Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places, quartiers de Paris : comment ils ont évolué, comment ils sont devenus le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places, quartiers de Paris dont un grand nombre existe encore.
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RUE GRENIER SUR L'EAU
IVème arrondissement de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1864. La rue Grenier-sur-l'Eau donne depuis lors un démenti au proverbe : Comme on fait son lit on se couche. Elle allait tomber lourdement dans une ruelle, bien plus large et profonde que l'espace laissé par elle entre sa vieille couchette et la muraille, où des bornes tenaient à peine, quand un escalier est venu à son secours. L'escalier retient la moitié de l'ancien lit, comme si c'était le baldaquin du nouveau. Historique : Elle s'appelait en 1257 rue André sur l'Eau ; on la trouve désignée sous les noms de Garnier sur l'Yaue et Guernier sur l'Eau.
Origine du nom : Habitée au XIIIe siècle par un nommé Garnier ; voisinage de la Seine.

En l'année 1241, quelques maisons groupées entre l'église Saint-Gervais et la rivière ont été données aux templiers par Garnier ou Guernier, non propre dont le populaire a fait ensuite par corruption Grenier, et, à cela près, la petite rue dans laquelle se trouvaient les maisons du donateur est restée sa filleule. Néanmoins on disait encore en 1257 : rue André-sur-l'Eau. Elle figurait dans les comptes relevés de la taille ; pour l'an 1391, sous le nom de Garnier-sur-l'Eau, et deux contribuables y étaient signalés, Jacob de Marcilli, Raulin Petit : le premier pour une maison « qui fust aux Nonneardierre, depuis aux moines de Prully, depuis à Jacques Lenoble, tenant à la maison du coin de ladicte rue de vers Seine ; » le second, « d'austre part de ladicte rue, maison à apentis. »

Dans la même rue, au-dessus d'une porte, on a vu pendre un Cygne percé d'un Dard, sous le règne, de François Ier. N'était-ce pas la flatterie, plutôt que le hasard, qui reproduisait cet emblème ? La reine Claude l'avait adopté et il se profile en ronde-bosse, avec le chiffre couronné de cette princesse, avec l'hermine et le bouquet de lis qui rappellent aussi la candeur de son âme, sur des médaillons qu'on remarque depuis lors au château de Blois. A l'emblème royal s'attachait cette devise : Candida candidis. Plusieurs savants vont encore nous reprocher de ne rien vouloir faire comme eux, qui donnent de ces deux mots une traduction bien différente de la nôtre. « Blanche, disent-ils, parmi les blanches, » et nous comprenons, quant à nous : Le blanc sied aux candides.

En mars 1577, Henri III établissait par édit une communauté nouvelle des Marchands de vin, dont les statuts ont été confirmés par Henri IV, Louis XIII et Louis XIV. Sous le dernier de ces rois, les marchands de vin eurent le siège de leur corporation dans la rue Grenier-sur-l'eau, au-dessus d'une cour de passage, formant ruelle, dont parle Sauval, et qui menait à la rue aux Bretons. Leurs gardes et maîtres jouissaient des mêmes privilèges que ceux des six corps de marchands, et ils pouvaient remplir, par conséquent, les charges municipales et consulaires. Les armoiries qu'ils avaient obtenues en l'année 1629 comportaient principalement un navire à bannière de France, qui flottait entouré de six petites nefs, et une grappe de raisin en chef, sur champ d'azur. Au moment de la Révolution, le droit de réception ne s'élevait plus qu'à 600 livres, et le brevet d'apprentissage à 42 : le bureau se trouvait alors rue de la Poterie.

Vers le même temps était propriétaire un serrurier, qui s'appelait Prévost, à l'un des coins de la rue Geoffroy-l'Asnier, et deux maisons qui se touchaient, du même côté de la rue Grenier-sur-l'Eau, mais au milieu, appartenaient à Tristant, colonel au régiment de Boulonnais.

En cette ruelle du XIIIe siècle, coupée en deux par la rue du Pont-Louis-Philippe, et qu'un nouvel alignement appelle à devenir presque aussi large que longue, la moitié des souvenirs que nous venons d'évoquer s'appliquent à des maisons encore debout. Des écoles municipales de garçons et de filles ne sont que depuis 1830 au n° 2, antérieurement occupé par les sœurs qui tiennent d'autres écoles rue Fauconnier.



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