Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places, quartiers de Paris : comment ils ont évolué, comment ils sont devenus le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places, quartiers de Paris dont un grand nombre existe encore.
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RUE ET IMPASSE DES BOURDONNAIS
Ier arrondissement de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, par Charles Lefeuve, paru en 1875)

Notice écrite en 1858. Précédemment, rue de l'Arche Marion, entre le quai de la Mégisserie et la rue Saint-Germain L'auxerrois ; rue Thibault aux Dés, entre les rues Saint-Germain L'auxerrois et de Rivoli ; rue des Bourdonnais, entre les rues de Rivoli et Saint-Honoré ; rue Lenoir Saint-Honoré, entre les rues Saint-honoré et de la Poterie. L'ancienne rue de l'Arche Marion existait en 1300 ; au début du XIVe siècle, elle portait le nom de rue de l'Abreuvoir Thibaut aux Dés et, plus tard, rue des Jardins puis, ruelle Jean de la Poterne. En 1530, elle devint la rue des Etuves ou des Etuves aux Femmes et, enfin, rue de l'Abreuvoir Marion ou de l'Arche Marion. Elle aurait aussi porté le nom de rue de l'Archet ou de l'Archer. L'ancienne rue Thibault aux Dés existait en 1230, sous le nom de Théobaldi ad Decios. En 1295, rue Théobaldi ad Tados et rue Thibaud aux Dés. Ce nom a été souvent altéré. Au XVe siècle, on l'appelait rue Thibaut Ausdet ou rue Thibault Ausdet, Thibaut Todé, Thibault Oudet, Thiébaud Audet. L'ancienne rue des Bourdonnais était primitivement rue des Bourdonnas (Guillot) ; à la fin du XIIIe siècle, rue Adam Bourdon, rue Guillaume Bourdon et rue Sire Guillaume Bourdon ; au début du XIVe siècle, rue des Bourdonnais. L'ancienne rue Lenoir Saint-Honoré fut ouverte en 1787. La partie comprise entre les rues au Lard et de la Poterie n'était anciennement qu'un passage appelé passage de l'Echaudé. La partie comprise entre les rues des Halles et Berger a été déclassée par l'arr. du 30 août 1972 (aménagement du secteur Forum central des Halles), puis supprimée. Cette voie doit son nom aux sieurs Adam et Guillaume Bourdon, notables bourgeois ayant exercé des fonctions municipales au XIIe siècle.

Il s'en allait alors de quelque chose que la rue des Bourdonnais se prolongeât jusqu'à l'emplacement de la rue Berger actuelle ; à cette extrémité elle s'est élargie et remise à neuf, depuis la rue Saint-Honoré, et la nouvelle rue des Halles la croise au même carrefour. L'autre bout a changé de niveau, comme le quai de la Mégisserie, mais seulement pour les voitures : des marches et des parapets réservent aux piétons deux trottoirs à l'ancienne élévation. Tout y est de construction nouvelle jusqu'à la rue Saint-Germain-l'Auxerrois, qui naguère traversait la rue des Bourdonnais, mais qui n'y donne plus que d'un côté. L'une des autres maisons séculaires qui ont disparu était au fond de l'impasse des Bourdonnais, maintenant à jour, qui conduirait à la nouvelle rue du Pont-Neuf si une barraque n'y mettait le holà.

1. - Entre la Rue de la Poterie et la Rue Saint-Honoré : Une maison qu'il a fallu couper, en 1787, pour percer la petite rue Lenoir, et qui se retrouve aujourd'hui rue des Bourdonnais, 45, appartenait, d'après le plan de Turgot, à la rue de la Chaussetterie, maintenant incorporée à celle Saint-Honoré. En effet, à travers une grille, voyez cette cour réduite de moitié, ces balcons ou plutôt ces ponts renouant à chaque étage la communication interrompue ; voyez enfin ces jours, pris sur la rue par des simulacres de croisées, comme dans un décor de théâtre.

Le nom propre qu'on ne lit déjà plus sur les écriteaux bleus à lettres blanches était celui de Lenoir, lieutenant de police : le bout de rue dédié à ce magistrat a mis en appétit la rue des Bourdonnais, qui a fini par n'en faire qu'une bouchée, pour se trouver encore plus près des Halles. Le passage de l'Échaudé, déjà ouvert sous Louis XIV, allait du la rue au Lard à la boucherie de Beauvais, rue de la Poterie, et la viande s'étalait jusque dans ce passage. Une porte à colonnes, dominée par un grand balcon, fait remarquer la plus moderne des maisons de l'ancienne rue Lenoir ; l'architecte Souris l'édifiait, sous Louis XVI, pour Mme Darpesme, marchande de vin vis-à-vis, dont le fils ensuite fut banquier.

