Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places, quartiers de Paris : comment ils ont évolué, comment ils sont devenus le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places, quartiers de Paris dont un grand nombre existe encore.
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RUE DU BOULOI
Ier arrondissement de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, par Charles Lefeuve, paru en 1875)

Notice écrite en 1858. Précédemment rue du Bouloir. En 1359, rue aux Bulliers ou rue aux Boulliers, dite cour Bazile. Origine du nom : Altération du nom d'un ancien hôtel.

Les Carmélites. – Le Tabac. – Le Chancelier Séguier. – La Ferme-Générale. – Le Courrier Français. – Les Lussan. – Les Hôtelleries. – L'ancien Jeu de Paume. – Le Duc du Lude. – Dreux d'Aubray. – La Reynie. – M. Véro. – Passage Véro-Dodat. – Mlle Rachel.

Le plan de Nolin, qui nous fait voir Paris en l'année 1699, met à la place des n°s 19, 21 et 23 de la rue du Bouloi actuelle une maison du même nom, donnant aussi rue Coquillière. Cette maison remplaçait un jeu de boules, auquel devait la rue de s'appeler des Bouliers, du Bouloir ou du Bouloi, depuis le XIVe siècle, et elle avait été bâtie pour une colonie de carmélites en l'an 1656.

Ces dames avaient simultanément d'autres maisons dans les deux rues ; elles y sont restées propriétaires beaucoup plus de temps qu'établies. Toutefois Mme de Sévigné a connu, ses Lettres en font foi, les carmélites de la rue du Bouloi, avant le retour de ces enfants prodigues à la maison mère du faubourg Saint-Jacques. Elles recevaient en visite jusqu'aux maîtresses du roi, qui arrivaient les mains pleines de bouquets, et si les nouvelles du dehors ne laissaient pas les nonnes indifférentes à toutes les intrigues de la cour, les impatiences du roi et ses, malédictions, ne s'en prenaient qu'à la communauté.

Aussi bien le grand bureau du Tabac tient moins de place d'abord que dans la suite, et moins, près de la rue Coquillière ; il commence par n'occuper, rue du Bouloi, qu'un corps de logis, appartenant au roi, mais enclavé dans le domaine monastique, dont il doit avoir fait partie.

La ferme des tabacs a été établie en 1674, mais elle n'est distraite de la ferme-générale qu'en 1697, et cette division fait de la denrée dont le 100 pesant a été imposé de 40 sols en 1621, puis de 7 livres, 11 sols plus tard, l'objet d'un fermage de 250,000 livres, dont 100,000 pour indemniser la ferme-générale. Dès l'année 1714, la progression devient considérable : un bail est fait pour six années, moyennant 2,000,000, avec augmentation de 200,000 livres pour chacune des quatre dernières années. Avant l'expiration du bail, la compagnie d'Occident en prend la suite pour 4,020,000 livres. Nouvel affermage en 1721.

La compagnie des Indes, deux ans plus tard, est subrogée au fermier des tabacs ; enfin le privilège de la vente exclusive de ce produit, dont l'usage se répand de plus en plus, est réuni de nouveau à la ferme-générale en 1730, moyennant 7,500,000 livres pour chacune des premières années, et 8,000,000 pour chacune des autres.

L'ancien hôtel de la ferme des Tabacs, qu'il ne faut pas confondre avec celui de la ferme-générale, en devient habitation particulière, puis siège de l'administration des Domaines ; c'est aussi l'ancien monastère des Carmélites et l'ancienne maison du Bouloi, dont la vaste cour à porte monumentale est toujours dite des Domaines, et il a gardé une sortie sur la rue Coquillière, mais il en a perdu rue Croix-des-Petits-Champs une autre. L'ancien hôtel a été transformé en une cité industrielle ; seulement la façade a été séparée des bâtiments en fer-à-cheval du fond par une division immobilière qui remonte à l'époque d'un retour à l'État. Les n°s 19 et 23, pris sur cette façade, ont fait d'anciennes fausses-portes leurs deux entrées.

