux de Marmoutiers s'installèrent dans l'église Notre Dame des Champs.

« Sous la domination romaine, lit-on dans le Dictionnaire des rues de Paris, on voyait sur la hauteur où commencent aujourd'hui les rues du faubourg Saint Jacques et d'Enfer un vaste terrain nommé le Champ des Sépultures ; sous la seconde race une église qui prit le titre de Notre Dame des Champs ou des Vignes fut bâtie en cet endroit. Plusieurs historiens ont pensé qu'elle remplaça un oratoire dédié à saint Michel. »

En effet, ce fut Hugues Capet qui agrandit cet oratoire de façon à pouvoir y loger des moines du couvent bénédictin de Marmoutiers et qui l’érigea en prieuré.

Au commencement du XIVe siècle la fondation du collège de Marmoutiers réduisit le nombre des religieux, mais la communauté continua à occuper le prieuré jusqu'au 17 octobre 1604, époque à laquelle six religieuses carmélites prirent possession de l'enclos et des bâtiments du prieuré de Notre Dame des Champs. L'église fut alors richement ornée de précieux objets d'art, des peintures de Philippe de Champagne décoraient la voûte ; un crucifix de grand prix ornait l'autel supporté par quatre grosses colonnes.

Le tableau de l'Annonciation qui le surmontait était de Gui de Bologne. Sous chaque fenêtre de l'église il y avait de magnifiques tableaux ; les sept de gauche étaient signés La Hire le Brun, et Stella ; du côté droit il y en avait six de Philippe de Champagne. Sur un piédestal se trouvait la statue en marbre blanc du cardinal de Bérulle due au ciseau de J. Sarrazin.

Là furent inhumés la princesse de Longueville, la duchesse de Nevers, la duchesse d'Aiguillon, et nombre d'autres personnages de haut rang. Ce fut là aussi que vinrent volontairement se retiré Mademoiselle de la Vallière et madame de Montespan.

La communauté fut supprimée en 1790 ; les bâtiments et terrains qui occupaient une superficie de 17, 548m, 22 devinrent propriété nationale et furent vendus le 8 thermidor an V. La rue du Val-de-Grâce fut ouverte sur cet emplacement en 1807.

Hugues Capet mourut en 996, le 23 octobre, et Robert II (le Pieux) lui succéda.

Le premier soin du nouveau roi fut de faire rebâtir l'église de Saint Germain l'Auxérrois et l'église et le monastère de Saint Germain des Prés, qui avaient, été détruits par les Normands.

Le portail de Saint Germain l'Auxérrois élevé par les ordres du roi Robert II ayant

On voyait un anneau qui servait aux criminels pour
réclamer le droit d'asile. La justice s'arrêtait au moment où
le criminel venait d'y passer le bras. Il était inviolable.
été reconstruit sous le règne de Philippe le Bel, le porche ne datant que de celui de Charles VII et de nombreuses autres réparations ayant constamment modifié l'aspect de l'édifiée, nous en donnerons la description plus loin.

Il en est de même pour Saint Germain des Prés ; l'église et le monastère furent rebâtis en l'an 1000 par l'abbé Morard, aidé des libéralités du roi Robert ; et le pape Alexandre III ne fit la dédicace de la nouvelle église que le 21 avril 1161. Enfin l'abbé Eudes fit bâtir un nouveau cloître vers 1227 et le réfectoire et les murs de l'abbaye furent construits par Sinion, en 1237. Hugues d'Issy, qui remplaça Eudes, fit bâtir la chapelle de la Vierge, qui était située à côté de l'église ; sa description sera donnée lorsque nous parlerons de la reconstruction du palais abbatial qui date de 1605.

Robert II, par un diplôme de 997 confirma aussi les donations qui avaient été faites aux chanoines de Sainte-Geneviève et les augmenta ; en 1190 l'église n'était pas encore achevée d'être rebâtie, mais dès la fin du IXe siècle elle portait le nom de la patronne de Paris. On voyait encore au commencement du XVIII siècle, vers le haut du pignon de Sainte-Geneviève un anneau de fer de grande dimension. Il était scellé dans une pierre qui représentait une tête d'animal ; cet anneau qui au moyen âge était attaché à la grande porte de la basilique, servait aux criminels qui venaient réclamer le droit d'asile ; la justice s'arrêtait au moment où le poursuivi saisissait l'anneau de la grande porte et y passait le bras. Il devenait alors inviolable.

Le même roi fit aussi bâtir dans son palais une chapelle dédiée à saint Nicolas qui en 1154, entièrement restaurée, devint la Sainte-Chapelle.

