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HISTOIRE
DE PARIS
(D'après Paris
à travers les âges, histoire nationale de Paris et des Parisiens
depuis la fondation de Lutèce jusqu'à nos jours,
paru en 1879)
Le traité de Bicêtre. — Les arbalétriers. — Armagnacs et Bourguignons. — Les collèges de Reims et Coquerel. — Les cabochiens. — Le pont Notre-Dame. — Exécution de Pierre des Essarts, prévôt de Paris — La coqueluche. — La paix du Quesnoy. — Guerre avec les Anglais. — Défaite d'Azincourt. — Visite de l'empereur Sigismond. — Les boucheries. — Perrinet Leclerc. — La guerre civile. — Exécution de Caboche et du bourreau Capeluche. — Nicolas Flamel. — Notre-Dame-de-la-Carolle. — Le soldat Suisse. — Mort du duc de Bourgogne. — Misère, froid, famine de l'année 1419. — Bannissement du Dauphin. — Mort de Charles VI. — Les modes. — L'église Saint-Gervais. — Les prévôts des marchands et les échevins. Le jeune duc de Bourgogne, Philippe le Bon, résolu à venger la mort de son père, à quelque prix que ce fût, ne craignit pas de s'allier avec les Anglais, et de faire entrer dans cette alliance le roi et la reine par le mariage de Catherine, leur fille, avec Henri V, roi d'Angleterre, qui, par le traité ratifié le 20 mai 1420, fut déclaré régent et héritier de la couronne de France, à l'exclusion du dauphin. Toutes les conditions de ce traité furent lues publiquement, dans une assemblée générale tenue au parlement le 29 avril. Gouverneur de Paris, chancelier, prévôt, présidents, conseillers, échevins, marchands, bourgeois, tous furent unanimes à accepter ce traité. Le lendemain, le chancelier, le premier président et Guillaume Le Clerc, par ordre des gens du conseil du roi, allèrent en informer le roi d'Angleterre. Le 9 mai, il passa devant la porte Saint-Martin de Paris pour se rendre à Troyes.
On portait devant lui un casque surmonté d'une couronne d'or. Le traité de Troyes, dûment signé et paraphé par les parties, fut de nouveau lu publiquement dans une assemblée générale tenue au parlement le 30 mai, il fut juré à haute voix par tous les assistants, et le prévôt de Paris reçut l'ordre de le faire publier à l'auditoire du Châtelet le jour suivant, et de le faire jurer par tous les officiers, avocats, procureurs, praticiens et autres qui s'y trouveraient lors de la publication. Le roi de France et le roi d'Angleterre arrivèrent à Paris le 1er décembre et les bourgeois allèrent en grand nombre au-devant d'eux et leur firent une entrée des plus magnifiques. Ils n'envisageaient que la cessation des troubles et ne songeaient pas que Paris allait se trouver sous la domination anglaise ! Les rues furent richement tendues, depuis la porte Saint-Denis jusqu'à Notre-Dame, « et tout le peuple criait Noël pour montrer sa joie ». Les deux rois marchaient à côté l'un de l'autre, Charles VI ayant la droite. Ensuite venaient les ducs de Clarence et de Bedford, frères du roi d'Angleterre, et le duc de Bourgogne vêtu de deuil. Ils étaient suivis d'un nombreux cortège de princes, de chevaliers et d'écuyers à cheval. Arrivés à la cathédrale, les deux rois firent leurs prières, puis ils remontèrent à cheval et se séparèrent, le roi de France pour se rendre à l'hôtel Saint-Paul, et celui d'Angleterre pour aller, avec ses deux frères, loger au Louvre. Le duc de Bourgogne, après avoir accompagné Charles VI, se retira en son hôtel d'Artois, Le lendemain les deux reines firent leur entrée par la porte Saint-Antoine et les rues furent tendues de tapisseries comme la veille. Toute cette journée et la nuit qui suivit se passèrent en festins et en divertissements. Dans plusieurs quartiers de Paris, il y eut des fontaines qui laissèrent couler du vin. Le 23, le duc de Bourgogne demanda justice au roi de l'assassinat de son père. Le conseil fut assemblé à l'hôtel Saint-Paul, et il fut décidé qu'on sévirait contre les meurtriers. En