Monuments, édifices de Paris
Cette rubrique vous narre l'origine et l'histoire des monuments et édifices de Paris : comment ils ont évolué, comment ils ont acquis la notoriété qu'on leur connaît aujourd'hui. Pour mieux connaître le passé des monuments et édifices dont un grand nombre existe encore.
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NOTRE DAME DE PARIS
(D'après Paris, 450 dessins inédits d'après nature, paru en 1890)

Au milieu du choeur, on remarque un aigle de bronze aux ailes éployées, qui sert au chant des offices canoniaux. L'aigle soutient le chiffre de Marie en caractères d'or et domine un magnifique piédestal en bronze. Un grand nombre de Parisiens voient dans cet aigle un don et un souvenir de Napoléon Ier ; c'est une erreur ; le lutrin de Notre-Dame a été ciselé en 1755 par Duplessis, fondeur du roi, qui a gravé son nom sur la base. Le tapis du chœur, donné par le gouvernement, sort de la manufacture nationale des Gobelins ; enfin deux statues gardent l'entrée du chœur : à droite, celle de Notre-Dame, rapportée de l'extérieur, et qui passe pour la plus ancienne de toute l'église, est l'objet d'une vénération spéciale ; l'autre est celle de saint Denis.

La cathédrale contenait autrefois un grand nombre de monuments funéraires des plus hauts personnages de France, princes, princesses, français ou étrangers, archevêques, etc. Ce sont les iconoclastes officiels du règne de Louis XV et de Louis XVI qui ont violé ces vénérables sépultures ; de 1771 à 1773, ils procédèrent méthodiquement à leur destruction en bouleversant le sol de la nef des collatéraux, du transept et de l'abside pour le repaver en grands carreaux de marbre blanc et bleu. Il ne leur en coûta que trois cent mille livres pour cette belle opération ; les pierres tombales furent sciées et débitées comme pierre

Choeur de Notre-Dame de Paris
brute, quoiqu'elles portassent presque toutes l'effigie gravée en creux des grands personnages qu'elles avaient recouverts.

A regarder, avant de quitter la cathédrale, un très beau calvaire, qui est l'objet d'une piété fervente. Le fond, rehaussé de dorures, supporte un immense crucifix en bronze, œuvre de M. Le Timonier.

Il reste à visiter les sacristies et le Trésor de Notre-Dame. En pénétrant dans le pourtour du chœur par le côté droit, on trouve une première porte qui conduit à la sacristie des messes ou de la paroisse, reconstruite en 1850 sur l'emplacement de l'ancienne, qui, après la démolition des ruines de l'Archevêché, fut reconnue insuffisante pour les besoins du culte. L'édifice actuel, qui date de 1845, renferme un cloître à trois faces, dont les galeries sont en communication directe avec le côté droit du chœur et avec la sacristie du chapitre.

Celle-ci se compose de deux salles réservées au service paroissial, d'une salle capitulaire pour les réunions du chapitre diocésain, composé de quinze chanoines ; d'un vestiaire à leur usage et d'une grande salle consacrée au Trésor. Cette grande salle est éclairée par trois verrières représentant les principaux évêques de Paris, depuis saint Denis et saint Germain jusqu'à Mgr Affre, œuvre de Maréchal de Metz. Les meubles et les vitrines de chêne sont d'un style sévère et pur.

Les reliques et autres objets précieux qui composent le Trésor actuel sont d'une indiscutable authenticité. On les expose au public le vendredi pendant le carême et à l'entrée du chœur pendant la semaine sainte. Une grande partie d'entre elles proviennent de la Sainte-Chapelle, que saint Louis avait bâtie tout exprès pour les recevoir. On y remarque une portion de la vraie Croix, envoyée à Saint-Louis par Baudouin II, empereur de Constantinople. Après avoir été déposée à Saint-Denis par ordre de Louis XVI, puis offerte en 1793 à la Convention nationale par la municipalité de Paris, et portée à la commission temporaire des arts, elle fut rendue en 1804 ; Mgr de Belloy la fit déposer dans le reliquaire de cristal garni de vermeil.