On a dit aussi rue Basile celle que nous restituons à son passé ; mais cette désignation, en ayant le dessous, est restée à une cour, de l'autre côté de la rue. L'hôtel de Jean de la Ferrière, vidame de Chartres, ami de Coligny, était voisin ; Jeanne d'Albret, reine de Navarre, y mourut en odeur d'empoisonnement le 8 juin 1572, et le logis passa à Françoise d'Orléans, veuve de Louis de Bourbon, puis à Henri de Bourbon, duc de Montpensier, puis au duc de Bellegarde.

Le chancelier Séguier en fit l'acquisition et, pour s'y agrandir tant de la cour Basile que d'une portion d'un cimetière y attenant, il donna en échange à la paroisse Saint-Eustache non seulement le terrain de l'église et du cimetière Saint-Joseph, rue Montmartre, mais encore cette église construite tout exprès.

Il tenait d'autant plus à s'établir dans ce quartier qu'on y avait connu sa famille avant lui Blaise Séguier, son bisaïeul, avait épousé Catherine Chenou, fille d'un maître de la Monnaie, et, cette dame ayant été la bienfaitrice de l'église Saint-Honoré, ses descendants y nommèrent jusqu'à la Révolution les titulaires de la chapelle des Vertus.

Le chancelier a reçu dans son hôtel, qui par devant ouvrait rue de Grenelle-saint-Honoré (la rue de Grenelle-Saint-Honoré fait maintenant partie de la rue Jean-Jacques Rousseau), ses collègues de l'Académie Française, et cette compagnie y a tenu ses séances plus régulièrement que chez Conrart et chez Boisrobert, avant que l'hospitalité du Louvre lui fût offerte. Séguier ne protégeait pas que cette Académie, ou il prenait Richelieu pour modèle ; il avait aussi le bon esprit d'aller au devant du mérite inconnu. D'ailleurs, quel autre aurait su tenir les sceaux dans une balance qui ne penchait ni du côté de la régente Anne d'Autriche ni du côté de la Fronde ?

Malgré tout ce qu'il avait fait de bien, on se moquait encore des alliances prétentieuses que lui devait sa famille, dont le premier membre en crédit avait été un apothicaire du roi. Quel chemin les Séguier avaient lait dans un monde ou ils étaient entrés par la porte de derrière ! Des deux filles du chancelier, l'une épousa le marquis dé Coislin, puis le marquis de Laval ; l'autre, le duc de Sully, puis Henri de Bourbon, duc de Verneuil, fils naturel de Henri IV.

Les fermiers-généraux achetèrent l'hôtel Séguier, pour en faire le leur, une douzaine d'années avant la fin du XVIIe siècle, et quel bouleversement n'entraîna pas l'installation de nombreux bureaux ! Les rouliers entraient à l'hôtel des Fermes par la rue du Bouloi ; du même côté il y avait des écuries et des magasins, qui dans la suite servirent de remises aux messageries Laffitte-et-Caillard. Le lecteur, ayant droit à la porte d'honneur, sera forcé, comme nous, de faire le tour par la rue de Grenelle, ou il nous retrouvera.

Nous avons encore à le promener, pour le moment, dans la rue parallèle, dont les propriétaires étaient en 1705 :


Cela faisait déjà 24, maisons, et il y en eut bientôt, d'après Lacaille, un couple de plus : elles jouissaient de 10 lanternes. Comme il serait facile aux habitants d'alors de retrouver leur place respective ! Pas une porte de moins, pas une de plus !

Le n° 26, édifié aux dépens des fermiers-généraux sur le jardin de l'ancien hôtel Séguier, a été, sous la République, adjugé au sieur Desmarré, qui l'a vendu à réméré (la faculté de réméré est un pacte par lequel le vendeur se réserve de reprendre la chose vendue, moyennant la restitution du prix principal et le remboursement), le 24 thermidor an IX, à la banque territoriale ; le retrait de ce réméré a été exercé plus tard par Desmarré, qui est rentré en possession de l'immeuble. On y a vu, sous Louis-Philippe, les bureaux du journal le Courrier Français, parmi les collaborateur duquel nous figurions sous la direction Durrieu : le loyer en était payé à la famille Brinquant.