conséquence, le dauphin fut cité à la table de marbre et condamné par contumace à être banni du royaume ; il fut déclaré incapable de succéder à la couronne de France, sentence dont il appela à la pointe de son épée. A partir de ce moment, tout fut double en France ; il y eut deux rois, deux régents, deux conseils et deux parlements, sans parler des grands officiers que chaque parti créa suivant sa volonté. Après les fêtes de Noël, le roi d'Angleterre quitta Paris pour aller à Rouen ; il y laissa pour le représenter le duc d'Exester, son oncle, qui fit arrêter le maréchal de l'Isle-Adam. Celui-ci était fort aimé à Paris ; un millier d'hommes se disposèrent à l'enlever des mains du duc d'Exester qui le faisait conduire à la Bastille. Le duc, escorté de cent vingt archers anglais, fit pleuvoir une gêrle de flèches sur la populace, garda son prisonnier, et le fit écrouer à la Bastille. Les Parisiens commencèrent à s'apercevoir que le traité de Troyes ne les rendait pas plus heureux ; la cherté des vivres devint telle que les riches seuls purent s'en procurer ; des bandes d'affamés suivaient les écorcheurs de chiens dans la campagne pour manger les chairs et les tripes de ces animaux. On trouva dans Paris une femme morte de faim qui avait encore son enfant vivant pendu au sein. Quelques personnes charitables, touchées de compassion, achetèrent trois ou quatre maisons qu'elles transformèrent en hôpitaux pour les enfants. En moins de trois mois, chaque hôpital fut garni de plus de quarante lits. Le roi d'Angleterre fit le siège de Meaux en 1422 ; les habitants se rendirent le 29 mai ; une partie de la garnison prisonnière fut envoyée à Paris. Henri V y rentra ainsi que Charles VI et les deux reines, puis, après les fêtes de la Pentecôte, le roi d'Angleterre repartit pour soumettre la Picardie. Mais, arrivé à Compiègne, il reçut une dépêche qui le rappela en toute hâte. Un complot était tramé par le dauphin, à l'effet de s'emparer de la ville de Paris. La conspiration avait été découverte au moyen de lettres interceptées sur une femme. Le roi d'Angleterre l'interrogea et, convaincu de sa culpabilité, il la fit, sans autre forme de procès, jeter à l'eau avec ses complices, puis s'en retourna pour combattre le dauphin. La mort l'arrêta en chemin ; il mourut le 31 août à Vincennes ; son corps y resta jusqu'au 15 septembre ; on le porta alors en grande pompe à Saint-Denis, mais sans passer par Paris, où du reste sa mort ne changea rien. On renouvela l'alliance faite avec l'Angleterre et les deux partis du roi et du dauphin continuèrent à se combattre. Ce fut au milieu de cette guerre civile, qui ruinait le pays, que Charles VI mourut à Paris le 21 octobre, dans la 43° année de son règne, et la 54° de son âge. Paris n'était pas délivré de ses maux et tous ceux qui gardaient au fond du coeur un peu de patriotisme se demandaient avec terreur quel était l'avenir réservé à la malheureuse capitale de la France, devenue ville anglaise ! Nous n'avons guère à récapituler, à la fin de ce règne calamiteux, les accroissements et les fondations d'établissements utiles. Nous avons mentionné à leur ordre chronologique quelques créations de collèges et de maisons hospitalières : ce fut tout. Paris, tout entier aux luttes des Bourguignons et des Armagnacs, ne s'occupait que de batailler. Les sciences, les lettres, les arts, ne pouvaient guère progresser au milieu des troubles et des discordes des grands, auxquels se trouvaient forcément mêlés les petits, obligés de se ranger tantôt sous la bannière des uns, tantôt sous celle des autres. Une science cependant fut en honneur, la science surnaturelle ; les sorciers, les alchimistes, les magiciens jouirent d'un grand crédit à cette époque, malgré les dangers auxquels les vouait leur dangereuse profession. Jean de Bar, nécromancien et invocateur du diable, créature du duc de