On le voit, le roi Robert méritait le nom de pieux qui lui fut donné ; il était fort assidu aux divins offices et se faisait suivre par un grand nombre de pauvres qu'il nourrissait, et auxquels il lavait les pieds, ce qui ne l'empêcha pas d'être excommunié ; on sait qu'il avait épousé sa cousine Berthe, que son mariage fut déclaré nul par le pape Grégoire V et que la sentence l'obligea de se séparer d'elle.

Or, Berthe était enceinte, Robert II aimait sa femme, il résista, et l'on vit alors non seulement le peuple, mais les gens de la cour fuir le roi. Comme s’il eut été pestiféré, il ne lui resta que deux domestiques, encore faisaient-ils passer par le feu pour les purifier les plats et les vases dans les quels il avait mangé et bu.

Un matin qu'il était allé selon sa coutume dire ses prières à la porte de l'église Saint-Barthélémy dans laquelle il lui était défendu d'entrer, Abbon, abbé de Fleury suivi de deux femmes du palais qui portaient un grand plat de vermeil couvert d’un linge, l'aborda et lui annonça que Berthe venait d'accoucher. Puis découvrant le plat :

– Voyez, lui dit-il, les effets de votre désobéissance aux décrets de l'église et les sceau de l'anathème sur le fruit de vos amours.

Robert II jeta les yeux sur le plat et recula d'horreur. Il venait d'apercevoir un monstre qui avait le cou et la tête d'un canard.

Berthe fut répudiée.

D'où venait le canard ? Pierre Damien et Remuald, qui racontent le fait, se gardent bien de nous l'apprendre.

Robert II, après avoir songé aux églises, pensa aussi à restaurer son palais, très endommagé par les différents sièges qu'il avait subis.

Ce fut alors qu'il fit agrandir cette royale demeure en y ajoutant le bâtiment de la Conciergerie, affecté à la résidence du concierge du palais.

Celui qui exerçait ces fonctions et qu'on trouve parfois désigné sous le nom de comte du Cierge, était un capitaine qui faisait exercer par les baillis toute justice et seigneurie basse et moyenne. Il jouissait de privilèges et de redevances déterminés. Entre autres droits, il avait celui de voirie dans la rue de la Calandré, et de chantelage du vin et de l'avoine, c'est-à-dire que sur chaque tonneau de vin un impôt de quatre deniers d'argent était levé à son profit, ainsi que sur chaque muid d'avoine.

Jusqu'à la fin du XIe siècle, ce poste eut une grande importance. La juridiction du concierge du palais s'exerçait, outre l'enceinte du palais, dans le faubourg Saint Jacques, à Notre-Dame des Champs et dans le fief de Saint-André.

Mais peu à peu, il s'amoindrit et Louis XI réunit les fonctions de concierge avec celles de bailli pour les donner à son médecin Jean Coictier.

Enfin, en 1712 le Châtelet connut des causes qui étaient autrefois du ressort du concierge. Ce fut en 1006, sous le règne de Robert, que Jean Rainauld II, soixante et unième évêque de Paris, céda la moitié, de l'hôpital Notre-Dame à son chapitre qui possédait déjà l'autre, (ce nom de Notre-Dame était donné parfois à l'hôpital Saint-Christophe ou Hôtel-Dieu).

Nous avons dit que saint Landry allait institué une sorte de maison hospitalière dans le monastère de Saint-Christophe ; plus tard, sur les ruines de ce monastère, fut élevé l'Hôtel-Dieu desservi par des frères qui lavaient les pieds aux pauvres, avant l'institution du Mandé (lavement des pieds à Notre-Dame le jeudi saint) qui ne date que du XIIe siècle.

L'Hôtel-Dieu existait sous le règne de Charlemagne, mais la première mention qu'on en trouve remonte au règne de Louis le Débonnaire, en 829.

Sa concession faite par Jean Rainauld en 1006 fut confirmée par bulle du pape en 1007. Depuis lors les chanoines y eurent toute juridiction temporelle et spirituelle, à la réserve néanmoins de la chapelle dont le chapitre ne devint propriétaire qu'en 1097.

Destiné dès son origine, à recevoir les pauvres sans asile, les voyageurs pèlerins et les malades qu'on y accueillait temporairement. Selon que le comportait l'étendue de son pourpris, l'Hôtel-Dieu semble n'avoir reçu exclusivement les pauvres malades qu'à une époque déjà éloignée de ses premiers temps et alors que les rois eurent donné avec l'appui de leur pouvoir et de leurs richesses, joint au produit des aumônes publiques ou privées, la possibilité de permettre un séjour plus prolongé à ces malades, en raison de ce qu'exigeait leur état.