II. - Ancienne Rue des Bourdonnais, comprise entre les Rues Saint-Honoré et Rivoli : 26 Maisons, 7 Lanternes en 1714. Le nom de rue Adam-Bourdon-et-sire-Guillaume-Bourdon est porté tout au long, dès 1297, par celle qui l'abrège un peu plus tard. Guillaume Bourdon est de la même époque et il a un ou plusieurs frères, ladite rue comptant alors de 6 à 7 Bourdon pour habitants.
La draperie, la bonneterie, la toile et autres branches du commerce des tissus ont leur café de prédilection au coin des rues Saint-Honoré et Bourdonnais ; la laine s'y assouplit, le coton s'y détord, le crin lui-même s'y amadoue, depuis l'époque de la Convention, et plus d'un commis-voyageur y a vu, dans une seule soirée, jusqu'à 450 demi-tasses passer à son débit ou à son crédit sur le grand-livre de la dame du comptoir. Dans le cours du siècle précédent, cette encoignure appartint à Foin, conseiller au parlement.

Les autres propriétaires de la rue des Bourdonnais d'alors étaient du même côté, c'est-à-dire à gauche pour qui venait de la rue Saint-Honoré :

– M. Pajot, en son hôtel. – Le même, à l'enseigne du Grand-Louis. – M. de Chaunoy. – M. Boulanger. – M. Roser. – Le même. – Le même.


Sur la droite se suivaient :

M. de Clérambaut, à l'angle de la rue Saint-honoré. – La présidente Boucher, à la Pomme-d'or. – M. Porlier, à la Tête-Noire. – Mlle Maillié. – La même, à la Providence. – M. Boutet, au Roi-des-Romains et à la Croix-d'or. – M. de Bourges, maître des comptes, à la Ville-de-Lyon. – Le même, à l'Eau-de-Bretagne.
– Les héritiers du président Roze, à la Couronne-d'or. – M. Noblet. – M. Truchot, greffier. – Le même. La veuve Honoré. – M. Prédot, architecte.

Et la plupart de leurs maisons se retrouvent.

Le 39 a eu beau changer d'enseigne, au coin de l'impasse des Bourdonnais, sa Barbe-d'or ne reluit qu'au menton de l'ancienne Tête-Noire. D'autres sculptures peintes et des inscriptions commerciales barriolent le mur extérieur de cette propriété, qui fut un petit hôtel entre cour et jardin. D'autres. logis bien plus considérables pouvaient prétendre au doyenné de la rue, en tant que dignité ; mais celui-là pouvait leur disputer la doyenneté d'âge. La directe eu étant contestée au fief de la Trémoille, il y avait eu transaction, vers le milieu du règne de Louis XIV, entre l'Archevêché et le Domaine, ce dernier s'étant désisté de ses prétentions moyennant compensation.

Mme Porlier, née Suzanne Fardoël, était propriétaire à cette époque ; elle-eut pour héritiers les Porlier de Compiègne, ses fils, auxquels succéda la famille Brochant en l'année 1729. Les Brochant vendirent à Barbier, vingt-neuf ans après, et c'est alors que la Barbe l'emporta : un jeu de mots pesait dans la balance. Barbier était marchand ; il n'en acheta pas moins dans l'impasse et la rue deux autres maisons, contiguës à la Barbe-d'or, l'une aux enchères publiques et l'autre de Tullier, secrétaire du roi, à l'image de la Reine de Pologne, à l'ancienne image de l'Enfant-Jésus.

Il avait donc en 1786 les n°s 39 et 41 d'à présent, et le 43 était au sieur Hamelin. M. Barbier, marchand de soieries; s'établissait encore en l'an IV dans la principale de ces maisons, à la place de quelqu'un des siens. La Barbe-d'Or avait plusieurs portes sur l'impasse, qui avait cessé d'en être une pendant le règne de Charles VI, car elle se prolongeait alors, et pendant les règnes qui suivirent, jusqu'à la rue Tirechappe, sous le nom de rue du Cul-de-Sac, puis de rue qui-aboutit-à-la-rue-des Bourdonnais.

Dans le cours du XVIe siècle, la dénomination plus pittoresque de ruelle, puis de cul-de-sac de la Fosse-aux-Chiens, prévalut malheureusement : elle rappelle un dépôt local de boues, de charognes et d'autres immondices, qu'eut la ville au-delà de sa deuxième enceinte. De cette voirie il restait quelque odeur dans le marché aux Porcs qui en avait d'abord pris la place.

En l'an 1349, on y avait brûlé deux femmes hérétiques, de la secte des Turlupins, et cet autodafé purement d'essai avait été suivi, trois siècles après, de beaucoup d'autres, en vertu de la loi incessante du progrès ; on y avait aussi plongé dans l'eau bouillante des faux-monnayeurs, schismatiques dont l'hérésie pratique était autrement dangereuse.

