Monuments, édifices de Paris
Cette rubrique vous narre l'origine et l'histoire des monuments et édifices de Paris : comment ils ont évolué, comment ils ont acquis la notoriété qu'on leur connaît aujourd'hui. Pour mieux connaître le passé des monuments et édifices dont un grand nombre existe encore.
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L'OBSERVATOIRE
(D'après Paris, 450 dessins inédits d'après nature, paru en 1890)

La terrasse supérieure de l'Observatoire mesure vingt-sept mètres de hauteur au-dessus du parc, égale à la profondeur de ses fondations, qui forment, jusqu'à vingt-sept mètres au-dessous du sol, de vastes caves sillonnées de rues à la température constante de 12° centigrades. L'une de ces rues aboutit à une grille murée fermant l'entrée des catacombes.

L'astronomie, en tant que science d'observation, est entrée récemment dans une voie nouvelle par l'application de la photographie à l'exécution de la carte du ciel

Statue du Maréchal Ney
; mais les découvertes nouvelles, dont l'étendue est incommensurable comme l'univers lui-même, n'affaibliront pas l'éclat des magnifiques travaux qui conduiront jusqu'à la postérité la plus reculée les noms des Cassini, des Laplace, des Lalande, des Clairaut, des Poisson, des Delambre, des Arago, des Leverrier, qui forment le livre d'or de la science française.

Le Bureau des longitudes, chargé de publier chaque année la « connaissance des temps », siégea longtemps à l'Observatoire. Il a été transféré au palais de l'Institut.

Le carrefour de l'Observatoire fut le théâtre d'un sombre événement le 7 décembre 1815. Ce jour-là, à l'aube, devant le mur et le jardin d'un bal public appelé le bal Bullier ou la Closerie des Lilas, le maréchal Ney, condamné à mort par arrêt de la Cour des pairs, fut passé par les armes.

Nommé Pair de France par Louis XVIII en 1814 après l'abdication de Napoléon, Ney ne siègera que quelques mois à la Chambre des Pairs car, dès le mois de novembre 1815, il devra se soumettre au jugement de cette même Chambre, constituée en Cour de justice, pour trahison envers le Roi et l'Etat. La Chambre des Pairs siégeant au Palais du Luxembourg, c'est là qu'il fera ses dernières déclarations publiques. Mais c'est également là qu'il passe les derniers moments de sa vie, puisqu'à la fin du procès une cellule lui sera aménagée dans l'enceinte même du Palais.

A la place même où tomba le héros d'Elchingen, de la Moskowa et de la retraite de Russie, une statue s'élève pour rappeler, sinon pour expier la cruelle exécution que le général Exelmans, au sein même de la Cour des pairs, qualifia d'assassinat.

Après la révolution de 1848, la piété publique avait élevé au glorieux soldat un cénotaphe improvisé ; le Gouvernement provisoire décréta l'érection d'un monument définitif ; mais son décret ne fut réalisé que par la volonté de l'empereur Napoléon III, et le jour de l'inauguration, 7 décembre 1853, anniversaire de la mort du maréchal, ce fut le comte de Persigny, ministre de l'intérieur, son petit-fils par alliance, qui présida la cérémonie. Le monument se compose d'un piédestal en marbre blanc, reposant sur un soubassement de granit rouge, et supportant la statue du maréchal, modelée par Rude et fondue par Eck et Durand. Le maréchal, sabre en main, semble conduire ses troupes à la charge ou à l'assaut.

Pour achever la description et l'inventaire de l'ancienne clôture dite de l'Université, délimitée par la rue d'Enfer, le boulevard Saint-Michel, la rue Monsieur-le-Prince, la rue de l'Ancienne-Comédie (anciens Fossés-Saint-Germain) et la rue Mazarine (anciens Fossés-de-Nesle), nous descendons, à partir du

Entrée du bal Bullier
carrefour de l'Observatoire, le tronçon subsistant de la rue d'Enfer, parallèle à la rue Saint-Jacques. Cette rue d'Enfer, depuis la place du Lion de Belfort jusqu'à la rencontre du boulevard Saint-Michel, est habitée par un grand nombre d'artistes, à qui le voisinage des hôpitaux et des couvents assure une tranquillité de jour et de nuit très favorable à leurs habitudes nécessairement casanières.

Aux temps anciens, ce quartier logeait toute une population de tailleurs de pierre, travaillant aux carrières du sous-sol. Les statuaires ont remplacé les humbles artisans ; un heureux spéculateur leur a même bâti ; sous le nom d'avenue des Artistes, une vingtaine d'ateliers ouvrant tous sur une ruelle commune, bordés de jardinets, que dominent à gauche les hautes murailles du Bon-Pasteur et à droite les coupoles investigatrices de l'Observatoire.


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