Monuments, édifices de Paris
Cette rubrique vous narre l'origine et l'histoire des monuments et édifices de Paris : comment ils ont évolué, comment ils ont acquis la notoriété qu'on leur connaît aujourd'hui. Pour mieux connaître le passé des monuments et édifices dont un grand nombre existe encore.
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LE PALAIS DE L'INSTITUT
(D'après Paris, 450 dessins inédits d'après nature, paru en 1890)

Le cardinal Mazarin, n'ayant pu exécuter lui-même le projet qu'il avait formé d'établir un collège en faveur de soixante jeunes gentilshommes ou principaux bourgeois des pays nouvellement conquis par la couronne de France, ordonna

Le palais de l'Institut et le pont des Arts
par son testament du 6 mars 1661 que, sous le bon plaisir du roi, il serait fondé un collège, au titre de collège Mazarin, pour soixante gentilshommes ou bourgeois des territoires de Pignerol, d'Alsace et pays d'Allemagne, de Flandres et Roussillon ; de là le nom de collège des Quatre-Nations, différentes des Quatre-Nations de l'Université de Paris. Il en rédigea lui-même les statuts et lui légua sa bibliothèque, avec 45,000 livres de rente sur l'Hôtel de Ville, plus le revenu de l'abbaye de Saint-Michel en Herm et 2 millions de livres en argent.

Le cardinal mourut trois jours après avoir dicté son testament aux notaires Le Vasseur et Le Foin. Sa volonté fut accomplie par ses exécuteurs testamentaires, MM. de Lamoignon, Fouquet, Le Tellier, Ondedei et Colbert. Ils achetèrent à cet effet le Petit Nesle, les fossés et remparts le long de la rue des Fossés, qui devint la rue Mazarine, et un lot de terrain compris entre la rue Mazarine, la rue de Seine, le quai et la petite rue de Nesle. Ce lot présentait la forme d'une butte, qui avait longtemps servi aux exercices des archers de la ville ; on avait fini par y bâtir dix maisons qui furent expropriées.

Sur l'espace ainsi rendu libre de l'est à l'ouest, Le Vau, premier architecte du roi, dessina l'édifice du collège, que continuèrent et terminèrent après lui les

Feu de joie en face du Palais de l'Institut
architectes Lambert et d'Orbay. La façade présente un avant-corps central surmonté d'un dôme qui relie à deux pavillons terminaux une galerie concave d'un effet pittoresque et théâtral emprunté à quelques monuments d'Italie. Le pavillon oriental est bâti sur l'emplacement de la tour de Nesle, et le pavillon occidental sur la butte, en dehors des anciens fossés. Celui-ci intercepte la rue Mazarine, qui débouchait autrefois sur la berge de la Seine, où se trouvait un port appelé du Passeur, parce qu'on y passait la Seine sur des bateaux.

L'avant-corps est décoré d'un ordre corinthien, servant de portail à une chapelle surmontée d'un dôme flanqué de pilastres composites et terminé par une lanterne dorée. Le mausolée de Mazarin, chef-d'œuvre de Coysevox, occupait une petite chapelle à droite du maître-autel. Les destinées du collège Mazarin furent aussi précaires et aussi troublées que celles des demeures voisines. La Révolution en fit d'abord, vers 1791, le collège de l'Unité, puis le supprima en 1793 et confisqua sa dotation. Le palais devint à la fois une prison et un lieu de séance pour le Comité central de salut public.

Plus tard, on y établit une école normale ; enfin, le Consulat, par décret du 11 octobre 1801, en fit le palais des Beaux-Arts, au profit des artistes peintres et sculpteurs qui, sous la monarchie, avaient leurs logements et leurs ateliers au Louvre, ainsi que leurs salles d'enseignement. La transformation des services de l'ancien collège, l'achèvement des bâtiments et des cours intérieures furent

Un pavillon de l'Institut et l'entrée de la rue de Seine
confiés à l'architecte Vaudoyer. Ce n'était que l'avant-dernière de ses transformations. Un décret du 26 ventôse an XIII (17 mars 1805) affecta le palais des Beaux-Arts à l'Institut de France.

L'entrée principale du palais est située à gauche de l'avant-corps central et donne accès dans une cour octogonale ; à droite et à gauche, deux portiques élevés sur de hauts perrons et ornés de colonnes corinthiennes donnent accès, le premier à la salle des séances solennelles installée sous le dôme de l'ancienne chapelle, le second à la Bibliothèque Mazarine.

Le vestibule qui précède la salle des séances est décoré des statues de d'Alembert, de Montaigne, de Montesquieu, de Molé, de La Fontaine, de Pascal, de Corneille, de Racine, de Molière, du Poussin et de Montausier. La salle des séances ne renferme plus le mausolée de Mazarin, que possède aujourd'hui le Louvre ; mais les restes du fondateur de la maison demeurent enterrés profondément au-dessous et au centre du dôme. Dans cette enceinte, rendue demi-circulaire par une cloison, à laquelle s'appuient l'estrade présidentielle et les rangs de sièges réservés aux académiciens, vient s'entasser, aux séances annuelles où l'on distribue les prix de vertu et les récompenses accordées aux écrivains et aux artistes par de nombreuses fondations, mais surtout aux réceptions des nouveaux académiciens, l'élite de la société parisienne.

Rien ne la rebute, ni la raideur des escaliers, ni l'obscurité des dégagements, ni l'exiguïté des places, ni la chaleur d'une atmosphère confinée. Pendant la

Le Pont des Arts et le Palais de l'Institut
semaine qui précède les séances recherchées, on se dispute les entrées comme pour les plus brillantes premières représentations des théâtres ; ici l'argent ne peut rien, et l'influence sociale se mesure à son succès auprès des secrétaires perpétuels, des académiciens, ou de l'aimable dynastie des Pingard, qui, depuis trois générations, est chargée du secrétariat de l'Institut.

Le péristyle de gauche donne accès au pavillon entièrement consacré à la Bibliothèque Mazarine, située au premier étage d'un bel escalier dont la cage circulaire est enveloppée par d'élégantes colonnes. Les salles de cette bibliothèque, l'une des plus considérables de Paris, se suivent en équerres, éclairées les unes par les fenêtres du quai Conti, d'autres par les fenêtres latérales du côté de l'orient. Les dégagements et le cabinet du conservateur prennent jour sur la cour octogonale. Le fonds principal en est formé des 30,000 volumes, légués par le cardinal, avec les armoires et les boiseries sculptées qui les contenaient dans la galerie de son hôtel le long de la rue de Richelieu.

La Révolution, qui confisqua le collège, augmenta la Bibliothèque de 50,000 volumes confisqués eux-mêmes un peu partout. Elle comprend au XIXe siècle plus de 200,000 volumes imprimés, dont 1,700 incunables et 6,000 manuscrits. Elle renferme, entre autres meubles précieux, deux pendules de la plus grande beauté, deux commodes de Boule, l'écritoire en marbre du prince de Condé, etc. Elle contient, en outre, une collection unique en son genre de 80 modèles, exécutés en relief, des monuments pélagiques de l'Italie et de la Grèce, formée par Petit-Radel, l'un de ses anciens administrateurs.

 


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