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RUE DES PRÊCHEURS
Vème arrondissement de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison
par maison, par Charles Lefeuve, paru en 1875)
Notice écrite en 1864 : C'est l'antique voie gallo-romaine qui formait le cardo de Lutèce. Au XIIe siècle c'était la grand'rue du Petit Pont. Elle porta plus tard les noms de grand'rue Saint-Jacques des Prêcheurs, grand'rue Saint-Etienne des Grès, grand'rue Saint-Benoît Le Bestournet, grand'rue près du chevet de l'Eglise Saint-Séverin, grand'rue oultre Petit Pont ou rue outre Petit Pont, grand'rue vers Saint-Matelin, grand'rue Saint-Benoît et enfin grand'rue Saint-Jacques. Depuis 1806 rue Saint-Jacques. En 1974, on a étendu l'assiette de la place Alphonse Laveran jusqu'à la grille de l'hôpital militaire du Val de Grâce incorporant ainsi une partie de la rue. Origine du nom : Dû à une ancienne chapelle Saint-Jacques, donnée au XIIIe siècle aux Dominicains, surnommés depuis Jacobins. Des lettres de Maurice de Sully, évèque de Paris, prouvent que Jean de Mosterolo avait cédé à l'abbé de Saint-Magloire, avant l'année 1184, des droits in terra Morinensi, et 9 sols sur la maison de Robert-le-Prêcheur. On en conclut que la rue des Prêcheurs s'est fait jour vers la même époque sur le petit fief de Thérouenne. Mais, peu de temps après, saint Dominique envoyait à Paris des religieux qui n'avaient rien de commun avec ceux du monastère de Saint-Magloire déjà établi rue Saint-Denis, et ils s'appelaient tout uniment frères prêcheurs, en arrivant, avant de s'installer près d'une chapelle Saint-Jacques, qui leur a valu le nom de jacobins. Le XIIIe siècle, qui les voyait venir, voyait aussi sculpter un arbre, emblème qui apparaît encore à l'angle de la rue des Prêcheurs et de la rue Saint-Denis : de cet arbre, couronné d'une Sainte-Vierge, émergent douze rameaux, et à l'extrémité de chaque petite branche fleurit une tulipe, qui sert de chaire à un frère prêcheur. N'est-ce donc pas le berceau d'une compagnie célèbre que trahit, à défaut des livres, cette illustration d'encoignure ? Depuis que les jacobins florissaient rue Saint-Jacques, il ne restait certainement plus dans la rue des Prêcheurs que ceux-là, au nombre de douze, qui, perchaient sur l'arbre symbolique. Pierre Mouton, dès 1252, figurait comme propriétaire, en ladite rue aux Preescheurs, où, quarante ans après, les contribuables étaient : Jehan de Souvigny. – Clyment le Fanier. – Aaliz la Parrice. – Ses enFanz. – Jehan de Grant-Moulin. – Jehan le Convers. – Gillebert de Dampierre. – Richard Lenglais, Tailleur. – Thomas le Cœdoanier. – Guill' Petit. Queu. – Gautier le Sueur. – Remy de Sens. – Pierre de la Fosse. – Robert de Gilvez. – Thoumas le Meire. – Alain Tyrenlire. – Tibaut de Senlis. – Jehan Navet. – Son gendre. – Aubour l'Espinguière. – Jehan Potage le germe (jeune). – Emensart de Bétisi. – Giefroi le Clerc, Mestre de l'escole. – Thoumas Chevalier. – Pierre de Nesle. – Aleire la Teilière. – Jehan Chasteaufort. – Hubelet Tonquan. – Jacques le Tonnelier. Une maison que s'était construite Gabriel père, un des architectes de Louis XIV, portait l'enseigne de la Pomme-de-Pin, et elle n'était séparée de la rue Mondétour que par une maison à l'image de la Pucelle-tenant-une-Licorne, qui appartenait à Langlois, avocat, puis à son fils, Langlois de Cainpis, maître des comptes. Toutes les deux disparurent avec d'autres, en 1853. Dans une des maisons qui leur survivent fut le bureau des potiers d'étain. Les membres de cette communauté poinçonnaient tous les ustensiles qui sortaient de leurs ateliers, et il leur, était défendu d'en vendre qui ne fussent pas fabriqués à Paris. Leurs derniers statuts, remontant à 1613, les qualifiaient : maîtres potiers d'étain et tailleurs d'armes sur étain. Aussi pouvaient-ils armorier et graver les chiffres de leur vaisselle métallique ; mais ils n'avaient le droit d'enjoliver d'or et d'argent que les ouvrages destinés à l'Eglise. Enfin ils ne devaient se servir du marteau que depuis 5 heures du matin jusqu'à 8 heures du soir. Le patron de la compagnie était saint Fiacre. L'apprentissage durait 5 ans, et le compagnonnage 3. Le brevet se payait 36 livres, et la maîtrise 600, outre qu'elle ne pouvait s'obtenir sans la production d'un chefd'œuvre. En 1776 les faïenciers et les vitriers entrèrent dans la même famille professionnelle que les potiers d'étain. Le cliquetis et le luisant tout battant neuf des articles de ménage dont ils faisaient commerce attiraient particulièrement les nouveaux mariés sous les piliers des Halles qui, du côté où débouchait la rue des Prêcheurs, paraissaient des piliers d'Etain et étaient connus sous ce nom. La rue des Halles-centrales reçoit maintenant cet affluent (elle s'appelle aujourd'hui rue Pierre-Lescot).
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