Personnages pittoresques Paris
Une rubrique qui vous invite à découvrir la vie de personnages célèbres ou méconnus ayant marqué l'Histoire de Paris : notes biographiques pour se plonger dans la vie et l'oeuvre de personnalités marquantes de la capitale.
magazine d'histoire, chroniques anciennes, le Paris d'antan, périodiques du passé
de la rubrique
Personnages
CLIQUEZ ICI

ÉTIENNE LARROQUE, le doyen des écrivains publics
(D'après Les célébrités de la rue, paru en 1868)

La dernière des échoppes de l'écrivain public vient d'être emportée par le tracé de la rue Monge ; elle était située dans le quartier Saint-Victor, au bas de la rue des Fossés-Saint-Bernard. Celui qui l'occupait était un nommé Etienne

Larroque, ancien huissier, que des revers acharnés et une misère persistante avaient jeté dans les bas-fonds de la société.

Il était là, dans cette boîte en planches de trois pieds carrés, depuis près de quarante ans, et k nombre de lettres, de placets, de pétitions qu'il a écrits durant cette longue période ne saurait se calculer. Tout le monde le connaissait dans le quartier ; à l'époque où les enseignes en vers étaient à la mode, il avait placé au-dessus de sa porte l'écriteau suivant, qui s'y trouvait encore en 1849 :

L'écrivain fait des couplets Pour mariages ou bouquets ; Des épitaphes pour tombeaux, Diverses poésies à propos. Sans y mêler de critique, Il exerce l'art poétique.

Du chaste amour, dans ses vers, Il peint les sentiments divers. Venez à lui, jeunes amateurs, Il garde les secrets des cœurs.

Étienne Larroque était le doyen des écrivains publics ; il avait près de quatre-vingts ans, et jamais il n'avait déserté son poste une seule fois ; jamais on n'avait vu son échoppe fermée pour cause d'indisposition. Où est-il allé ? Dans quel quartier a-t-il porté son industrie ? C'est ce que nous ne saurions dire. Peut-être va-t-il profiter de cette expropriation pour vivre de ses rentes.

Il est à remarquer, d'ailleurs, que l'écrivain public a disparu, du moins l'écrivain public de la rue, celui qui logeait dans ces huttes noires, fétides, puantes, que l'on voyait naguère encore pousser comme des verrues aux encoignures des monuments ou aux angles des carrefours. Les transformations successives de Paris ont fait disparaître ces misérables échoppes, et l'écrivain public, dont elles étaient l'asile, a été obligé de se mettre en chambre. C'est un type perdu.


 

:: HAUT DE PAGE    :: ACCUEIL

magazine d'histoire, chroniques anciennes, le Paris d'antan, périodiques du passé
de la rubrique
Personnages
CLIQUEZ ICI