Un peu avant la mort de Louis XIV, l'impasse comportait déjà 4 maisons et 2 lanternes, mais encore conciliantes, encore prêtes à fermer les yeux sur bien des choses : c'était pourtant l'âge d'or du cul-de-sac aux antécédents fanatiques et pestilentiels. Ses murs bossués, ses portes presque romanes, ses fenêtres, dont bien des vitres sont en papier ; d'autres en verre de bouteille, enfin ses escaliers à marches déprimées ont encore moins dégénéré que le rang de ses habitants. Nous doutons, il faut en convenir, qu'Henri de Valois, seigneur d'Orcé, historiographe du roi, rencontrat plus de fondrières et de flaques d'eau, au XVIIe siècle que si c'était au moment ou nous écrivons, pour rentrer dans l'hôtel où il vivait avec sa mère et ses frères (2ème porte cochère à gauche dans l'impasse).

Cette circonstance n'était pas de nature à guérir la mauvaise humeur qui lui était familière, mais qui ne l'empêcha pas de se marier, à l'âge de 60 ans et aveugle, avec une jeune femme, de laquelle il eut sept enfants. Son frère, Adrien de Valois, également historiographe et pensionné comme homme de lettres, fit un mariage tout aussi peu précoce. L'un d'eux était le père de l'ingénieux écrivain Charles de Valois, membre de l'Académie des inscriptions et auteur de Vadesiana. Même impasse, n° 6, un escalier à belle rampe est de l'âge qu'aurait l'aîné de ces Valois ; un maréchal-de-camp possédait la maison, avant qu'elle fût réparée en 1770 par le vendeur du grand-père de M. Hérelle, notre çontemporain. Quant à la Fosse-aux-Chiens, son noin a été supprimé seulement en 1808, sur la demande des habitants, accueillie par M. Frochot, préfet de la Seine.

Voici, du reste, quels étaient les voisins de la précitée Mme Porlier dans le cul-de-sac où elle avait au moins une porte cochère :

Alexandre, au Château-Couronné, où l'on entrait par la rue Saint-Honoré. Gaillard, porte cochère (ancien hôtel Valois). Godeheu, entrée rue Tirechappe. L'abbé Gilbert, item. De Menues, banquier, porte cochère. Boutet, entrée par le cul de-sac et par la rue des Bourdonnais. Mlle Maillet, entrée par la rue des Bourdonnais.

Les 4 maisons officiellement portées à l'avoir du cul-de-sac étaient probablement celles de Barbier, de Gaillard; du banquier Mennes et de Boutet. M. de Fromand était propriétaire dans le fond, sur la fin de l'ancien régime.

L'hôtel Valois, au reste, dépendait de l'hôtel Mazarin (n° 35 de la rue) : quoi d'étrange à ce que le cardinal-ministre logeât Henri de Valois, auquel il servait une pension, tout comme le président de Mesmes, et qu'il mit sur son testament ! Alors on se préoccupait peut-être un peu trop tôt, mais cela vaut encore mieux que trop tard, du qu'en dira-t-on de l'histoire, qui, pour ne pas s'écrire dans un grenier, loin des secrets d'Etat, ne les en surprenait que mieux. L'unité, il est vrai, n'en avait pas fait une énigme difficile à déchiffrer ; il y avait en ce temps-là non seulement les voeux et les prétentions, mais encore les droit des parlements, des juridictions, de l'Église, des paroisses, des provinces, des communes, des seigneuries et de la bourgeoisie, pour contredire au bon plaisir du roi, des princes du sang et des ministres, qui seraient maintenant désolés d'avoir affaire à si forte' partie.

L'historiographe du roi et celui de la Ville jouissaient alors de plus d'indépendance encore que la presse officielle et officieuse de notre temps ; mais les mémoires, ces épreuves de l'histoire, faisaient toujours de l'opposition. Aussi bien l'hôtel Mazarin de la rue des Bourdonnais doit avoir été peu de temps et de bonne heure la résidence en titre du cardinal, qui avait commencé par recevoir à Paris, comme nonce du pape, l'hospitalité de Richelieu, dont il était la créature.

Gomboust, lorsqu'il gravait son plan de Paris, soulignait cet hôtel, bâtiments et jardins, d'une légende microscopique en lettres italiques, laquelle au moyen d'une loupe nous avons déchiffrée ainsi : La Donania ; l'invraisemblance de cette version trahissant une faute d'impression, nous croyons que l'hôtel Mazarin était devenu La Douane. Il se peut néanmoins que ce fût ou Le Domaine ou La Monnaie. Celle-ci, à la vérité, s'étendait plus tard de la rue de la Monnaie aux rues Boucher et Thibautodé, c'est-à-dire plus bas ; mais ayant, par ordre de Louis XIII, essayé de s'établir au Louvre, elle avait pu, après cela, se contenter quelque temps d'un local provisoire.

