Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE D'AGUESSEAU, aujourd'hui rue Montalivet
VIIIe arrondissement de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)

Notice écrite en 1855.

N°s 11, 12, 13,15, 18, 20, 22 :
P
resque toutes les maisons de la rue d'Aguesseau, l'une des plus aristocratiques parmi les petites rues de Paris, datent du règne de Louis XVI. Le doyenné d'âge y revient pourtant à des hôtels dont la construction remonte à peu d'années après la mort de Louis XIV.

Par lettres patentes, en l'année 1723, l'ouverture de cette voie publique fut autorisée sur terrain dépendant de l'hôtel d'un écrivain et orateur distingué, le chancelier d'Aguesseau. A cette époque-là même, le régent imaginait de faire enregistrer au grand-conseil la fameuse bulle Unigenitus. D'Aguesseau avait résisté à l'entérinement de cette bulle en parlement, à la fin du règne précédent, et il n'avait pas craint de braver ainsi la disgrâce, n'étant encore qu'Avocat Général. Mais depuis qu'il remplissait les hautes fonctions de chancelier, il n'avait plus que de l'éloignement pour les scrupules et les subtilités du janséniste, qui se trouvait encore moins bien en cour. Comme le magistrat Pérelle, au sein du grand-conseil, résistait à son tour, le chancelier s'en étonna :– Ou donc, maître Pérelle, demanda-t-il, avez-vous puisé vos idées, contraires au sentiment de la raison ? – Dans les plaidoyers, dit Pérelle, de feu l'avocat d'Aguesseau... Le cardinal Dubois ne tarda pas, au reste, à exiler de nouveau dans ses terres le garde des sceaux, qui ne revint aux affaires qu'en 1737, lorsqu'il y eut bien des maux à réparer qu'il aurait pu prévenir. Saint-Simon lui-même a rendu justice à cet homme d'Etat, ami de Boileau et de Racine, dont Louis XV reconnut les services, en lui assignent une pension de retraite de 100,000 livres, et en subvenant, après lui, à la décoration de son mausolée, qui fut violé, brisé sous la Terreur, mais rétabli sous le Consulat. Aujourd'hui la noble famille des d'Aguesseau est fondue dans celle des Ségur.

Les historiographes d'avant 89 ne citent que deux hôtels appartenant à la rue d'Aguesseau : ceux d'Armaillé et de la Marck. Le comte de la Marck-Arenberg, étant d'une famille souveraine en Allemagne et princière en Belgique, dont le prince de Ligne fait partie, jouissait de la protection de la reine Marie-Antoinette ; il fut choisi par elle pour servie d'intermédiaire secret entre la cour et Mirabeau. La comtesse de la Marck, fille du duc de Lauraguais, était elle-même une grandeur de plus dans la maison. Lorsqu'on était admis chez elle, rue d'Aguesseau, c'était à croire que les huissiers priseurs y avaient tout vendu à la criée. Mme de la Marck était seule, dans un grand fauteuil, qui faisait exception dans un salon entièrement démeublé, et, selon la qualité de la personne qu'on annonçait, elle faisait avancer par ses gens un fauteuil, une chaise, un tabouret, ou rien du tout : ce dernier cas était le plus fréquent.

Au coin de la rue de Suresnes se retrouve le petit hôtel du marquis de l'Aigle, famille alliée à celle de Broglie. En face est l'ancien hôtel d'Espagnac, appartenant à M. de Gerbois et occupé par la légation de Bavure. Le baron Sahuguet d'Espagnac, auteur des Mémoires du Maréchal de Saxe, était gouverneur des Invalides sous Louis XV. Cette maison était liée avec celle de Calonne. Le baron d'Espagnac actuel est grand connaisseur en peintures ; dans un accès de folie, son gendre est allé se jeter par-dessus les tours de Notre-Dame, quinze jours après son mariage. Le lieutenant général comte de Girardin, ancien grand veneur de Charles X, à habité aussi le haut de la rue, pendant que le comte de Monbreton résidait vers le milieu.

M. Berger, ancien préfet de la Seine, est le propriétaire du grand hôtel en face la rue du Marché, que son beau-père, M. Biennais, a acheté vers Le 5 pluviôse an X, cette maison appartenait à la ci-devant comtesse Cropte de Saint-Abre, et le citoyen Lemitre, fondé de pouvoir, la donnait à bail à la Ville de Paris pour servir de siège à la mairie du Ier arrondissement. Molinos, architecte de la Ville, était chargé des travaux d'appropriation, et le maire avait nom Huguet de Montaran ; 1343 était le numéro de la maison.

M. Rohault de Fleury père, sous le gouvernement consulaire, était déjà propriétaire de celle où demeure encore son fils, architecte en réputation qui n'a fait qu'ajouter à l'hôtel un arrière-corps de bâtiment. Le terrain avait appartenu au maître maçon Gobier à l'époque où le chancelier disposait encore d'une place à bâtir au bout de la rue, même côté.

Un ancien plan manuscrit des constructions de la rue d'Aguesseau porte les noms que voici :

A main gauche en venant du faubourg : le Mis de Castries, Ségain, et le Mis d'Armaillé.A main gauche en venant du faubourg : le Mis de Castries, Ségain, et le Mis d'Armaillé.A main gauche en venant du faubourg : le Mis de Castries, Ségain, et le Mis d'Armaillé.

A main droite : 4 ou 5 noms illisibles de petits propriétaires, Tellier, le Mis de Tille, Béranger, Dumont.

M et Mme Séguin avaient acquis, le 19 mars 1773, de M. de Durfort-Duras et de son épouse, née de Coëtquen, la propriété qui répond présentement au chiffre 13. Elle appartient à M. le baron de Marinville, ancien archiviste du Sénat, lequel y a pour locataire le maréchal de Castellane. Le ministre de Wurtemberg et M. le général Roguet y résidaient naguère.


 

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