Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE PASQUIER DE LA MADELEINE
VIIIème arrondissement de Paris

(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1861. La rue de la Madeleine, qui ne portait pas encore le nom du duc Pasquier, ancien grand référendaire de la chambre des pairs, finissait à la hauteur de la rue Neuve-des-Mathurins ; elle se prolonge actuellement jusqu'à la rue de la Pépinière. Au milieu de son ancien parcours, elle est traversée par le boulevard Malesherbes, dont il n'y avait que l'amorce de posée. Commençant : boulevard Malesherbes, 6. Finissant : rue du Rocher, 1. Historique.
Précédemment partie de la rue de la Madeleine, partie A et partie de la rue de l'Evêque. Origine du nom : le duc Etienne Denis Pasquier (1767-1862), chancelier de France.

Mme de Sarpé et sa Famille. – N°s 14, 18, 22, 29 et 61.

Un notaire de la rue Saint-Honoré, nommé Laballe, avait fait de mauvaises affaires ; au lieu de s'en relever, il mourut en ne laissant à sa veuve que deux filles. Mme Laballe était encore jolie et plus coquette que jamais ; elle avait toujours aimé le monde, qui l'avait payée de retour, et ses filles n'étaient pas élevées pour le cloître. Des clients de son mari vinrent lui apporter leurs compliments de condoléances, rue de la Madeleine, dans la maison d'un M. Casaubon, où elle avait arrêté un logement ; ils y firent la cour à la mère, qui n'avait pas encore désespéré d'un bon parti pour elle-même, mais qui ne cachait pas les filles dont elle paraissait la sœur aînée.

La plus jeune, bien qu'elle n'eût pas l'âge d'être pourvue, épousa lestement un sieur de Sarpe, valet de chambre de Louis XV, qui vivait plus à Versailles qu'à Paris et qui devint pourvoyeur de la maison de la reine. Par malheur, le nouvel époux en profita pour faire banqueroute ; et il leva le pied, en renvoyant rue la Madeleine une épouse désabusée vite d'un rêve d'amour et de fortune.

Elle y trouva Mme Laballe toute seule, mais dans les meilleurs termes avec sa fille aînée. Celle-ci habitait le faubourg Saint-Germain, dans un luxe de meubles et d'atours dû aux largesses d'un galant protecteur, M. de la Boissière, le fermier général, qui allait la faire débuter sous le nom de Mélanie à la Comédie-Française. La cadette avait-elle intérêt à prendre aussi un nom de guerre ? Celui de son mari lui en paraissait un. Elle devint la maîtresse de M. de Machault, contrôleur général, qui ne l'appelait que Mlle de Sarpe, une fois installée dans un appartement de la rue du Four-Saint-Honoré (rue Vauvilliers).

M. de la Boissière fut remplacé auprès de Mélanie par M. Bertin, des parties-casuelles qui ne la garda pas longtemps, car cette actrice mourut bientôt en couches ; elle laissa des nippes et des bijoux en si grand nombre et d'un tel prix que sa mère s'en fit 3, 000 livres de rente.

Quant à Mlle de Sarpe, M. de Machault ne la congédia qu'avec le même revenu en viager, et elle avait de quoi plaire à bien d'autres minois plein d'agaceries, peau blanche, esprit orné enjouement des pieds à la tête. M. Fontaine, qui était secrétaire du duc d'Orléans, vécut avec cette femme dont les attraits franchissaient, sans broncher, l'étape de la trentaine, et qui en ce temps-là avait presque un salon, où elle aimait à recevoir, dans une maison de la rue des Bons-Enfants. La belle s'éprit du chevalier de Mézières, qui, étant la coqueluche de plusieurs grandes dames, dérogea par diversion. Elle avait d'ailleurs, un tempérament à se rendre souvent à Versailles, pour ajouter des relations encore plus éphémères au ressouvenir du mariage qui l'y avait amenée pour la première fois. Et pour comble, Mme de Rannes, autre femme galante dont nous avons plus d'une fois quelque chose à dire, était encore plus que l'amie de cette fille du notaire Laballe.

Le nid d'où se sont échappés les deux oiseaux que nous venons de suivre dans leur vol à travers un monde peu connu, la chronique rétrospective le découvre au n° 14 dans la rue dont le nom figure en tête de 1a présente notice. Le comte de Garaman était alors propriétaire du n° 6, qui avait deux portes et contenait 1145 toises ; M. Chevery de la Chapelle, du n° 18 ; M. Bouret, de Valroche, du n° 22 ; M. Vialat du n° 29.

Cette rue n’allait encore que jusqu'à l'ancienne église de la Madeleine, située au second coin de la rue de la Ville-1'Evéque et nationalement vendue le 4 pluviôse an V ; elle se prolongea en 1792 sur un terrain provenant des religieuses de la Ville-1’Évéque et acquis, par M. de Montessuy. La maison qui répond au chiffre 61 fut édifiée ou refaite à cette époque par le citoyen Chagot munitionnaire et banquier : nous croyons qu’elle avait appartenu, sous l’ancien régime, aux religieuses d'à-côté.



 

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