En 1623 une propriété, donnant du même côté sur la rue et du même sur le cul-de-sac, avait appartenu à Levieulx, et il est probable que nous la revoyons aujourd'hui dans l'ancien séjour de Mazarin, dans l'anéien Roi-des-Romains et dans l'ancienne Croix-d'or. Michel Boutet, l'un des quartiniers de la ville de Paris, y demeurait déjà lorsqu'il acquit, en l'année 1699, le fief de la Trémoille. Mais le moyen que cette terre noble ne fût pas dès lors divisée ! Ne figure-t-elle pas parmi les neuf fiefs dont l'historien Sauval, mort en 1670, avait à sa manière passé reconnaissance à l'archevêque de Paris ?

Comme un hôtel superbe se fait encore sentir dans les trois corps de logis de Boutet, maintenant à M. pesage de Mongey ! Les marchandises l'encombrent, il ne plie pas ! De magnifiques escaliers en pierre, larges comme ceux des Tuileries, prêtént leurs rampes de fer aux mains calleuses, bien que l'un d'eux soit encore décoré du chiffre de Son Eminence. M. de Mopgey a transporté dans sa maison de campagne un immense portrait du cardinal, dont la famille Séguier a la copie, et qui ornait le grand salon du premier ; son appartement de Pari est enrichi de consoles et de girandoles, fortes en dorures, qu'il a fallû retirer de la même pièce, pour y étager des rayons. Le derrière de l'hôtel va être prochainement entamé, pour élargir la rue Tirechappe.

M. le comte d'Hauterive, propriétaire du 33, s'est empressé de mettre ses titres à la disposition de l'historiographe des Anciennes Maisons de Paris ; mais ils ne vont pas plus haut que le milieu du siècle précédent, et aucun nom propre n'y éclipse ceux, du détenteur actuel et de ses prédécesseurs déja cités, les deux de Bourges, famille à laquelle s'est allié M. Leroux de Lincy, archéologue. Malgré la grande porte de cette propriété, elle a dû être originairement, au coeur du fief de la Trémoille, le petit hôtel d'un des deux plus grands qui l'énserraient.

Le 31 occupe l'emplacement de la Couronne-d'Or, qui avait été l'hôtel des Carnaulx. Des négociants, MM. Cohin et Cie, l'ayant fait reconstruire en 1841, ont donné, pour ne pas tout perdre de cet édifice merveilleux, manoir aux pierres brodées comme par les fées, une tourelle et un escalier fort remarquables a l'école des Beaux-Arts. Deux pierres finement sculptées ont échappé, toutes seules, et à la destruction et à l'exil ; on les a incrustées de chaque côté du portail, à l'intérieur de ce temple du commerce aux comptoirs si multipliés. Les arabesques enchâssées dans cette cour rappellent aux initiés l'histoire de la maison la phis célèbre de la rue.

La totalité n'en fut pas construite par Pierre Le Gendre, trésorier de l'extraordinaire des guerres sous Louis XII, car elle avait été dès le XIIIe siècle séjour royal : Philippe-le-Bel, puis Charles d'Orléans, frère du roi Jean, y avaient résidé. Guy de la Trémoille fut fieffé, le premier, de la grande et de la petite Trémoille ; il en fit décorer le chef-lieu avec un goût auquel on rend encore hommage. Vint ensuite Louis de la Trémoille, sur qui le roi ne vengea pas les, injures faites au duc d'Orléans. Petite terre pour de grands-officiers de la Couronne, mais bien située, à quelques pas du Louvre ! Ils y avaient droit de justice, et leur censive se maintint jusqu'à la Révolution au profit de leur ayant-droits, sur tous les terrains aliénés de l'une et de l'autre Trémoille.

Les sires de cette vaillante race furent même de maison souveraine : Aline de Laval, fille de Charlotte d'Aragon, princesse de Tarente, en épousant un membre de cette famille, lui apporta ses prétentions au trône de Naples en l'année 1521, et de là vient le titre d'altesse accordé à leurs descendants. Le grand hôtel dont nous parlons longeait toute la rue de Béthisy jusqu'à celle Tirechappe (la rue de Béthisy a été englobée par le prolongement de la rue de Rivoli, et celle Tirechappe par la nouvelle rue du Pont-Neuf), avec plusieurs issues. Une portion tout au moins en appartenait à Antoine du Bourg, chancelier de France, sous le règne de François Ier ; néanmoins les Drapiers en acquéraient aussi, dès 1527, de quoi faire un hôtel pour leur communauté ; ils y plaçaient tout de suite leur bureau, et puis y mettaient les maçons, au milieu du siècle suivant, pour opérer une reconstruction.

