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![]() L'ARC DE TRIOMPHE
(D'après Tableau
de Paris, par Edmond Texier, paru en 1852-1853)
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Telles sont les quatre grandes compositions principales du gigantesque édifice. En considérant le but populaire que l'art avait à y réaliser, il faut bien reconnaître que ce but est à peu près manqué. On a sacrifié la vérité, et c'est à peine si l'on a rencontré cette poésie artificielle qui charme les esprits délicats. La sculpture n'est française que dans la frise et les bas-reliefs, encadrés et tout simplement posés sur les parois nues comme des tableaux accrochés dans un salon. Ces bas-reliefs, qui sont en général remarquables, représentent les funérailles
Ces bas-reliefs sont surtout la part des grosses épaulettes : on a également voulu faire la part du soldat. Les tympans des petits arcs, extérieurement et intérieurement, furent destinés à recevoir quatre groupes où serait glorifiée l'armée dans ses quatre grandes divisions : infanterie, cavalerie, artillerie, marine. Cette idée était heureuse, mais assez difficile à exécuter. Placer huit figures d'hommes dans des espaces si rétrécis, et les rendre assez significatives pour que non-seulement on reconnût en elles les quatre grandes divisions d'armes dont nous venons de parler, mais encore pour que dans le même groupe l'infanterie légère fût opposée à la grosse infanterie, la grosse cavalerie à la cavalerie légère, franchement le problème n'était pas trop facile. On le résolut cependant, mais vous allez voir de quelle façon les uniformes différents de ces huit hommes suffisaient peine à les distinguer les uns des autres. Que fit on ? On leur donna à tous le costume de la nature : on les mit tout nus. Quand ces soldats furent ainsi transformés en baigneurs pour le plus grand triomphe de l'art académique, on continua le travail suivant les données du programme. On mit un fusil par-ci, un boulet de canon par-là, un sabre d'un côté ; une tête de cheval dans un coin, et, à force de finesses de ce genre, cela devint complètement inintelligible ; et l'artiste, forcé d'avouer son impuis-sance à l'égard de l'allégorie, imita naïvement l'enfant qui écrit au-dessous de son dessin ceci est un bonhomme ou une bonne femme. Un médaillon fut placé au-dessus de chaque sujet avec les mots
Infanterie, cavalerie, Artillerie, Marine ; Ces médaillons viendraient à être
changés de place un jour, que cela serait absolument indifférent.
Voilà pourtant ce A quoi cela peut-il servir ? diront les économistes ; mais il y a je ne sais quelle grandeur qui charme l'imagination, à voir une ville se passer la fantaisie d'une si fastueuse inutilité. C'est d'ailleurs le premier essai d'une entrée vraiment monumentale qui ait été mené à bonne fin, car je ne compte pas les portes Saint-Denis et Saint-Martin, enclavées aujourd'hui, non plus que ces constructions massives qui servent à
Et puisque nous avons prononcé le mot de barrière, disons tout
de suite que le mur d'enceinte de Paris, dont elles sont les portes, ne remonte
pas au-delà de 1784. Ce mur d'enceinte a été une entreprise
toute fiscale au profit des fermiers généraux qui en obtinrent
concession du ministre Calonne. Les habitants, se voyant emprisonner, laissèrent échapper
beaucoup de plaintes et de quolibets, plus de quolibets encore que de plaintes
très vraisemblablement ; le vers en jeux de mots suivant a survécu
: Le mur murant Paris rend Paris murmurant. Le même fait s'est reproduit depuis, mais sur une bien plus vaste échelle le mur, d'enceinte des fortifications a été une nouvelle édition considérablement augmentée, et, vu la grandeur du format, beaucoup plus dispendieuse encore que la première. Des hauteurs de cet arc triomphal, la vue est magnifique : d'un côté, tout Paris couronné vers le nord de ce mamelon dont le Parisien est si fier, la butte Montmartre ; du côté opposé, la campagne à perte de vue, les coteaux de Sèvres, de Ville-d'Avray, le parc de Saint-Cloud, les hauteurs de Marly, puis les riants villages de Neuilly, de Courbevoie, de Suresnes, les villas de la banlieue qui bordent le fleuve, et ce bois de Boulogne tout plein de bruits sonores ; tout en face est la grande avenue de Neuilly, qui s'étend, ruban gigantesque, en traversant la Seine, jusqu'au carrefour de la Patte d'oie ; à gauche, l'avenue de Charles X, bordée de riantes maisonnettes, de chalets suisses et de castels moyen âge. L'avenue Charles X est le grand chemin des cavaliers, des amazones et des équipages qui vont au bois. Vers quatre heures, dans les beaux jours de printemps, cette avenue est sillonnée de calèches, de colimaçons, de briskas, de tandems, de broughams, de nies, traînés par des chevaux caparaçonnés et encocardés. C'est le fleuve aristocratique qui roule ses flots de promeneurs. C'est le Hyde-ParK de Paris ; à sa droite, le spectateur aperçoit dans le lointain les blanches cimes de Maisons, une petite ville italienne, transportée comme par enchantement des bords de quelque rivière napolitaine sur les rives de la Seine. L'Arc de triomphe de l'Étoile a été élevé sur un terrain qui appartenait au petit
Sur le rond-point jadis désert on a bâti des moisons qui ont appelé d'autres maisons, et à l'heure présente des rues sont tracées, bordées d'habitations élégantes, là ou naguère on ne voyait que des terrains vagues. A Paris il ne faut que quelques années pour transformer en une ville un marécage. C'est à quelques pas de l'Arc de triomphe qu'est située la chapelle de Saint Ferdinand, élevée la mémoire du regrettable due d'Orléans. Le voyageur qui pénètre pour la première fois dans Paris par cette entrée monumentale reste un instant ébahi à l'aspect de tant de magnificence de la grille de la barrière il aperçoit de chaque côté de la grande avenue cette forêt d'arbres séculaires qui abritent de leur ombre les Champs-Élysées ; en face de lui, la place de la Concordé avec ses statues, ses fontaines, ses chevaux de marbre et son aiguille de granit, puis, dans le lointain, le palais des Tuileries, dont le pavillon principal se détache au milieu de son cadre de verdure.
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