Bourgogne, offrit aux princes de leur faire voir le diable, et, assisté d'un prêtre, et d'un clerc, il commença ses conjurations et offrit un sacrifice infernal, mais le diable demeura invisible et Jean de Bar, livré au bras séculier, expira dans les flammes. Les sorciers, pour leurs opérations magiques, dépendaient parfois les cadavres attachés aux gibets et achetaient les enfants mort-nés. Le 10 février 1407, le prévôt de Paris déclara au parlement « que des personnes avaient dépouillé certaines fourches ou gibets patibulaires des environs de Paris, des charognes de ceux qui y avaient été exécutés et si avoient tant fait par certains moyens de femmes ou autres, qu'ils avoient eu certains enfants mort-nés, et estoit grande et vraisemblable présomption qu'ils ne fussent gens crimineux et sorciers ». Le parlement, en présence de l'évêque de Paris, ordonna au prévôt de procéder aux informations. Les modes non plus n'arrêtèrent point leur marche pendant ces temps troublés. « D'extravagances en extravagances, dit l'auteur des Mémoires du peuple français, sous Charles VI, où la houppelande fut la toilette fondamentale des femmes, celles-ci en arrivèrent au point d'adopter la fantaisie la plus bizarre. Elles faisaient valoir le ventre et semblaient toutes enceintes (admirable moyen de cacher les grossesses). Elles y tinrent, cette mode dura quarante années. » L'usage des bracelets et des colliers remonte à ce règne pendant lequel Isabeau développa la mode des robes très longues, à queue, et des manteaux à queue que portaient aussi des suivantes et des pages. Cette mode n'a point disparu à la cour, non plus que celle des livrées ou couleurs distinctives signalant tous les gens attachées à un puissant seigneur. Les livrées existant depuis plusieurs siècles se répandirent singulièrement sous le règne de Charles VI, époque où, malgré les défenses, peu de femmes et de filles abandonnèrent « grand foison de leurs pompes ». Leur cotte hardie était traînante et flottante ; seulement elle ceignait le milieu du corps et, rétrécissant, elle en marquait quelque peu le contour. Une riche fourrure la doublait comme le surcot cachait partout la cotte, excepté aux manches ; les femmes retroussaient excessivement ces manches pour laisser voir leur cotte hardie d'étoffe précieuse ; elles fendaient le surcot pour laisser voir aussi leur ceinture, et ces fentes, les prédicateurs les appelaient « fenêtres d'enfer ». Pendant tout le moyen âge, le clergé, de même que la noblesse, se servit de gants, et les moines, à l'exception de ceux de Fontevrault, avaient les mains gantées même aux principales fêtes de l'église. En face Saint-Martial existait une impasse qui aboutissait à la rue aux Fèves ; on l'appelait la ruelle de la Ganterie ; c'était là que les gantiers tenaient leurs ouvroirs. Les rois et les seigneurs envoyaient, un de leurs gants en signe d'acquiescement et le don d'une paire de gants valant un sou ou deux deniers était le gage d'un marché conclu. D'après un vieux coutumier « à chacune vente soit de maison soit de terre, il y a un gant. » Jean de Sens, ménestrel du roi en 1417, acquit une île de la Marne pour une rente de gants fauves « rendus chacun an à la récolte de Paris à Saint-Rémi ». Au XVe siècle, d'après Olivier de la Marche,les Parisiennes qui, jusqu'alors, n'avaient porté que des mitaines, couvrirent leurs mains de gants parfumés à la violette qui venaient d'Espagne. Ce fut à la même époque que les gantiers abandonnant la ruelle de la Ganterie allèrent se fixer dans le quartier des Halles, rue de la Lingerie. Isabeau de Bavière, arbitre souveraine de la mode, imposa successivement aux Parisiens les tripes, toques très légères, faites d'une espèce de tricot de soie ; les atours, bourrés de filasse,et des coiffures si élevées qu'on dut rehausser les portes des appartements du château de Vincennes pour