L'an 1629, cette corporation, dont Philippe-Auguste avait érigé les statuts, demandait des armoiries aux prévôt et, échevins, et bientôt elle portait : un navire d'argent à la bannière de France flottante, un oeil en chef sur un champ d'azur. Mais cette confrérie avait, une rivale dans celle des Drapiers-chaussetiers, dont le patron était différent, et qui lui disputa le pas jusqu'à la réunion des deux corps, en l'année 1648. Cependant Pomponne de Bellièvre, surintendant des finances d'Henri III, puis disgracié, puis chancelier de France sous Henri IV, puis encore déshérité de la faveur royale, laissa tout ce que le chancelier du Bourg avait eu de l'hôtel en sa possession antérieure à Nicolas, un de ses fils, président à mortier, doué d'une énergie héroïque ; ce dernier engendra un autre président, qui épousa la fille de BuIlion le surintendant, et qui vécut avec magnificence, tout en appliquant beaucoup d'argent à la fondation de l'Hôpital-Général.

La famille de M. Lacrosse dispose depuis 1820 d'un immeuble, sis à l'angle de la rue Limace (cette petite rue débouchait naguère à l'endroit où s'élève une construction neuve, qui porte le n° 36, en face de l'impasse des Bourdonnais et de la Barbe-d'Or), qui fut adjugé en 1787 à Muraine, marchand de draps. Le reste de ses antécédents se confond avec ceux d'une maison à laquelle il se rattachait, et dont nous allons vous parler.

La belle porte, au n° 30 ! et comme cette façade irait bien à l'ancien chef-lieu d'une Trémoille, ne fût-ce que la petite, ou de quelque autre fief ! La Trémoille s'étendit, en effet, d'une rive à l'autre de la rue des Bourdonnais ; mais le fief de la Crosse-Saint-l'on y occupait l'un des deux angles de la rue Boucher, auquel vis-à-vis était fait par l'un des angles du fief Popin. Pierre Legendre, ce contemporain de Louis de la Trémoille, ne fut pas moins propriétaire au 30 qu'au 31 de notre époque et il doit y avoir d'autres précédents communs aux deux immeubles.

Le financier du temps de Louis XII remplissait sous le règne suivant, les l'onctions de prévôt des ma rchands, lorsque se livra cette bataille où tout fut perdu fors l'honneur. Il laissa son second hôtel, avec d'autres biens, terres et seigneuries, à son petit-neveu, Nicolas de Neufville, lequel fut élu à son tour, en l'année 1666, chef de l'édilité parisienne. Ce Neufville, qui vécut encore trente-deux ans, et que le roi fit chevalier de son ordre, se trouva le grand'père du marquis de
Villeroi, gouverneur du Lyonnais en 1615, mort à vingt-sept années de là Nicolas, fils de celui-ci, eut, au lieu d'une province, l'enfance de Louis XIV à gouverner, fut maréchal de France, puis duc et pair. Ainsi la rue des Bourdonnais, dans laquelle plus d'un porte-balle, venu à Paris en sabots, s'est érigé lui-même en millionnaire, a vu se faire plus lentement la haute fortune des Villeroi, œuvre de plusieurs générations.

Le maréchal vivait encore lorsque Pajot prit possession de la propriété, ayant une seconde entrée rue des Déchargeurs, et le nouveau-venu en fit bientôt l'hôtel des Postés, dont il était contrôleur-général : Pajot, reçu secrétaire du roi en 1680, était l'époux de Marie-Anne Oger, dame de Villers, Onz-en-Bray et Saint-Aubin. Son fils, comte d'Onzembray, fut aussi contrôleur-général des postes et relais de France, et de plus gendre de Rouillé, son prédécesseur ; ils avaient leur hôtel de campagne à Bercy, où mourut plus tard Louis-Léon, un de leurs enfants, honoraire de l'Académie des Sciences, ancien intendant-général des postes, et dont un frère aussi, Pajot de Villers, avait rempli les fonctions qui sortirent si difficilement de leur famille.

Les honneurs du Mercure de France ont été faits en septembre 1739 aux d'Onzembray, dont le savant, mort sexagénaire en 1754, avait nommé son légataire universel Léon-François Le Gendre d'Onzembray, lieutenant-général des armées du roi. Leur hôtel s'adjugea en 1768 à Antoine Gérard Galley, directeur des bâtiments du roi. M. Combe, directeur de l'entrepôt des verreries de Saint-Quirini, achetait la même propriété, en 1792, des noirs de Ducloslange, décédé secrétaire du roi cinq ans avant. Enfin Tollard, marchand de graines et médecin, prenant aussi dans les contrats sa qualité d'auteur du Traité des Végétaux, léguait l'immeuble en 1842 à M. Gervais.

Encore une maison, le 28, détachée de l'hôtel voisin et qui a été pour le moins tributaire du fief de la Trémoille. Mais en scrutant ainsi la vie privée de l'ancienne rue des Bourdonnais, pour en livrer à la publicité des particularités caractéristiques, où allons-nous placer un hôtel de Fleury, dont Sauvai ne nous a rien dit, mais qu'il a du connattre ? C'était assurément l'une des maisons dont nous venons de forcer la porte.

