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RUE AUX OURS
IIIème arrondissement de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison
par maison, par Charles Lefeuve, paru en 1875)
Notice écrite en 1864 : La rue aux Ours n'englobait pas encore l'ancienne rue Mauconseil entre la rue Saint-Denis et la rue Moutorgueil. Elle existait au XIIIe siècle entre les rues Saint-martin et Saint-Denis. La partie qui était comprise entre le boulevard de Sébastopol et la rue Saint-Denis est devenue en 1881 un tronçon de la rue Etienne Marcel. La rue aux Ours s'est appelée rue As Oues, aux Oues ou aux Oës. Origine du nom : Corruption du mot Oues (oies en vieux français) : des rôtisseries se trouvaient en grand nombre dans cette voie. Les oies, à Rome, ont sauvé le Capitole ; à Paris, leurs états de service jettent moins d'éclat, beaucoup moins. N'ont-ils pas inspiré en masse les historiographes parisiens, qui nient généralement le droit direct et légitime des ours à la dédicacé d'une rue s'honorant de leur patronage ? La recherche de la paternité donne ainsi lieu à des subtilités qui, en droit, la font interdire. Que les oies aient été des oues, dans le langage du moyen-âge, quelle corruption innocente ! Seulement nos pères, s'ils avaient confondu avec des quadrupèdes carnassiers d'utiles oiseaux de basse-cour, dont ils trouvaient la chair si savoureuse, faute de dindons et de poulardes ; nos pères auraient eu l'estomac plus cruellement ingrat que les uns et plus de simplicité que les autres : En vérité, les aïeux ont bon dos ! C'est sur eux-mêmes qu'on ose tirer à l'oie, afin de dire : « Prenez mon ours. » A notre tour, essayons d'expliquer, sans recourir au moyen extrême du quiproquo, comment la rue aux Oies passa aux Ours. Des rôtisseurs, des oiers (aucarii), peuplent originairement cette rue où-l'encuit-les-oes (vicus ubi coquuntur anseres), et c'est alors un lieu de rendez-vous hors de la ville pour les citadins, comme seront plus tard les Porcherons. Mais, dès le règne de Philippe-Auguste, pendant que Paris s'agrandit, embrassé d'une clôture nouvelle, les pelletiers commencent à dominer dans la même rue, et leurs enseignes ou leurs étalages modifient tout naturellement sa dénomination gastronomique, quand la derniere broche va faire plus loin ses évolutions appétissantes. Les peaux d'ours, les ours empaillés ont-ils, jamais manqué chez les fourreurs ? Les habitants notables de cette rue, sous Philippe-le-Bel, sont : Étienne d'Espernon le genne. – Jehan Dupin. – Tibaut de Gandeluz. – Guill' Courgis. – Gervese le Tonnelier. – Frémin l'Oublaier. – Tièce la Ferronne. – Robert le Paonnier. – Jehan Chaufecire. – Guill' Douville. – Robert, qui tainct les piaus. – Lorenz de Frènes. – Guill' le Peletier. – Pierre le Peletier. – Jean l'Archier. – Mestre Jourdan, Prestre de l'escole. – Jehan l'Imagier. – Mahiet de Gricourt. – Jacques de Brégi. – Mali le Tailleur. – Guill' du Sap. – Jacques Deday. Un sacrilège, dit-on, fut commis le 3 juillet 1417, dans la rue aux Ours, a l'endroit où passe maintenant le boulevard Sébastopol : un soldat suisse, ayant perdu au jeu tout son argent et jusqu'à ses habits, frappa de son couteau une image de la Vierge, qui en saigna miraculeusement, à l'angle de la rue Salle-au-Comte. On ajoutait que le parlement fit lier à un poteau, devant cette image, le soldat, qui dans les tortures y périt. Chaque année, à pareil jour, les habitants de la rue aux Ours faisaient dire une messe à Saint-Leu ; le lendemain, à la même église, un service se célébrait pour ceux des leurs qui étaient morts, et un mannequin en osier, pendant trois jours promené et flagellé, était ensuite livré aux flammes, au milieu d'un feu d'artifice. Les gardes-suisses, qui n'étaient pas encore organisées en France sous Charles VI, se plaignirent au XVIIIe siècle, non sans raison, de l'habit rouge dont on affublait le mannequin dans cette procession annuelle, dégénérant, en mascarade, et Louis XV fit supprimer le costume. La circulation du mannequin fut interdite sous le règne suivant. Quant à la lampe qui brûlait en l'honneur de Notre-Dame de la rue aux Ours, elle ne s'éteignit à ses pieds qu'eu souffle de la Révolution. La maison décorée de cette figure de la Sainte-Vierge appartenait, sous la Régence, à M. de Laverdy, professeur royal de droit, auteur d'une Histoire du Collège de France. Du même côté, c'est-à-dire sur la ligne des chiffres impairs, les deux premières Maisons étaient aux ursulines de Poissy, et la dernière à M. de Belloy. Le chapitre de Notre-Dame en avait une vis-à-vis des ursulines ; M. de Villapoux, une autre, à l'enseigne du Rendez-vous, le n° 8 ou le 10, et la veuve Gascon, une autre, dont le président Hénault fut ensuite propriétaire, en face de la rue Quincaunpoix. De cette rue-là, si encombrée lors du trafic sur les actions de Law, les agioteurs venaient dîner en foule à la Croix-Blanche, rue aux Ours. Une autre encore des maisons de la rue aux Ours appartenait au sieur de l'Orme, et il y pendait une image avec cette inscription : aux Envieux-de-l'Orme. L'Entonnoir avait été l'enseigne d'un coutelier, à l'apogée du règne de Louis XIV.
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