Cette heureuse transformation ne put s'accomplir qu'à la suite d'un grand nombre de dispositions dont l'Hôtel-Dieu fut l'objet et qui sont consignées dans le cartulaire de l'église de Paris.

M. Troche dans sa notice sur le sceau de l'Hôtel-Dieu, en cite deux ; c'est d'abord un statut capitulaire de 1168, sous le règne de Louis VII et l'épiscopat de Maurice de Sully, surnommé le Père des pauvres, portant que tout chanoine en mourant ou renonçant à sa prébende devra laisser à l'hôpital Notre-Dame situé devant la porte de l'église, un matelas, un oreiller et des draps pour l'usage des pauvres et que si le chanoine ne demeurait pas à Paris, ou n'y possédait pas un lit de la valeur de vingt sous, il serait pris sur ses biens la valeur des objets désignés.

Puis ensuite, le legs de deux maisons fait vers 1199, sous le règne de Philippe-Auguste, aux pauvres du même hôpital par Adam, clerc du roi, à la condition que le produit de ces maisons serait employé à procurer aux malades le jour de son anniversaire et les jours suivants, s'il y avait un reste, toutes les espèces d'aliments dont ils auraient envie et dont il serait possible de s'approvisionner.

L'église Saint-Christophe fut cédée au chapitre en 1097 par Guillaume de Montfort, soixante-sixième évêque de Paris, mais elle en fut distraite trois siècles plus tard, et ce fut un banquier ou changeur et bourgeois de Paris nommé Oudart de Maucreux qui eut la générosité de faire construire pour l'Hôtel-Dieu une chapelle (qui conserva, le vocable de Saint-Christophe) dans un angle des bâtiments de l'hôpital.

Ce charitable bourgeois qui mourut à Paris en 1385, fit encore d'autres libéralités à l'hôpital, et une inscription placée dans la chapelle les rappelait.

Cette chapelle était gothique en 1792, elle servit de magasin où on recueillait et vendait le vieux linge pour le convertir en papier. En 1802-1803 ; elle fut démolie avec les maisons adjacentes, pour régulariser le parvis et démasquer la partie gauche du portail occidental de la basilique métropolitaine.

L'orgue qui était un quatre pieds, fut acheté par Mme Vve Bruslée qui le fit transférer dans l'ancienne église du noviciat des Jésuites, aujourd'hui paroisse Saint-Louis-Saint-Paul où il est encore.

Pendant de longues années, le service des pauvres de l'Hôtel-Dieu fut fait par des religieux et des religieuses qui faisaient voeu d’obéissance, de charité et de pauvreté et prénaient l'engagement de ne sortir, soit pour le service du roi, soit pour celui de la reine qu'avec la permission du chapitre.

En 1325, il fût alloué deux cents livres parisis pour la reconstruction de l'infirmerie et du réfectoire des soeurs de l'Hôtel-Dieu et ordonné en même temps que les porcs ne seraient plus nourris dans l'hôpital, mais dans une de ses dépendances situées, hors la ville.

Mais nous aurons longuement à revenir sur cet important et utile établissement. Continuons l'ordre à peu près chronologique. Robert mourut le 20 juillet 1031.

Les dernières années du règne de Robert et toutes celles du règne, de son fils Henri, furent bien mauvaises pour les Parisiens.

Le mal des ardents, la famine, la peste et le feu les signalèrent. Ce fut une misère épouvantable pour la population. Depuis 1021 jusqu'à 1060, on eut quarante années de fléaux.

Particulièrement celles de 1027, 1028 et 1029 furent signalées par l'intensité de la famine qui fut si grande et si générale dans toute la France qu'elle fut souillée d'anthropophagie. En 1031, les hommes, forcés de se nourrir de chiens, de souris, de cadavres, de racines d'arbres, d'herbes de rivières mouraient par milliers.

Sur les routes on arrêtait les voyageurs et on les égorgeait pour les dévorer ensuite ; on alla jusqu'à mettre de la chair humaine en vente dans les marchés. A Paris, on ne voyait que gens au visage pâle, décharné, qui se traînaient misérablement dans les rues en implorant la charité, impuissante à soulager tant de misères.

Ce fut une période bien sombre que celle là et les malheureux sans pain, minés par la maladie, désespérés, devenus impropres par leur faiblesse à tout travail, s'en allaient chercher un refuge dans les églises, où ils s'entassaient, en attendant que Dieu changeât leur triste condition par un miracle.