III. - Ancienne Rue Thibautodé, ajoutée à celle des Bourdonnais en 1852 : 29 Maisons, 6 Lanternes en 1714. Ce tronçon de la rue dont nous nous entre tenons serpente entre la rue de Rivoli et celle Saint-Germain-l'Auxerrois. Thibaut-Odet, trésorier d'Auvergne en 1242, lui aurait donné son premier nom, au dire de l'abbé Lebeuf ; toutefois on écrivait rue Thibault-aux-Dez au siècle XIIIe, et cette orthographe nous reporte à l'existence probable d'un joueur heureux, qui a bâti pignon sur rue au lieu de se jeter à l'eau.

Au début du règne de Louis XV, des boutiques commençaient à remplacer, au rez-de-chaussée des maisons de cette rue, les écuries des petits hôtels de magistrat qui s'y trouvaient, mais qui étaient plus divisés et par conséquent plus nombreux que les immeubles de notre époque, affectés au commerce en gros pour la plupart. Les édifices, à la division près, sont demeurés ce qu'ils étaient alors qu'il en ressortissait de la Trémoille. Néanmoins le fief Popin fut dit aussi Thibautodé ; il figurait sur le Terrier de l'archevêque de Paris pour 10 maisons, et l'évêque du même diocèse en avait reçu foi et hommage alors que la justice particuliére du fief se tenait au porche de l'église.

Saint-Jacques-la-Boucherie. Olivier de Villecroix avait vendu ce domaine féodal, en l'année 1357, à Etienne Marcel, séditieux prévôt des marchands. Je crois que la censive de Notre-Dame pesa à titre plus direct sur un héritage qui paraît être le n° 12 de la présente rue des Bourdonnais. Tout ce qui s'en appelait Thibautodé eut simultanément pour propriétaires riverains dans le courant du XVIIIe siècle :

A gauche, en venant de la rue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois :

– Massaux, au coin de cette dernière rue. – Cottaud, sécrétaire du roi. – Henry. – Blouin, avocat. – Guéribout. – Patu, 2 maisons. Mme de Mailly. – Le Bros. – Mâcon. – de Saint-Genis. – S. M. le roi. – Maillet, conseiller au parlement, hôtel de Beauvais. – Mme de la Villemareuil, à l'enseigne du Roi-de-France, au coin de la rue Béthisy.


A droite :

– Le Double, maître des comptes, pour la maison qui venait alors la 4ème après la rue baint-Germain-l'Auxerrois. – Hallé, ensuite. – Beaulieu, maître des comptes, 3 maisons. – La veuve de M. de la Bonne, au coin de la ruelle des Trois-Visages. – Charron. – Darbaut. – Mlle Laureut, au coin de la rue des Deux-Boules.

Plaise à l'ami lecteur, muni de ce viatique, de reprendre avec nous le cours de la pérégrination.

26, ancien hôtel Le Boullanger. Plusieurs branches de la même famille, ou plusieurs familles à-peu-près du même nom, se sont illustrées dans la robe. Vincent Le Boullanger, avocat au parlement de Paris, puis procureur du roi à Amiens, uni à Antoinette du Béguin, « dont le père était mayeur de la même ville », a fait imprimer en 1586 des Ordonnances politiques. Son fils, Philippe Le Boullanger, seigneur de Salleux, Hamel et autres lieux, conseiller du roi, élu en l'élection d'Amiens, a été à son tour le père de Nicolas, avocat au parlement. Ces deux derniers ont bien connu le petit père André Le Boullanger, parent des magistrats, et de plus augustin réformé, qui a prêché pendant 66 ans dans le royaume et n'est mort qu'en l'année 1657.

La reine-mère, le prince de Condé et beaucoup d'autres personnages goûtaient son genre d'éloquence exubérante d'originalité. Un jour, entre autres, il comparait les quatre docteurs de l'Eglise à des rois, à ceux du jeu de cartes : saint Augustin était roi de coeur, à cause de sa charité ; sainte Ambroise, roi de trèfle, pour les fleurs de son éloquence ; saint Jérôme l'était de pique, en vertu de son style mordant ; et de carreau, saint Grégoirele-Grand, vu sa logique terre-à-terre. La famille de M. Leclère dispose, depuis 60 ans, de la maison Le Boullanger, qui vraisemblablement fut aussi à Darbaut, et où, pour délecter les amateurs, se maintiennent un large escalier à rampe de fer plus d'une fois séculaire et une belle porte toute mouchetée de clous.

M. Rousseau a trouvé au 22, ne faisant jadis qu'un avec le n° 24, un escalier non moins intéressant ; mais le nouveau propriétaire habite un château éloigné, et le concierge, dit-on, n'a pas même l'état des glaces à réclamer aux anciens locataires. Malgré tant de lacunes, M. Rousseau a recueilli sur les lieux des traditions orales, qui en disent plus long que le nom de M. Charron, inscrit au tableau ci-dessus. La maison fut à l'origine celle des commandements de la reine Blanche ; elle attenait à la campagne ; on y vénère encore une borne, dite le pas de la reine, dont elle se servait pour. monter sur un âne. Un prévôt des marchands, ajoute-t-on sans le nommer, a postérieurement habité ce petit manoir historique ; seulement son nom n'a pas fait comme la borne, et c'est à nous de courir après. Mais nous n'irons pas loin, un prévot dos marchands s'étant appelé Charron.