Ce fragment de la vraie Croix a 225 millimètres de longueur, 42 millimètres de largeur et 27 millimètres d'épaisseur. La sainte couronne d'épines que M. Rohault de Fleury estime la plus remarquable relique que possèdent les chrétiens, vient également de Saint-Louis. Elle se compose d'un anneau de petits joncs réunis en faisceau, d'un diamètre de 21 centimètres, reliés entre eux par quinze ou seize attaches de jonc semblables. Un fil d'or consolide les attaches. Il n'y reste plus d'épines, Saint-Louis les ayant réparties entre plusieurs églises. C'est encore le cardinal de Belloy qui eut le bonheur de la transférer au Trésor de Notre-Dame le

Le chevet de Notre-Dame vu du pont Saint-Louis.
dimanche 10 août 1806. Elle est enfermée dans un anneau de cristal en six pièces attachées par des anneaux de bronze doré. L'ancien reliquaire, enlevé à la Sainte-Chapelle par la Commune de 1793, fut rendu à Notre-Dame par Napoléon Ier.

La Croix palatine, ainsi nommée parce qu'elle fut donnée à l'abbaye de Saint-Germain des Prés par Anne de Gonzague de Clèves, princesse palatine, renferme un morceau de bois de la vraie Croix et les lames d'or dont il avait été autrefois revêtu, avec une inscription grecque qui peut se lire à travers une croix de cristal en guise de reliquaire, dont le pied renferme un morceau des clous qui attachèrent Jésus-Christ sur sa croix. Notre-Dame possède un clou tout entier, long de 9 centimètres, sans tête, grossièrement forgé, et dont la pointe méplate est intacte. Il vient de Charlemagne, qui l'avait reçu de l'empereur Constantin V.

Le Trésor de Notre-Dame expose encore un petit coffret avec la croix pectorale et la chaîne de saint Thomas de Canterbury ; le sceau en argent d'Isabelle d'Aragon, femme de Philippe-Auguste ; les bustes de saint Denis et de saint Louis, en argent et pierreries ; la croix de saint Vincent de Paul, qui lui servit à administrer les derniers sacrements au roi Louis XIII ; une mule du pape Benoît XIV ; le ciboire qui servit, dit-on, à donner la communion à Marie-Antoinette ; une vertèbre de Mgr Affre, ses gants, sa barrette, son crucifix et le moule de son visage pris trois jours après sa mort ; le manteau que portait Napoléon Ier à son couronnement, le coussin sur lequel reposa la couronne impériale, et la croix en or massif donnée par lui à Notre-Dame ; le coffre où fut enfermée la sainte ampoule pour la cérémonie du sacre ; la mitre de pierres fines et le missel donnés par Napoléon III à Mlle Sibour pour la célébration de son mariage ; une chapelle en vermeil donnée par le même empereur ; les soutanes ensanglantées de NN. SS. Affre, Sibour et Darboy ; le bénitier donné par Charles X pour le baptême du duc de Bordeaux, etc., etc.

La salle capitulaire est meublée de dix-huit stalles pour les chanoines, une au milieu pour le secrétaire du chapitre, au fond le trône du cardinal-archevêque de Paris.

On le voit, il n'est pas une pierre, pas un vitrail, pas un ornement contenu dans l'église cathédrale de Paris qui ne rappelle un souvenir historique, qui n'éveille un écho du temps passé. Toute l'histoire de France est là, et ce serait la recommencer que d'énumérer ici les événements dont Notre-Dame fut le théâtre. Que de voix éloquentes ont retenti sous ses voûtes depuis saint Dominique jusqu'au Père Lacordaire ! Que de rois y furent couronnés, depuis Henri VI d'Angleterre, détrôné cinq ans plus tard par Charles VII, jusqu'à Napoléon Ier, couronné par le pape Pie VII ! C'est dans la cathédrale de Paris que le dernier Te Deum fut chanté pour les victoires des armes françaises en 1859.


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