Quant à l'espèce de tour qui arrondit l'angle de la rue Coquillière, sur la même ligne, elle a certainement fait partie de l'hôtel de M. de Verneuil.

Pour que les dames carmélites eussent dans cette rue huit maisons d'enfilade, il fallait bien que le n° 17 fût encore du nombre. Nous devons pourtant y voir aussi un ancien hôtel de Lussan, avec une maison contiguë de la rue Croix-des-Petits-Champs.

Le comté de Lussan a été érigé dans le diocèse d'Uzès, en 1645, en faveur du père de Jean d'Audibert, baron de Valrose, seigneur de saint-Marcel, premier gentilhomme de la chambre du grand Condé, prince du sang. La fille de celui-ci a épousé Fidtz-James, duc d'Albermale, lieutenant-général des armées de France, pair de la Grande-Bretagne, fils naturel de Jacques II ; mais elle a eu d'un autre lit Forth-Drummond de Melfort, comte de Lussan, seigneur de Brignon, Kosières, etc.

Il y a eu aussi un Lussan premier gentilhomme de la chambre du comte de Charolais et, lieutenant-général en 1748. si cette famille habitait encore la propriété sous Charles X, elle y eut pour réveille-matin un roulage qui, du reste, n'était pas de trop pour donner de l'animation à une grande cour faisant pendant à celle du 21. Dans une cave en réparation, il n'y a guère que vingt ans, des ouvriers piochant au pied d'un mur mirent à découvert des cercueils. Un vieux domestique de la propriétaire, qui se trouvait dans une autre cave, entendit le premier leurs exclamations et crut qu'ils trouvaient un trésor ; il accourut tant qu'il avait de jambes, dans l'espoir d'en avoir sa part, et le spectacle des bières effondrées lui fut une si triste surprise qu'il en perdit ses derniers cheveux d'un jour à l'autre et qu'une décrépitude rapide le rapprocha de sa dernière heure.

Que si les religieuses n'avaient ni aliéné ni donné en location l'hôtel de Lussan au milieu du XVIIIe siècle, il avait pu antérieurement se trouver propriété du roi et bureau du Tabac. Toujours est-il que les carmélites n'avaient plus que sept maisons dans la rue du Bouloi quand elles en vendirent deux à M. Etienne et une autre à M. Bonnaire, Louis XVI étant sur le trône.

Plusieurs maisons voisines, pour ne pas déroger absolument de leur ancienne qualité d'hôtel, se sont ouvertes aux voyageurs. N° 20 on lit : Hôtel d'Albion. Un escalier à rampe de fer y avait précédé les Pellegrain de Lestang, propriétaires de 1739 à 1810, et peut encore enterrer tout son monde. La porte était restée couronnée de ses armoiries sculptées en pierre quand le marquis de Goimpy, chevalier de Saint-Louis, acquit l'immeuble, en 1827, pour en faire l'hôtel de Grenoble.

Cet ancien émigré avait été pour 150,000 fr. partie prenante au milliard de l'indemnité ; néanmoins ses affaires allaient d'un train médiocre. La table d'hôte, chez le marquis, était de bonne compagnie, et elle avait pour habitués des gardes-du-corps ; deux jolies demoiselles, filles de la maison, en faisaient les honneurs, comme si elles eussent vécu dans leur château.