L'impasse des Trois-Visages vient ensuite, mais elle est fermée par une grille, comme les loges des animaux carnassiers au Jardin-des-Plantes. Un honorable négociant, M. Varia, qui compte au nombre des édiles parisiens, est locataire du n° 20, hôtel qui sent encore la grande robe et que pourtant a occupé en l'an 1780 Froisy, simple procureur au grand-conseil. Mme de la Bonne elle-même n'en a-t-elle pas été propriétaire ? Nous nepouvons nous y tromper que d'un numéro.

Or ça, vieille porte à clous du 16, dont la sonnette est un anachronisme, veux-tu reprendre pour un moment ton marteau d'autrefois ? – Pan ! pan ! messire l'Hoste de Beaulieu est-il céans ? – Vous le trouverez à la cour des comptes... Or cette indication ne nous dit pas grand'chose quant à l'année. L'hoste, seigneur de Beaulieu, était maître des comptes dès 1683 ; mais son petit-fils l'était aussi, quand commença la guerre de Sept-ans : un membre du grand-conseil, qui s'était démis de sa charge en l'année 1722, avait eu celui-ci pour fils et celui-là pour père. Pinguet de Bellingan laissa ensuite en héritage à la veuve d'un Le Boullanger, seigneur de Rivery, conseiller du roi, lieutenant au bailliage et siège présidial d'Amiens, l'hôtel qui se trouvait sous la censive de la chapelle des Cinq-Saints, laquelle faisait partie de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois.

Hariagne de Guiberville, seigneur des Corcelles, président honoraire au parlement, disposait alors d'une maison toute voisine, qu'on ne tarda pas à joindre à l'autre et qu'il tenait de sa mère, veuve de Pierre Hariagne, secrétaire du roi, trésorier du duc d'Orléans. Après la signature du funeste traité de Paris, conclusion de la guerre de Sept-ans, le sieur Cosseron, ancien mercier de la rue Saint-Honoré, possédait l'une et l'autre propriété, qu'il joignait en les réparant d'importance. L'immeuble appartenait postérieurement à M. Tiolier, graveur-général des monnaies sous l'Empire. M. le général baron de Béville, à présent aide-de-camp de l'Empereur, a épousé une Dlle Tiolier ; c'est ainsi que M. Grenet tiént de M. de Béville ladite propriété, ainsi que le n°18, qui venait d'être presque entièrement refait.

Un passage mettait la rue Thibautodé en communication directe avec l'ancienne Monnaie. L'habitation du chef de l'établissement a entièrement échappé à la démolition, autorisée en 1776, des bâtiments de cette Monnaie ; vous le voyez dans le n° 19, dont la façade est ornée de sculptures et séparée de la rue par une cour : des vestiges de peintures y apparaissent derrière des rayons de magasins. Georges de Saint-Julien, procureur au Châtelet, s'est fait adjuger, après la translation de la Monnaie, l'ancienne maison du directeur, et depuis lors, mais en vain, l'Etat a essayé de revenir sur l'adjudication.

Que dire ensuite du 14, après avoir franchi sa porte à clous ? Noël Hailé, peintre distingué, y précéda son fils, qui devint médecin de Napoléon Ier, puis de Monsieur sous Louis XVIII. La rue avait eu antérieurement pour habitants les deux frères Berthollet, médecins , et comme Greuze, à son tour, y eut son atelier, rien n'empêchait qu'il y succédât à Noël Hailé. La maison a gardé une cour étriquée, et cette cour un arbre, prisonnier qui demande en grâce, pour ses rameaux, du soleil et de l'air, que lui mesurent avec avarice les maisons enserrant le préau.

Quelles ombres va évoquer le 13, au fond duquel s'agite maintenant une hôtellerie, dite de Grammont ? Parais d'abord, seigneur de Villoteaux, d'Amb et des deux Trémoille en 1598 ; renvoie en possession, pour notre édification, les Baduel, adjudicataires quatre ans après de cette maison, décrétée sur Manger, avocat en conseil privé. Noble, homme Baduel Tirant, secrétaire-interprète de Louis XIII ès-langue germanique, réside, en l'année même où ce monarque rend son âme à Dieu, à la vente que font la veuve et les enfants d'Henry Baduel à Claude Breget, médecin du roi en son Châtelet. Mais on appelle alors échange la vente des immeubles dont le prix se paye en un transport de rentes ; c'est ainsi que Breget passe pour avoir acquis par voie l'échange la propriété des Baduel, laquelle en 1625 payait son cens de 6 deniers parisis par an au baron de Gisnors et de Hesmes, seigneur du fief de la Trémoille.

