Monuments, édifices de Paris
Cette rubrique vous narre l'origine et l'histoire des monuments et édifices de Paris : comment ils ont évolué, comment ils ont acquis la notoriété qu'on leur connaît aujourd'hui. Pour mieux connaître le passé des monuments et édifices dont un grand nombre existe encore.
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LE PALAIS DU LUXEMBOURG
(D'après Paris, 450 dessins inédits d'après nature, paru en 1890)

L'année suivante, la Constitution du 5 fructidor an III (22 août 1795) chargea du pouvoir exécutif un Directoire de cinq membres, qu'un décret du 18 septembre installa au palais du Luxembourg. C'est là que, le 1o décembre 1797, le

Façade du Luxembourg sur la rue de Vaugirard
Directoire fêta solennellement le traité de Campo-Formio et le glorieux général qui l'avait imposé à l'Autriche ; c'est là que, deux ans plus tard, le général Bonaparte, devenu Premier Consul en vertu de la Constitution de l'an VIII, succéda aux Directeurs dans leurs appartements du Petit-Luxembourg, tandis que le Sénat conservateur s'installait dans le palais de Marie de Médicis. Il y est resté depuis, quelles que furent ses transformations : Chambre des pairs sous Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe ; de nouveau Sénat impérial en vertu de la Constitution du 17 janvier 1852, et Sénat républicain de par notre dixième Constitution, celle de 1875, actuellement en vigueur. Dans l'intervalle de la neuvième à la dixième, le Luxembourg reçut la Préfecture de la Seine, demeurée sans asile après l'incendie de l'Hôtel de Ville en 1871.

Le plan général du palais construit par Jacques de Brosse consistait en un corps de logis principal, haut de deux étages, et de quatre pavillons carrés formant saillie aux quatre coins sur les quatre façades.

Des deux pavillons donnant sur la cour d'honneur se détachaient, alors comme aujourd'hui, deux ailes formées d'un seul étage au-dessus du rez-de-chaussée, et

Vue de la façade extérieure du Luxembourg
le parallélogramme était fermé du côté de la rue de Tournon par une terrasse ou galerie découverte, au milieu de laquelle se dresse un pavillon orné d'architecture en ressaut, ou corps avancé, enrichi de deux ordres de colonnes l'un sur l'autre : le toscan et le dorique. Ce pavillon est couronné d'un dôme terminé par une lanterne ronde, et accompagné de statues.

Le principal corps d'hôtel présente un avant-corps de trois étages en colonnes à bossages rectangulaires, surmonté d'un fronton demi-circulaire, où deux génies supportent les armes de France. Le centre de ce corps d'hôtel était occupé originairement par un magnifique escalier en forme de coquille ronde et aboutissant à un dôme à l'italienne. L'escalier et le dôme ont été supprimés pour permettre le développement des pièces du premier étage. Ils ont été remplacés par un escalier d'honneur que Chalgrin construisit vers 1804 dans l'aile droite du palais, et qui a supprimé la galerie du premier étage où se trouvaient, encadrés dans les trumeaux des croisées, les vingt-quatre tableaux représentant la vie de Marie de Médicis, peints par Rubens, qui se trouvent aujourd'hui dans la grande galerie du musée du Louvre.

Le palais de Jacques de Brosse se trouva, par la suite des temps, trop petit pour le service de la Chambre des pairs, trop souvent transformée en haute Cour de

La grande façade du Palais sur le jardin
justice pour juger les insurgés et les régicides qui mirent tant de fois en péril la monarchie de Juillet et la personne du roi Louis-Philippe. Les juges du maréchal Ney et des ministres de Charles X virent comparaître devant eux, à la suite des terribles émeutes de 1834, les trois cents accusés du «procès monstre», pour lequel il fallut construire des baraquements en bois contre la façade du jardin, puis Fieschi et ses complices, puis les régicides Alibaud, Lecomte, Henry, Dupoty, Quénisset, sans compter Émile de Girardin, prévenu d'un délit de prés se transformé en attentat. L'architecte, M. de Gisors, chargé en 1836 des agrandissements, prit le parti audacieux d'ajouter au palais la largeur d'une travée et de deux pavillons superposés à la façade primitive du côté du jardin, sur lequel on empiéta de 34 mètres.

Le caractère de l'architecture a été fidèlement respecté ; seulement le grand corps de logis s'est trouvé doublé de profondeur et circonscrit par six pavillons au lieu de quatre. Il mesure 89 mètres de largeur, 22 mètres de hauteur, et les façades latérales présentent chacune 85 mètres de développement, du premier au troisième pavillon. Le développement total latéral depuis le jardin jusqu'à la

Salle des séances du Sénat
rue de Tournon est de 150 mètres. La seule modification apparente que la façade du jardin ait subie, c'est qu'une terrasse qui existait au premier étage a été reportée au second ; l'ancienne terrasse est devenue la grande bibliothèque du Sénat, que décorent les admirables peintures d'Eugène Delacroix, représentant les limbes décrits par le Dante au ive livre de son Enfer. Un petit pavillon en avant-corps s'avance au milieu de la façade, supportant un cadran accompagné de figures sculptées par Pradier et un petit dôme qui ne s'aperçoit pas du côté de la cour, la vue en étant masquée par la coupole du contour de la salle des séances.

Le Sénat siège au premier étage du corps de logis central, dans une salle formée de deux hémicycles ; le plus grand contient les sièges concentriques des trois cents sénateurs, le petit est occupé par le président et les secrétaires ou sténographes.

 


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