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DINOCHAUX
(D'après Les
cafés artistiques et littéraires de Paris, paru en 1882)
Dinochaux, surnommé le restaurateur des lettres, avait son établissement rue de Bréda. Il était fier de ses clients et leur ouvrait un crédit illimité, quand ils étaient arrivés à un degré de réputation dont il restait, du reste, seul juge. Les hommes de lettres ou les artistes qui n'avaient pas la chance d'être appréciés assez haut se voyaient obligés d'aller au Rat-Mort. Mais le jour où un volume, un article de journal, un tableau, une statue, une gravure, un dessin, une page de musique, une note heureusement lancée, une tirade bien dite avaient mis en relief un individu, Dinochaux, connaissant les difficultés de la vie pour les débutants, offrait aussitôt le crédit le plus large. Il n'attendait pas qu'on lui demandât. Inutile de dire qu'il y eut des abus et que le restaurateur perdit beaucoup d'argent. Henry Miirger, Monselet, Ponson du Terrail, Mengin, devenu plus tard chef d'orchestre du Grand-Théâtre de Lyon, Albert Brun, sous-préfet de Sedan, et des centaines d'autres que nous pourrions citer, ont vécu durant des années chez Dinochaux. Pendant le siège de Paris il aida beaucoup de ses pensionnaires. Sous le règne des communards il tint à honneur de n'augmenter que très peu ses prix, malgré la cherté des aliments. Ce sacrifice acheva sa ruine. Il mourut, sa maison fut mise en faillite et M. de Villemessant acheta les créances, qui formaient la partie la plus importante de l'actif.
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