qu'elles pussent passer. « Le costume de la folie devint celui de la cour. » Folie, en effet, la vie dissipée de cette reine dont les amours adultérins causaient un scandale perpétuel. Folie, celle qui frappant le malheureux roi, ne lui laissait que de courts instants de bon sens, insuffisants pour qu'il pût se rendre compte de l'ambition effrénée de tous ceux qui l'entouraient et ne songeaient qu'à lui arracher son pouvoir souverain par lambeaux. Folie, la lutte que se livraient ces princes qui ne voyaient dans la patrie déchirée qu'une proie offerte au plus habile. Folies de tous genres, qui eurent pour résultat de plonger les Parisiens dans la plus affreuse misère, de donner à l'étranger le droit de commander en maître en France, et de mettre le pays à deux doigts de sa perte totale. « Au château de Vincennes, où Isabeau tenait son état, se faisoient, disait-on, maintes choses déshonnestes et y fréquentoient les seigneurs de La Trémouille, de Giac, Bourrodon (Bois-Bourdon)... Les dames et damoiselles menoient grands et excessifs estats et portoient cornes merveilleuses, hautes et larges, et avoient de chacun côté, en lieu de bourrelets, deux grandes oreilles si larges que quand elles vouloient passer l'huis d'une chambre il falloit qu'elles se tournassent de côté et se baissassent : la chose déplaisoit fort aux gens de bien. » Malheureusement, les gens de bien n'y pouvaient rien et les bourgeoises de Paris, se modelant comme toujours, sur les grandes dames, se livrèrent à toutes les excentricités vestimentaires. Et plus la misère croissait, plus le luxe augmentait ; à l'hôtel de Bohême, habité par Louis d'Orléans, il existait des
Et, pendant ce temps, l'herbe poussait dans les rues, disent les historiens de l'époque, les loups entraient la nuit dans la ville par la rivière ; les imaginations frappées voyaient déjà dans Paris une nouvelle Babylone, dont les débris deviendraient bientôt le repaire des bêtes de proie. En attendant, on terminait la construction de l’église de Saint-Gervais et l'inscription suivante, gravée sur une pierre scellée dans le mur à gauche, rappela la date de la dédicace : « Bonnes gens, plaise vous scavoir que cette présente église de messeigneurs saint Gervais et saint Protais fut dédiée, le dimanche devant la feste de saint Simon saint Jude l'an 1420, par le révérend père en Dieu maître Gombault, évêque d'Agrence, et sera à toujours la feste de l'annualité de dédicace, le dimanche devant la dite feste de saint Simon saint Jude, s'il vous plaît y venir y recommander vos maux et prier pour les bienfaiteurs de cette église et aussi pour les trépassés. Pater noster, Ave Maria. » Cette église, qu'au VIe siècle Fortunat appelait la basilique des saints Gervasii et Protasii, appartenait, au XIe siècle, aux comtes de Meulan, qui en firent don au prieuré de Saint-Nicaise. Cette basilique, dévastée par les Normands, puis sans doute réparée, dura jusqu'au roi Robert. L'édifice qui la remplaça fut commencé en 1212. Fut-il achevé ? on l'ignore ; en tout cas, lui ou un autre pour le remplacer fut terminé, comme on l'a vu, en 1420. L'ensemble des constructions de l'église qui subsiste toujours a toute la délicatesse qui caractérise l'architecture du XVe siècle. « Le portail de Saint-Gervais, dit le Dictionnaire les rues de Paris, ouvrage de Jacques de Brosse, est remarquable par sa belle ordonnance. « La première pierre en fut posée par Louis XIII, le 24 juillet 1616. Il est composé de trois ordres disposés suivant l'usage observé par les anciens architectes, c'est-à-dire l'ordre ionique sur le dorique et le corinthien sur l'ionique. Les deux premiers ordres sont de huit colonnes et le dernier de quatre. Les colonnes de l'ordre dorique sont engagées d'un tiers dans le vif du bâtiment et unies jusqu'à la troisième partie de leur fût, mais te reste est cannelé à côtes. Les colonnes des autres ordres sont isolées. » Malgré la beauté de ce portail, on doit reconnaître qu'il s'accorde fort mal avec le reste de l'édifice, purement ogival ; il a 50 mètres de hauteur et est décoré, au second étage, de deux statues modernes : Saint Protais d'A. Moine et Saint Gervais d'A. Préault. On a ajouté, dans ces derniers temps, à la décoration de la façade, deux groupes de dimensions colossales placés à la base et de chaque côté de l'ordre corinthien et dus au ciseau de M. Jouffroy et de M. Dantan ainé. L'église est cruciforme, ses croisillons
