Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE AUBRIOT (DU PUITS) ET GUILLEMITES (DES SINGES)
IVe arrondissement de Paris
(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1870. Rue Aubriot commençant : rue Sainte-croix De La Bretonnerie, 16. Finissant : rue des Blancs Manteaux, 15. Historique : précédemment rue du Puits au Marais. Elle est nommée rue du Pô sur le plan de Fer. Cette voie existait au commencement du XIIIe siècle. Origine du nom : Hugues Aubriot, prévôt de Paris sous Charles V, mort en 1382. Rue des Guillemittes commençant : rue Sainte-croix De La Bretonnerie, 10. Finissant : rue des Blancs Manteaux, 9. Historique : précédemment, rue des Singes (la rue des Singes existait en 1250. En 1269, rue Pierre d'Estampes ; plus tard, rue Perriau d'Estampes, Perrot d'Estampes ou Perreau d'Estampes ; en 1300, Guillot la désigne sous le nom de rue des Singes). Un arrêté du 6 mai 1952 a déclassé et supprimé la partie de la rue des Guillemites, comprise entre les rues des Blancs Manteaux et des Francs Bourgeois, qui avait été ouverte en l'an X sur l'emplacement du couvent des Blancs Manteaux sous le nom de rue des Guillemites. Origine du nom : la partie supprimée de la voie avait été ouverte sur les jardins des religieux Guillemites dits Blancs Manteaux.

Charles V ne gouvernait encore le royaume qu'à titre de régent, durant la captivité de son père, quand il chargea Hugues Aubriot, prévôt de Paris, de présider, avec Etienne Marcel, le fameux prévôt des marchands, à l'établissement d'une enceinte qui agrandissait la ville. Cet Aubriot inaugura, en outre, le pont au Change, le pont Saint-Michel et la Bastille, où, en dehors des prévisions du programme, il eut le malheur d'être enfermé l'un des premiers. On vient de le donner pour patron à la rue du Puits, qui, en dépit de son nom, n'avait pas eu que des buveurs d'eau pour habitants.

L'épicurien Vallée-Desbarreaux y séjourna, mais peu de temps sans doute, lui qui changeait de climat selon les saisons. Ce poète libertin, qui fut probablement le même à qui Benserade écrivait Valleo Suo, et pour lequel Marion de Lorme eut sa première inclination rétracta, dans un beau sonnet, au plus fort d'une maladie, l'incrédulité qu'il avait souvent affichée, et tous ses autres vers sont maintenant oubliés.

Malheureusement le malade, une fois guéri, désavoua de plus belle cette palinodie, son seul titre littéraire pour la postérité.

Le véritable auteur du sonnet serait même, d'après Voltaire, l'abbé de Lavau :
Grand Dieu ! Tes jugements sont remplis d'équité, etc.

Si le diable emporta Desbarreaux, il n'en fut pas de même pour Jeanne Lebreton, qu'on peut regarder comme l'ange de la même rue. La rougeole s'étant déclarée dans le quartier, elle y soigna avec tant de courage et de dévouement les pauvres gens atteints du mal contagieux que Mme de Pompadour prit elle-même les devants sur Dieu pour l'en récompenser.

Jeanne Lebreton reçut en cadeau 680 toises de terrain, détachées du domaine dit le Retrait de Mme de Pompadour, à Ménilmontant. Du Retrait un démembrement plus important devint la villa de Mme Favart, de Favart et de Voisenon ; c'est maintenant un orphelinat, que la Ville a déjà acquis en vue du prolongement de la nouvelle avenue de Puébla.

L'ancien couvent des Blancs-Manteaux est coupé par une rue portant le nom des guillemites, moines qui l'occupèrent un certain temps. A cette rue s'ajoute depuis peu celle des Singes ; qui avait été Pierre-d'Étampes dans le Paris circonscrit par Philippe-Auguste. Les gens du maréchal de Rieux, dont l'hôtel donnait à la fois rue des Singes et rue Vieille-du-Temple, en regard de la porte de la courtine Barbette, furent témoins de l'assassinat du duc d'Orléans, sortant de chez la reine Isabeau.

Les auteurs de ce crime fuyaient à cheval par la rue des Blancs-Manteaux, en criant : Au feu ! Pour donner le change. Un écuyer descendit de l'hôtel et trouva le corps chaud de la victime dans un affreux état de mutilation : la tête était ouverte à deux endroits, la main gauche coupée et le bras droit à peine retenu par un lambeau de chair. Tableau qui reste à faire, bien qu'essayé !

Le peintre Sylvain Bailly, père du savant qui présida la mémorable séance du Jeu de Paume, jouissait d'un petit hôtel à l'encoignure de la rue des Singes et de celle des Blancs-Manteaux.



 

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