Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE DES DÉCHARGEURS
VIème arrondissement de Paris

(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1861. La nouvelle rue des Halles a postérieurement raccourci d'environ trois numéros impairs et quatre pairs la rue des Déchargeurs. Cette rue existait en 1300. Elle a porté les noms de rue des Chaps, rue du Siège aux Déchargeurs, rue du Siège, rue du Vieil Siège aux Déchargeurs. Origine du nom :
Voisinage des Halles.

s 3, 4, 6, 9, 10 et 11.

N° 3 : Il figurait pour sûr dans le dénombrement de 1714 parmi les 15 maisons de la rue des Déchargeurs, paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois, lesquelles avaient alors pour éclairage nocturne 6 lanternes ; la rue du reste, existait bien avant, puisque Guillot l'avait comprise à la fin du XIIIe siècle, dans sa nomenclature rimée des rues de Paris, sous la désignation de Siège aux déchargeurs. Les barres de l'escalier, bien qu'en vieux fer, ont gardé une rectitude et une noble simplicité, qui font contraste avec les arabesques artistement tordues dans les autres hôtels par les serruriers de ce temps-là.

N° 4 : appartenait d'abord à messire Nicolas Talon, avocat, puis conseiller à la cour, servit de résidence au jésuite du même nom, auteur de travaux historiques et qui prononça l'oraison funèbre de Louis XIII ; passa ensuite à Orner Talon, alors secrétaire du cardinal de Lavalette, qui, d'accord avec ses cohéritiers, le vendit à François Roger, maître des comptes. La fille de Roger, ayant reçu en dot cette maison, qui devait cens à l'archevêché, épousa, Dufos, seigneur de Méry, conseiller au parlement ; mais leur fils, Louis-François Dufos de Méry, l'abandonna à ses créanciers dont les syndics étaient Charles-Maurice.

Le Pelletier, abbé de Saint Aubin d'Angers, docteur, en Sorbonne, et Charles Collin, conseiller du roi, substitut du procureur général, l'un des directeurs et administrateurs de l'Hôpital Général. Ceux ci vendirent en 1711 la propriété à Gobert ; marchand de Paris, qui l'occupait ; la famille des Gobert, comptant un notaire du même nom, garda l'immeuble tout près d'un siècle. A une porte cochère, qu'il avait autrefois, cet ancien hôtel a renoncé, pour agrandir un magasin, et chacun de ses étages, comme dans tous les immeubles voisins, est demeuré voué au commerce.

N° 6 : L'histoire complète de cette propriété, qui était très considérable lorsqu'un hôtel de la rue du Plat d'Etain en faisait partie, et où se retrouve une porte cintrée, ainsi qu'un escalier à balustres de bois peut être résumée dans les noms et dates qui suivent :

1570, Thielman, notaire et secrétaire du roi ; 1658, Hachette, conseiller au Châtelet ; 1680, le président Séguin, dont la mère était née Hachette ; 1698, Rémy Le Grin, bourgeois de Paris ; 1722, Grégoire, avocat au parlement, conseiller en l'élection, ayant pour locataires Rollin, drapier, Dumont, autre marchand, puis Richery, ancien marchand ; 1744, Bertels, marchand, juge consul ; 1773, Hendrickx, tailleur ; 1787, de Mauroy, hussier et commissaire priseur au Châtelet, puis directeur des Incurables (femmes), et sa femme, née Hendrickx ; 1840, Minoret, mercier de la rue Saint-Denis ; 1854, Contour, bonnetier en gros.

N° 9 : Des écuries, dont le pavé subsiste sous des planchers de magasin, étaient encore au rez-de-chaussée en 1836 ; les casiers y remplacent des râteliers, et les comptoirs des auges. Il y avait pourtant plus d'un siècle que le grand hôtel de la rue des Bourdonnais, n° 30, dont dépendait, comme arrière-corps de bâtiment, cette maison de la rue, des Déchargeurs, ne se trouvait plus l'hôtel des Postes. Le lecteur a déjà pu remonter à l'origine de cette maison à double face, grâce à la notice de ce recueil consacrée à la rue des Bourdonnais.

N° 10 : Sous la régenté de Philippe d'Orléans, le docteur en Sorbonne Brayer, sieur de Chantereau, était propriétaire de cet hôtel, déjà garni de sa jolie rampe d'escalier, mais encore placé sous la censive des missionnaires de Saint-Lazare, et il y tenait à Dulin, architecte. Claude Patu, notaire, se rendit bientôt acquéreur de ladite maison, qui était contiguë à une maison de la rue des Fourreurs, où La Sadrie, dit Duchesse, tenait le bureau de l'ancienne loterie du roi, concédée à l'école Militaire.

En l'an 1769, Patu, payeur de rentes de l'Hôtel de Ville, cédait la même propriété à Gomel, procureur au Châtelet, et ce Gomel était déjà ou devint propriétaire de celle de la rue des Fourreurs, qu'occupait Hauttement, pelletier : il y eut alors réunion.

N° 11 : Nous constations à juste titre, quand nous parlions de la rue des Bourdonnais, que le 32 se rattacha longtemps au 30 ; mais dès le XVIe siècle l'encoignure de la rue des Déchargeurs et de la rue de la Limace (cette rue de la Limace, depuis quelques années, n'existe plus) s'en est démembrée, pour devenir le bureau des Drapiers, dont la chapelle était rue de la Jussienne ; au coin de la rue Montmartre. Ne quittons pas la rue qui nous occupe, sans reconnaître parfaitement la porte des Drapiers, que lei dessins de Bruant surmontèrent de cet ordre ionique.

Il suffit même de monter un étage pour revoir en peinture plusieurs des dignitaires de la corporation ; Desprez, grand-garde en titre d'office, avec cette date, 1691, indiquée au surplus par une perruque volumineuse ; François Lebrest, 1660 ; F. Reisdeseigle, grand-garde en 1663, avec les moustaches, et la royale à la mode sous le règne de Louis, XIII ; J. Le Cuntier, 1661. Voici bien encore un portrait de premier consul sans désignation nominative, daté de 1668, et de même la figure d'un grand-garde du premier corps des marchands, en 1660. Peint en pied, voilà Louis XIV à cet âge de quatorze ans où il entra, botté, dans le parlement.

Il reste encore d'autres peintures, probablement endommagées, derrière des rayons posés, avant que M. Soudry, qui se rendit adjudicataire de ce domaine national, n'en fût entré en possession. M. Enot, principal locataire et négociant en bonneterie, a bien mérité de la draperie, en disputant quelques unes de ces toiles à la poussière et à l'oubli n'en est-il pas à son tour le grand garde ?



 

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