servent de chapelles et n'ont pas de portails ; elle prend jour par de
nombreuses fenêtres à meneaux. Chaque bras de la croix est
coupé dans sa hauteur par une voûte qui forme tribune. « A l'intérieur, lisons-nous dans Paris illustré l'édifice se compose d'une nef avec collatéraux simples bordés de chapelles qui communiquent entre elles. Il compte quatre travées à la nef, deux au choeur et cinq en pourtour à l'abside. Saint-Gervais a perdu la meilleure partie des beaux vitraux exécutés par Jean Cousin et Robert Pinaigrier. Le mieux conservé, le Jugement de Salomon, du premier de ces artistes, éclaire la seconde chapelle à droite du choeur. » La chapelle de la Vierge placée au fond de l'édifice passe pour un morceau d'architecture du style le plus gracieux. La voûte est ornée d'une couronne de pierre en clef pendante. Cet ouvrage, d'une hardiesse surprenante, passe pour le chef-d'oeuvre des frères Jacquet. Les vitraux de cette chapelle furent habilement restaurés en 1846 par M. Grell. La seconde chapelle de gauche a été décorée en 1864 de fresques de M. Gigoux. La chapelle de Sainte-Anne, qui a conservé un grand rétable de la Renaissance, a aussi des fresque récentes. Les six chandeliers et la croix de bronze doré du maître-autel sont des chefs-d'oeuvre du XVIIIe siècle ; ils ont appartenu à l'église abbatiale de Sainte-Geneviève. De fort belles peintures ornent cette église ; d'abord un tableau sur bois à plusieurs compartiments, peint par Albert Dürer ou plutôt à lui attribué, car certains experts nient qu'il soit de Dürer : toutefois, c'est une oeuvre du XVe siècle. M. Heim, Guichard, Caminade, Rouget et Couder ont signé quelques autres tableaux ; il convient encore de signaler les trois grandes fresques de la chapelle de Saint-Gervais peintes par M. Hesse, les fresques de M. Glaize représentant Sainte Geneviève préservant Paris de l'invasion d'Attila, et celle de M. Brune, la Prédication et le Martyre de saint Jean-Baptiste, qui ont été exécutées en 1868. Le mausolée du chancelier Michel Letellier occupe l'immense chapelle de Saint-Gervais et de Saint-Protais, à droite de celle de la Vierge. Il est représenté en marbre blanc à demi couché ; un Génie en pleurs est à ses pieds ; les figures de la Prudence et de la Justice sont sur l'archivolte ; la Religion et la Force, sur les bases des pilastres. Mazeline et Hurtrelle sont les auteurs de ce monument d'après les dessins de Philippe de Champagne. (Il fut conservé pendant la Révolution au musée des Petits-Augustins). Les chanceliers Boucherat et Charles Voysin, Philippe de Champagne, Ducange et Crébillon furent inhumés dans cette église, qui, en 1793, porta le nom de temple de la Jeunesse. En 1802, elle devint seconde succursale de Notre-Dame. En parlant de son portail, Voltaire a dit : « C'est un chef-d'oeuvre auquel il ne manque qu'une place pour contenir ses admirateurs. » Aujourd'hui la place est faite, et l'église est isolée au milieu des rues Jacques de Brosse, François-Miron, des Barres et de l'Hôtel-de-Ville. Il y avait autrefois, en face de l'église, un orme sous lequel se rendait la justice et s'accomplissaient certains actes civils. On l'appelait l'orme Saint-Gervais. Il a été abattu vers 1811. Nous avons vu que Charles VI avait rendu à la ville de Paris la prévôté des marchands et l'échevinage : avant de passer au règne de Charles VII, nous croyons devoir donner au lecteur les lettres patentes en forme d'édit, datées du 27 janvier 1411, qui rétablissent l'administration municipale et la liste entière des prévôts des marchands ; ces documents sont d'une importance considérable : « Charles, par la grâce de Dieu, etc... que comme nostre bonne ville de Paris et qui est la principale ville capitale de nostre royaume ait esté de toute ancienneté décorée de plusieurs grands et notables droits, noblesse, prérogatives, prévillèges, libertez, franchises, possessions, rentes et revenus, et pour le bon gouvernement d'icelle y ait eu de tout temps prévost des marchands et eschevins, clergie, maison appelée la maison de ville, par louer aux bourgeois et plusieurs autres officiers pertinents au fait de la ditte prévosté et eschevinage, par les quels nostre ditte bonne ville et les manants et habitants d'icelle ont été anciennement bien gardez et maintenuz en bonne paix et seuretez et le fait de la marchandise d'icelle estre grandement et noblement soustenu. Depuis aucun temps, en ça pour aucunes causes à ce tous mouvants, nous eussions et ayons pris en nostre main les dittes prévosté, eschevinage, maison de la ville et clergie d'icelle, prévosté des marchands, ensemble la uridiction, coertion, congnoissance, rentes, revenus et autres droits quelconques appartenant à icelle prévosté, etc... « Nous, les choses dessus considérées pour le bien, prouffit et seuretez de nostre ditte ville et pour autres causes et considérations à ce nous mouvants, eu sur ce grand et meure délibération de conseil avec plusieurs de nostre sang et lignage et aultres de nostre grand conseil ; l'empeschement et main mise ainsi que dit est par nous ès dittes prévosté des marchands, eschevinage, clergie, maison de la ville, parlouer aux bourgeois, jurisdiction, coertion, prévillèges, rentes, revenus et droits appartenans d'ancienneté à icelle prévosté des marchands, eschevinage et clergie de nostre ditte bonne ville de Paris, avons levé et osté, levons et ostons à plein de nostre certaine science et propre mouvement, et voulons que nos dits bourgeois, manants et habitants en icelle nostre dite ville des prévosté des dits marchands et eschevinage, clergie, maison de la ville, parlouer aux bourgeois, jurisdiction, coertion, congnoissance, rentes, revenus, possessions quelconques, droits, honneurs, noblesses, prérogatives, franchises, libertez et prévillèges, joyssent entièrement et paisiblement, perpétuellement à toujours pareillement qu'ils faisoient paravant, etc. « Donné à Paris, le vingt-septième jour de janvier 1411 et de nostre règne le trente-deuxième. Ainsi signé par le roy en son conseil, auquel le roy de Sicile, le duc de Bourgogne et plusieurs aultres estoient. »
ÉCHEVINS (de 1411 à 1500). — 1411, Jean
de Troys, Jean de Lolive, Denis de Saint-Yon, Robert de Belloy. —
1412, Pierre Augier, Guillaume Kiriasse. — 1413, G. Kiriasse, Jean
Marceau. — 1414, André d'Espernon, Pierre de Grandrues. —
1415, Jean de Louviers (le jeune), Regnault Pisdoé. — 1416,
Estienne de Bonpuis, Jean du Pré. — 1417, Simon de Terrennes,
Henri Moloue. — 1418, Pierre Voyer, Michel Thibert, Marcelet Testart,
Jean de Louviers. — 1419, Imbert des Champs, Jean de Saint-Yon.
— 1420, Jean de Lolive, Jean de Dammartin. — 1421, Jean de
Cerisy, Jean de Compans. — 1422, Garnier de Saint-Yon, Jean de Belloy.
— 1423, Raoul Dourdin, Jean de la Poterne. — 1429, Imbert
des Champs, Jean de Dampierre, Raymond Marc, Nicolas de Neufville. —
1430, Marcelet Testart, Guillaume de Troyes. — 1431, Robert Climent,
Henri Aufroy. — 1432, Louis Gobert, Jacques de Roye. — 1433,
Garnier de Saint-Yon, Jean de La Poterne. — 1434, Louis Gellée,
Luques Dupleis.— 1436, Jean de Belloy, Nicolas de Neufville,Pierre
des Landes, Jean de Grandrues. — 1437, Simon du Martray, Jean Luillier.