Mais le miracle ne venait pas et c'était la mort qui fauchait en plein dans ce peuple en proie à toutes les douleurs, à toutes les privations et qui osait à peine se plaindre dans la crainte de s'attirer de mauvais traitements, de la part de ceux qui, en s'érigeant leurs maîtres, ne songeaient pas même qu'ils devaient au moins subvenir à leurs plus pressants besoins. Mais qu'était alors la vie d'un misérable !

En 1034, un incendie terrible vint détruire une partie de la ville.

En 1035, la famine fut accompagnée d'une sorte de peste qui faisait mourir les gens comme des mouches. Hélas ! Pour beaucoup c'était une délivrance. Et

L'intensité de la famine était si grande, qu'on
allait déterrer les cadavres pour s'en nourrir.
comme si ce n'était pas assez de ces calamités, les troubles politiques vinrent encore s'ajouter aux malheurs publics.

Lorsqu'en 1031 Henri Ier succéda à son père au trône de France, les Parisiens se divisèrent en deux factions, l'une tenait pour lui, l'autre pour son frère Robert ; le roi fut obligé de se réfugier à Fécamp, où se trouvait le duc de Normandie et de lui demander aide et protection qui lui furent accordés.

Henri Ier put donc marcher contre les rebelles qui se soumirent ne pouvant faire autrement. Paris progressa peu sous un pareil règne.

Une église et un monastère sont les seuls monuments qui furent édifiés ; l'église ce fut dans la cité Sainte Marine. Cette église fondée vers 1036 a une origine assez curieuse que rapporte l'auteur des Curiosités de la Cité de Paris : une jeune vierge appelée Marine, résolut d'embrasser la vie monastique ; elle prit un habit d'homme et entra dans un couvent, où elle se fit nommer frère Marin.

L'office ordinaire de frère Marin était d'aller aux provisions à la ville, avec un chariot traîné par des boeufs et il passait souvent la nuit dans la maison du seigneur de Pandoche, dont la fille devint grosse par le fait d'un soldat. Forcée par ses parents d'avouer l'auteur du crime, elle accusa frère Marin qui se laissa chasser du couvent pour conserver son secret, garda l'enfant qu'on lui remit, le nourrit, comme s'il eut été le sien ; les moines touchés de ses malheurs, lui permirent de rentrer au monastère. On ne reconnut la vérité qu'à la mort de cette fille qui fut inhumée avec pompe, et mise au rang des saintes.

Probablement, ce fût en raison de tout ceci que dans l'église Sainte Marine on célébrait les mariages forcés par ordonnance de l'official de Paris. Lorsqu'il était prouvé que deux concubins vivaient ensemble, on les forçait à se marier et le curé de Sainte Marine leur passait au doigt un anneau de paille.

François Miron, lieutenant civil, fut inhumé en 1609 dans cette église qui, sous le premier empire, fut convertie en une raffinerie de sucre ; elle fut occupée par un teinturier, puis en ces derniers temps par un menuisier. Lors des démolitions qui eurent lieu dans la rue d'Arcole on trouva sous cette maison portant le n° 73, élevée sur les fondations de cette église, le sarcophage de François Miron ; toutefois l'épitaphe était effacée et on ne retrouva aucun insigne de sa charge, pas même ses armoiries, mais les membres de la commission des Beaux-Arts ont déclaré que c'était bien le corps du grand édile parisien et ses restes furent descendus dans les caveaux de Notre-Dame.

Le monastère fondé par Henri Ier fût celui de Saint Martin des Champs réédifié sur les ruines de l'abbaye de ce nom, incendiée parles Normands. Ce monastère un des plus considérables et des plus célèbres de Paris, reçut des fonds de terre importants, ainsi que d'autres revenus, droits, privilèges et exemptions. Il ne fut achevé que sous Philippe Ier, fils et successeur d'Henri Ier ; il fut d'abord habité par des chanoines qui firent place à des moines de Cluny, ce qui fit descendre l'abbaye au rang de prieuré, on l'appela la troisième fille de Cluny.

Les bâtiments furent entourés de murailles et de tourelles. Leprieur et les moines étaient seigneurs hauts justiciers dans leur enclos, qui formait une sorte de village placé en dehors de Paris et d'une contenance de 14, 000, mètres. Les divers rois de France qui se succédèrent firent des donations considérables à ce prieuré dont le duc de Richelieu fut prieur en 1633 ; il rapportait 45 000 livres de rente au titulaire et lui donnait la collation de vingt-neuf autres prieurés, la nomination de plusieurs vicaireries et le droit de pourvoir à une soixantaine de cures ! La baronnie de Noisy-le-Grand appartenait aux religieux ainsi qu'une grande quantité de terres seigneuriales.

