Cafes, hotels, restaurants de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des cafés, hôtels et restaurants de Paris : comment ils ont évolué, par qui ils ont été fréquentés. Pour mieux connaître le passé des cafés, hôtels et restaurants dont un grand nombre existe encore.
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LE CAFÉ TORTONI
(D'après Les cafés artistiques et littéraires de Paris, paru en 1882)

Sous le premier Empire, Tortoni avait déjà une réputation très grande. Toutes les opinions politiques s'y convoquaient sans se heurter ; l'habileté de Tortoni comme cuisinier avait fait de son établissement un centre où anciens terroristes, royalistes, jacobins, bonapartistes accouraient pour apprécier les sauces du célèbre restaurateur qui était le Trompette de son temps.

Un jour, le préfet de police le fit appeler et lui dit que dans son établissement un homme avait mal parlé de l'Empereur. Il lui fallait cet individu ou on fermait le café. Tortoni se vit perdu. Dans ce public si nombreux comment trouver l'auteur des propos séditieux ? Le limonadier eut une idée de génie. Il demanda à Prévost, son premier garçon, quel était le plus mauvais de ses clients. Prévost lui signala un ancien employé chez M. de Lavalette qui, chaque matin, entrait au café, lisait tous les journaux, buvait un simple verre d'eau pure et partait sans payer. Pour Tortoni, celui qu'on cherchait ne pouvait être qu'un consommateur aussi mauvais ; sans hésiter il donna son nom au préfet de police. Du même coup il contentait l'autorité et se débarrassait d'un client exigeant et sans valeur.

Comme Vatel, Tortoni se tua, cet homme gai et railleur se brûla la cervelle, mais la vogue resta à son café qui fut florissant sous la Restauration, Louis-Philippe et Napoléon III.

Talleyrand, M. Thiers, M. de Jouy, de Lacrételle, le comte d'Orsay, célèbre par son élégance, le comte de Montrond, un des rois de la mode, le docteur Véron, qui fut directeur de l'Opéra et du Constitutionnel, Alphonse Royer, un des successeurs de l'auteur des Mémoires d'un Bourgeois de Paris à la direction de l'Opéra ; lord Seymour, célèbre par ses excentricités ; Khalil-Bey, plus tard Khalil-Pacha, ministre à Constantinople et ambassadeur de Turquie à Paris ; Gregori Ganesco, qui eut son heure de célébrité sous l'Empire et pendant la présidence de M. Thiers, ont fréquenté Tortoni. Le prince, alors comte de Bismarck, s'est assis à sa terrasse ; de retour à Paris après vingt-deux ans d'exil, les princes d'Orléans sont allés s'y reposer. Aurélien Scholl, Albert Wolff, Yvan de Woestyne, le peintre Manet, Georges Ebstein, Albéric Second, Adolphe Gaiffe sont encore des habitués du fameux établissement.

C'est là qu'au commencement de 1879 M. Bennett, propriétaire du New-York Hérald, rencontra M. de Woestyne et lui proposa de se rendre dans l'Asie centrale, à l'état-major du général Kauffmann, pour adresser de là, télégrammes et correspondances. A cette époque on croyait que la guerre allait éclater entre la Russie et l'Angleterre à propos de l'Afghanistan. Le soir même le journaliste français prenait le train pour Saint-Pétersbourg.

 


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