Le 18, qui sans doute avait été jeu de paume, a porté le n° 37 dans la section de la Halle-au-Blé et appartenu à l'hospice de l'Humanité, pendant les premières années de la République ; les citoyens Duchâtel, Guillotin et Rennesson, membres du bureau du Domaine, l'ont adjugé, le 4 messidor an III, au citoyen Vignon, mercier. La fille de Vignon, femme divorcée du citoyen Mahault, a épousé plus tard un chef de parc des équipages militaires du quartier-général de
l'armée d'Allemagne, M. Hatton, et puis elle a vendu en 1814 l'immeuble à la belle-mère de M. Pichard du Verger, officier supérieur. C'est pour le moment l'hôtel du Commerce.

On comptait, au surplus, sept hôtelleries dans la rue en l'an de grâce 1769. Deux seulement ont gardé le même nom jusqu'à nous, c'est l'hôtel Notre-Dame, que tenait alors Doulay, et où le repas coûtait 32 sols, puis l'hôtel du Bouloir, où Gion demandait à ses locataires de 18 à 30 livres par mois, et dont la porte cochère et l'escalier à cage carrée, à rampe de fer jusqu'au premier étage, puis à balustres de bois plus haut, sont à nos yeux de véritables parures. Ces deux hôtels séculaires se retrouvent n°s 9 et 5.

Que si, comme hôtellerie, le 13 date modestement de dix lustres et a porté l'enseigne du Croissant, avant de passer hôtel d'Allemagne, ce n'est pas une raison pour que, comme édifice, il reste le cadet des numéros voisins, presque tous frères, ayant suivi de près ou devancé de peu la reconstruction Séguier.

Des bureaux de chemins de fer et d'omnibus correspondants maintiennent dans ce quartier, quoi qu'il en soit, un reste de l'affluence de voyageurs qu'y avait attirée la proximité des messageries Laffitte-et-Gaillard. Est-ce que, d'ailleurs, Paris ne va pas être assez grand pour que les Parisiens eux-mêmes s'habituent à payer quelquefois, dans le quartier ou ils se seront attardés, leur gîte pour la nuit ?

Pour si petit que soit le 12, il a appartenu à M. de Fourcy, comme emplacement pour le moins, et, en servant assez longtemps de passage à la rue de Grenelle, il a rendu un service au public d'autant plus, réel que la galerie Véro-Dodat n'existait pas encore : avant des logements, il y avait eu là un jeu de paume, dont le passage gardait la dénomination.

Le nom de Palluau, qui figure dans notre tableau, n'a-t-il pas de notoriété plus historique ? Un comte de Palluau fut nommé maréchal de France de 1753. Pendant plusieurs générations, la famille de ce maréchal a disposé du 11, propriété profonde, qu'elle a transmise en 1728 à Janot, bourgeois de Paris, et dont un escalier, celui du centre, montre une rampe de fer magnifique aux étrangers qui, de nos jours, descendent à l'hôtel des Empires.

Le 8 et le 10 ne faisaient qu'une habitation de grand seigneur du temps ou la rue du Bouloi avait ses Carmélites. Ce fut l'hôtel de Henri de Daillon, comte du Lude, lieutenant-général, puis duc et pair en 1673, dont la seconde femme devint dame d'honneur de la dauphine, alors duchesse de Bourgogne. Du Lude, l'un des Mécènes du temps, préférait le bel-esprit à la grandeur et Mme de Sévigné à toutes les princesses de la cour. Il laissa une fortune immense et un trésor de jolis mots.

Messire Dreux d'Aubray, conseiller du roi et lieutenant-civil de la ville, prévôté et vicomté de Paris, sous la régence d'Anne d'Autriche, eut sa résidence officielle à côté.

Le grand et le petit hôtel de la Lieutenance-civile allaient d'une rue à l'autre, comme l'hôtel Séguier. Hélas ! le même magistrat, père de la marquise de Brinvilliers, devait être aussi sa victime. Heureux s'il en eût été quitte pour la disgrâce qui supprima sa charge ! A la place d'un lieutenant, on en nomma deux autres, et celui de police ne se bornait pas à partager l'autorité du prévôt de Paris, il empiétait sur les attributions du corps de Ville.