En 1702, l'ancien cloître fut démoli et on le reconstruisit, il ne fut achevé qu'en 1720. Le principal corps de bâtiment avait trente et une croisées de face et le vestibule mesurait 30 pieds de roi sur 36, néanmoins toute cette magnificence n'était qu'apparente ; il paraît que sans scrupule, les entrepreneurs et le charpentier chargés de la construction, s'entendirent pour voler les moines, l'un en n'employant que de la terre et des gravois recouverts par des pierres plates ; et le charpentier, « qui avait dessein de quitter sa profession » en ne fournissant que du vieux bois dont il voulait se débarrasser.

Cependant ce dernier eut des remords, il confessa sa faute et celle de son complice et offrit de rabattre 25,000 livres sur sa note. Il fallut recommencer une partie des travaux. Mais les religieux pouvaient faire cette dépense. Ils firent construire de grandes et belles maisons sur la rue Saint-Martin, une fontaine au coin de la rue du Vert-Bois, et ouvrirent un marché public.

Des sépultures de grands personnages devaient naturellement se trouver dans un pareil monastère ; Guillaume Postel, le savant, Philippe de Morvillier, premier président du parlement de Paris, et sa femme Jeanne du Drac, ainsi que son fils Pierre, chancelier de France, y furent inhumés.

Sur une table de marbre noir, on lisait une fondation faite par la famille de Morvillier, en 1420. Parmi les charges et conditions imposées à cette fondation, on remarque celle-ci :

« Item. Chacun an la veuille Saint-Martin d'hyver,. lesdits religieux, par leur maire et un religieux doibvent donner au premier président du parlement, deux bonnets à oreilles, l'un double et l'autre sengle (simple, sans ornement, ni fourrure), en disant certaines paroles et au premier huissier du parlement ungs gands et une escriptoire en disant aussi certaines paroles et doivent estée, lesdits bonnets, du prix de vingt sols parisis et lesdits ends et escriptoire de douze sols parisis. »

De plus ces cadeaux devaient être présentés avec un compliment spécial.

Le grand autel de l'église fut refait sur les dessins de Mansard ; des tableaux de Restout, Cazes, Lemoine ; Vanloo, Jouvenet, Pourson, Morftague, Poillé, Louis Silvestre, la décoraient. Une fort belle bibliothèque, contenait des livres et des manuscrits précieux.

Supprimé en 1790, ce monastère servit de puis aux bureaux de la mairie du VIe arrondissement, et le Conservatoire des Arts et Métiers s'élève aujourd'hui sur son emplacement.

Ce fut aussi sous le règne d'Henri Ier, qu'eut lieu l'ouverture de la châsse de saint Denis, voici à quelle occasion : Le pape Léon IX étant à Ratisbonne, visita dans l'église de Saint-Emmeran une châsse de saint Denis en présence de l'empereur et de deux ambassadeurs français, et ces personnages reconnurent que cette châsse contenait bien le corps du saint.

De retour à Paris, les ambassadeurs rapportèrent le fait au roi Henri qui se refusa à croire que le saint Denis qu'on conservait dans l'abbaye de ce nom n'était pas le vrai, et désireux de le prouver, il convoqua ses barons et présida solennellement en présence d'une grande quantité de fidèles venus de Paris, à l'ouverture de la fameuse châsse ; et lorsqu'on l'ouvrit, il s'en échappa, au dire de la chronique, une si excellente odeur, qu'on décida à l'unanimité que seuls les restes d'un saint pouvaient sentir si bon.

Philippe en succédant à son père en 1060, n'avait que huit ans ; l'histoire de Paris, pendant les vingt premières années de ce règne, offre peu d'événements saillants, sinon que pendant les années 1060, 1061 et 1062, une maladie contagieuse produite par la famine, fit de terribles ravages dans la capitale.

Un fait important qui se produisit à cette époque fut l'établissement de la magistrature prévôtale remplaçant celle du vicomte de Paris. Quelques auteurs en font honneur à Philippe ; ils se trompent, car une charte de 1060, donnée en faveur des religieux de Saint Martin des Champs, porte déjà la signature d'Étienne, prévôt de Paris. Cette institution remonterait donc au règne de Henri Ier, Piganiol de La Force croit même qu'on la doit à Hugues Capet.



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