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LE CAFÉ DE LA MAIRIE
(D'après Les
cafés artistiques et littéraires de Paris, paru en 1882)
Remontons sur les hauteurs du Panthéon. Rue Soufflot, près de la mairie du cinquième arrondissement, est un café où le sexe faible qui pullule dans ce quartier est absolument inconnu. Nous retrouvons là la société de M. Chabert qui y dîne à peu près régulièrement. Le commandant Massenet y risque ses jeux de mots ; le peintre Jules Garnier lui fait une concurrence souvent heureuse, mais désastreuse pour les auditeurs. M. Mercier, un jeune avocat, parle politique ; Saint-Firmin, capitaine de cuirassiers, prête une oreille inattentive ; E. Champollion, Léon Couturier, deux médaillés de 1881, causent. Il y a les voyageurs, ceux qui sont allés dans l'Inde et ont habité longtemps l'ancien empire du Grand-Mogol comme le commandant Quilmant, ou en Cochinchine et plus près de la France, en Algérie. Chacun raconte ses impressions. Jules Chantepie, Alexandre Valfrey y font à intervalles irréguliers acte de présence. M. Mattei, un voyageur qui est parti à la fin de février 1881 pour les bouches du Niger ; Louis Lacroix, bibliothécaire à Sainte-Geneviève, puis archiviste du département de l'Hérault, ont fréquenté ce café. Très régulièrement, M. Cotelle, un des intéressés de la librairie Furne et Jouvet, y va fumer sa pipe vers neuf heures du soir. M. Delaborde, un collègue de M. Chabert, préfère la cigarette. M. A. Fraisse, poète de talent et auteur dramatique de grand avenir est toujours à la piste d'une rime. M. Mercier est un député de l'avenir.
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