Gabriel-Nicolas de la Reynie, premier lieutenant-général de police, succéda au lieutenant-civil jusqu'en sa demeure, et Louis XIV avait eu la main si heureuse qu'on ne vit oncques cette charge si bien remplie. Tout était à organiser ; La Reynie y a si bien suffi que d'une administration au dépourvu il a fait un département, et que ses règlements de police sont un des monuments de la raison. Il avait 85 ans quand il mourut, peu de mois avant le grand roi.

Jean-Nicolas de la Reynie, seigneur de Saint-Sulpice ; hérita de l'hôtel, lequel passa ensuite à Jacques d'Alby, conseiller du roi ; lieutenant-particulier, assesseur au siège de Brives, puis à Louis-Antoine Rouillé de Boissy, conseiller honoraire au parlement. Cette maison historique se reconnaît extérieurement à une large façade, que décorent un fronton, un joli balcon, des mascarons et des médaillons ; un ancien notaire, M. Valpinçon, en est propriétaire.

La croix des Petits-Champs se dressait en face du n° 2 ; mais la rue devant sa dénomina-tion à cette croix retenait, regardait comme sien ledit n° 2, avant la Révolution, et il nous paraît nonobstant avoir été tiré d'une côte de la Lieutenance.

Les Quatremer, famille parlementaire, occupaient cet hôtel sous le règne de Louis XVI. Ses dépendances, à leur tour, ont été mises à profit, sous la Restauration, par les charcutiers Véro et Dodat, pour l'ouverture de leur galerie. Véro, quoique la charcuterie eût fait sa réputation avec sa fortune, avait la crainte que son nom ne passât pas à la postérité, et celle-ci, grâce à, la galerie, était appelée à passer sous ce nom, écrit en lettres d'or.

Quel honneur, quelle joie pour Véro ! Que lui restait-il à souhaiter ? Son château de Brunoi dominait et avait l'air de protéger l'ancienne maison de campagne de Talma, qui en était proche. Pourquoi faut-il que ce nouveau seigneur, dont les prétentions n'allaient pas au-delà de la bourgeoisie, ait aussi mal fini que le fastueux, l'extravagant marquis de Brunoi ?

Assis devant une table bien fournie de ce qu'il aimait, il n'avait plus d'appétit pour le reste ; il gardait la place d'honneur et le dos au feu, ou au soleil, quels que fussent les convives, et il fallait pour son bonheur que la famille ne le gênât pas beaucoup. Le tête-à-tête faisait partie du menu en temps et lieu.

Du moins Véro eut le bonheur de n'entendre pas gronder l'orage ; il ne vit même pas luire la foudre, il ne lut pas les mots cabalistiques, faits pour troubler la digestion, et la salle du festin menaçait de s'écrouler sans qu'il en prît souci : un jugement d'interdiction lui avait été signifié avant que le couvert se levât sur son mané, thékel, phares (Mane, Thecel, Phares, que le prophète Daniel, interpréta : Tes jours sont comptés ; tu as été trouvé trop léger dans la balance ; ton royaume sera partagé).

De 1838 à 1842, Mlle Rachel eut son appartement dans une maison du passage Véro-Dodat. Elle passait, pour se rendre au Théâtre-Français, devant l'ancien magasin du célèbre fabricant de saucisses truffées ; mais elle s'arrêtait, de préférence, devant l'éventaire d'une marchande, à l'entrée de la cour des Fontaines, et elle y achetait des pommes à un sou le tas, pour en croquer, entre deux scènes d'Andronzaque ou de Cinna, dans les coulisses. Mlle Rachel n'en rentrait pas moins chargée de couronnes dans la rue du Bouloi, qui avait pris aisément l'habitude de recevoir ce glorieux tribut après chacune de ses représentations.

Il y avait de quoi, pour cette rue, prendre goût aux jeux de la scène ; mais elle avait commencé par donner la préférence à l'innocent jeu de boules, si cher aux procureurs du temps de Furetières, d'après le Roman bourgeois !

 


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