Le financier Bénigne Bernard, secrétaire du roi, maison et Couronne de France, a succédé au baron de Gisnors, lorsque Breget passe de vie à trépas ; la veuve du médecin, de concert avec sa famille, cède à son gendre Blouin, un avocat, l'hôtel qu'elle habite avec lui et qui relève alors du président au parlement Musnier. Le droit d'ensaisiner, de par le fief, revient ensuite à Charles de Laval, marquis de la Trémoille, du chef de son épouse, dont feu le président Musnier était le père. Quant à l'immeuble, il passe des Blouin, par héritage, à Mareschal de Montfleury, conseiller au Châtelet. Il se compose alors de trois corps de logis distincts, dont un petit : comment s'explique cette agglomération ?

Pour le savoir, il nous faut recourir à l'historique d'une maison voisine, que le notaire Serret possédait en 1690. La présidente Sanguin, née Séguier et partant cousine du chancelier, l'achetait sous la régence d'Anne d'Autriche ; c'était la veuve de Cristofle Sanguin Tinant, seigneur de Livry, président aux enquêtes et prévôt des marchands ; c'était aussi la mère d'un poète et de quel poète ! Denis Sanguin de Saint-Pavin, bossu et rieur comme Scarron, était pourvu de l'abbaye de Livry ; mais il en avait fait un séjour de plaisir, dont le luxe était relevé par l'esprit qui s'y dépensait. Saint-Pavin, sous les auspices du grand Condé, dont il était l'hôte, a frayé avec des personnages de marque, qui ne dédaignaient pas toujours de faire carrousse avec lui. Il ne doit, à vrai dire, son immortalité qu'à des épigrammes de Boileau.

En 1657, treize ans avant la mort du poète, sa mère trouve un acquéreur dans son locataire Jean-Phélippes Patu, trésorier-général du sceau. Au bout de 80 ans, messires Claude-Guillaume Lambert et Roualle de Boisgelou, membres du grand-conseil, époux de deux Dlles Patu, s'entendent avec leur belle-soeur, veuve d'un conseiller au parlement, et Louis Patu, conseiller aux comptes, pour vendre cette maison, dite la Rose-Rouge, au sieur Raton, tailleur d'habits, qui a pour successeur son fils, un avocat. Puis Mlle Mareschal de Montfleury, déjà propriétaire à côté en 1785, s'agrandit de la Rose-Rouge : Bochard, marquis de Champigny, ratifie cette acquisition, comme seigneur du fief de la Trémoille.

La réunion matérielle des trois corps de bâtiment n'a lieu qu'en 1792, entre les mains d'un autre détenteur, qui les cède en un seul, le 9 nivôse an XII, à Maugis, plus tard conseiller à la cour royale de Paris, grand'père de Mme Saunac, dont le mari est aussi magistrat et qui dispose actuellement de la totalité du 13. D'autres maisons, qui ne sont pas puînées, mais qu'on a bien pu rajeunir, entourent l'hôtel dont nous venons d'esquisser la biographie, et qui tenait à une maison au comte de Mailly en 1789.

Malgré ce comte et quelques autres gentilshommes y attachés par le droit de propriété, la rue Thibautodé et celle des Bourdonnais ne furent en quelque chose représentées que par le tiers-état aux derniers Etats-Généraux. Aujourd'hui les deux autres ordres n'auraient plus guère d'électeurs parmi les habitants de la rue des Bourdonnais, si j'excepte le n° 10, où demeure un littérateur, M. le comte de Saint-Geniès. Le facteur, si la qualité de comte ou d'homme de lettres figure sur une enveloppe de lettre, n'a plus besoin de lire le reste ; il sait d'avance quel nom et quel numéro suivent.

IV. - Ancienne Rue de Arche-Marion, assimilée en 1852 à celle des Bourdonnais : 1 Maison, 0 Lanterne en 1714. Quelle était donc cette maison isolée ? Voici le 3, dont l'escalier encore manque de rampe, mais qui peut-être manquait aussi d'espalier à cette époque-là. Voilà le 4, une construction qui est beaucoup plus que centenaire, mais qu'on a rebatie il y aura tantôt 60 ans. On ne comptait sans doute pas l'arche Marion, dont l'arcade avait deux piliers, souvent témoins le soir de duels entre gardes-françaises.

Au-dessus était bien une prison, le For-l'Evêque ; mais elle épargnait les duellistes, pour se réserver aux débiteurs et aux acteurs réfractaires. En 1530, un abreuvoir et des étuves avaient été établis sur la Seine, en face de ce bout de rue ; en 1565, la femme qui les tenait s'appelait Marion. Dans la seconde moitié du XVe siècle, le prédécesseur de Marion avait eu nom Jean de la Poterne, et l'abreuvoir avait alors quitté la dénomination Thibautodé, comme la ruelle celle des Jardins, pour s'appeler tous deux Jean-de-la-Poterne.


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