Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE DE GRAMONT
IIe arrondissement de Paris
(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1860. La rue de Gramont n'a été percée de part en part qu'en 1810 par la nouvelle rue du Dix-Décembre. Commençant : rue Saint-augustin, 12. Finissant : boulevard des Italiens, 15. Origine du nom : ouverte sur l'emplacement de l'Hôtel de Gramont.

Le n° 1 et l'immeuble que vous voyez après étaient au roi, alors que s'y tenait le bureau principal des Aides, puis celui de l'Enregistrement, sous la coupe du Contrôle Général des finances, qui veillait à deux pas, entre les rues Neuve-Saint Augustin et, Neuve-des-Petits-Champs. L'immeuble qui fait vis-à-vis appartenait alors à M. de Lachevardière. La façade du 7 portait, outre les masques y servant encore d'ornement, les armes de M. de Méron. M. Sandrié de Montrecourt, qui disposait de la maison suivante, n'y était pas loin du passage Sandrié, formé pansa famille de l'autre côté du boulevard. Les n°s 8, 9, 10, 11, 12 et 14 paraissent avoir été bâtis sur le même plan et, par le même entrepreneur.

Or en l'année 1726 la maréchale duchesse de Gramont et le duc de Noailles, tous deux exécuteurs testamentaires du maréchal de Gramont, ont obtenu la permission d'ouvrir deux rues, celles de Ménars et de Gramont, à la place de son hôtel, donnant rue Neuve-Saint-Augustin. Mais ce dernier n'a été démoli qu'une quarantaine d'années plus tard, après avoir servi de résidence à quatre, générations de Gramont. Le spéculateur Monnerot l'avait néanmoins possédé, et les lettres de 1726, autorisant le percement, avaient été renouvelées en 1765 au nom de l'abbé Clément, adjudicataire de la propriété. Par conséquent, les plus anciennes maisons ne sont pas encore séculaires dans la rue qu'à son tour nous interrogeons de plain pied, comme si elle était assise sur la sellette de l'accusé.

Si le 13 invoquait une sorte d'alibi, ne serait-il pas à moitié dans son droit ? Il tient à la rue de Choiseul par le magasin Delisle, qui occupait naguère le premier rang dans le commerce des nouveautés, mais que va remplacer un cercle ; il garde pourtant sur la rue de Gramont son ancienne entrée d'hôtel entre cour et jardin. Le marquis de Chalabre et ses gens n'avaient pas trop de cette maison à deux faces, maintenant si divisée !

Parmi les habitants du 16 figura M. Dassenay, amateur de peinture, qui habita aussi la rue des Fontaines-du-Temple sa galerie regorgeait d'ouvrages de Rigault et de Largillière.

M. Bignan, ancien agent de change ; frère du poète académique de ce nom, occupe au n° 17 une maison où demeura assez longtemps M. Fulchiron, notabilité politique du dernier règne, et où avait demeuré, sous Louis XVI, M. de Vernage. Celui-ci, bien qu'il fût alors propriétaire rue de Ménars, payait son loyer rue de Gramont au sieur Lardant, à qui appartenait de même le n° 19.

Quel nom connu se rattachait au 21 de la même rue ? celui du marquis de Saint-Chamans, lieutenant général, gouverneur de Saint-Venant en Artois, grand sénéchal d'épée de la province de Béarn, qui avait épousé la fille du marquis de Souvré. Au 23 ? L’architecte Couture n'avait pas un domicile autre quand la mort de Constant d'Ivri, arrivée en 1777, le laissa seul à la tête des travaux de l'église de la Madeleine. Et au 25 ? Dame ! On y rencontrait M. Berger ; dont le neveu, ou dont le fils a été préfet de la Seine.

Le Jockey-Club, depuis quelques années, s'est installé à l'encoignure du boulevard et de la rue Gramont. Le règne de Louis XVI a vu faire absolument la même chose à l'ambassade de Russie, lorsque le prince Bariatinski était ministre plénipotentiaire de la tzarine Catherine II. Les almanachs royaux du temps désignent comme hôtel Lévi le siège de cette ambassade : le nom de la famille Lévis, fréquemment accolé dans l'histoire moderne à celui de Mirepoix, se prononce en effet sans faire sonner l'S. Les quartiers de noblesse du duc actuel remontent, à travers de brillants services, jusqu'à la tribu de Lévi, noblesse de l'Ancien Testament, où elle fut alliée de près aux parents de la Sainte-Vierge. Dans un tableau du Moyen-Âge, qui a décoré quelque temps une des pièces de l'hôtel, rue de Gramont, le peintre avait représenté la mère de Dieu et un Lévis, qui toutefois lui ôtait son chapeau. La Sainte-Vierge disait, au moyen d'un cartouche : – Mon cousin, couvrez-vous. – Je n'en fais rien, répondait le parent ; mais c'est pour ma commodité.



 

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