— 1438, Jean de Grandrues, Jean Augier, Jean Theissac, Jacques de
La Fontaine. — 1439, Nicolas Bailly, Jean de La Porte. — 1440,
Michel Culdoé, Jean de Calais. — 1441, Guillaume Nicolas,
Jean de Livres. — 1442, Nicolas de Neufville, Jean de Marle. —
1443, Jean Luillier, Jacques de La Fontaine. — 1414, Nicolas de
Louviers, Jean de Chanteprime. — 1445, J. Luillier, J. de La Fontaine.
— 1446, Pierre de Vaudetart, Jacques de Camlers. — 1447, J.
Luillier, Michel de Camlers, Germain de Braque. — 1448, Guillaume
Nicolas, Enguerrand de Thumery. — 1449, Jean de Marie, Nicolas de
Louviers. — 1450, Nicolas Bailly, Jean Chesnard. —1451, Germain
de Braque, Henri de La Cloche. — 1452, Hugues Ferret, Jean le Riche.
— 1453, Henri de La Cloche, Arnault de Luillier. — 1454, Hugues
Ferret, de Cherbourg. — 1455, Pierre Gallié, Philippe Lallement.
— 1456, Jacques de Hacqueville, Michel de La Grange. — 1457,
Pierre Gallié, Michel Laisié. — 1458, Guillaume Le
Maçon, Jacq. d'Erpy. — 1459, J. de Clerbourg, Pierre Mesnard.
— 1460, Jacq. de La Fontaine, Ant. de Vauboulon. — 1461. Hug.
Ferret, Henry de Paris. — 1462, Ger. de Braque, Guill. de Longuejoue.
— 1463, Jean de Clerbourg, André d'Azy. — 1464, J.
de Harlay, Denis Gilbert. — 1466, Nicolas Potier, Gérard
de Vauboulon. — 1467, P. Gallié, Jacq. de Hacqueville. —
1468, P. Mesnard, Denis Le Breton. — 1469, J. de Harlay, Arnault
de Cambray. — 1470, Denis Le Breton, Simon de Grégy. —
1471, Jean Colletier, Jean des Portes. — 1472, J. de Brebant, Gaucher
Hébert. — 1473. J. Colletier, Jacq. Le Maire. — 1474,
Germ. de Marle, Guill. Le Jay. — 1475, J. Colletier, J. des Portes.
— 1476, Germ. de Marre, J. des Vignes. — 1477, J. Colletier.
H. Le Breton. — 1478, Germ. de Marle, J. des Vignes. — 1479,
J. Colletier, Simon de Neufville. — 1480, J. des Vignes, Imbert
Luillier. — 1481, J. Colletier, S. de Neufville. — 1482, Imb.
Luillier, Nic. du Hamel. — 1483, J. Colletier, S. de Neufville.
— 1484, Gaucher Hébert, Jacq. Nicolas. — 1485, J. de
Harlay, J. de Ruel. — 1486. Guill. de Hacqueville, Jacq. Vaulquier.
—1487, Denis Thumery, Nic. Ferret. — 1488, Jacq. Testes, L.
de Montmiral. — 1489, G. Hébert, Jacq. Vaulquier. —
1490, Simon Malingre, Ch. Lecoq. — 1491, P. de La Poterne, J. Lelièvre.
— 1492, Jacq. Vaulquier, Raoul de Hacqueville. — 1493. Pierre
Etaoulin, J. Brulart. — 1494, P. de Ruel, Jacq. Nicolas. —
1495, J. des Landes, Audry Guyart. — 1496, Jean Le Jay, Mich. Le
Riche. — 1497, Ét. Boucher, Simon Aimé. — 1498,
Antoine Malingre, L. du Harlay. — 1499, P. Turquant, Bernard Ripault.
— 1500, J. de La Pite, J. de Marle, J. Lelièvre, J. de Lolive. |
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