Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places, quartiers de Paris : comment ils ont évolué, comment ils sont devenus le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places, quartiers de Paris dont un grand nombre existe encore.
magazine d'histoire, chroniques anciennes, le Paris d'antan, périodiques du passé
de la rubrique
Rues/Places
CLIQUEZ ICI

RUE DU CANIVET
VIème arrondissement de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, par Charles Lefeuve, paru en 1875)

Notice écrite en 1858.

S'il faut absolument donner de la particule à cette petite rue, nous préférons au du le de. Il y eut un Canivet partisan sous Louis XIII, et que l'on accusa d'avoir accaparé les deniers prélevés sur les vins à titre de droits d'entrée, pendant le siège de Corbie, que les Espagnols gardèrent peu de temps. Ce financier traitait avec l'Etat pour la ferme des impôts, comme Lefeuve, son beau-frère, comme Chabenat, comme Eimery ; il fut un assez grand, personnage pour qu'un hôtel au moins portât son nom, et cet hôtel pouvait donner dans la petite rue que nous voyons, ou l'avoir pour avenue, ou encore l'avoir fait sortir de ses dépendances.

Elle reliait dès 1636 la rue Férou à celle des Fossoyeurs (Servandoni). Mais sa dénomination pourrait aussi provenir du vieux mot canivet, signifiant petit canif, et faire allusion à la préexistence d'une enseigne de coutelier. L'article du n'est pas autrement, justifié par la version officielle. Cette hypothèse étymologique nous inspire, à la vérité, d'autant moins de confiance que la même orthographe, si l'on y tient, serait mieux commandée par une autre interprétation. Les maçons appellent caniveau une pierre creusée dans le milieu pour faire écouler l'eau, et la déclivité du terrain n'a jamais cessé de rendre insuffisants, en cas de pluie, les ruisseaux des deux rues perpendiculaires à celle du Canivet.

Etienne Charlet, sieur de Versailles, capitaine au régiment du roi, donnait en 1670 d'une maison, sise rue Ganivet, 16,500 livres tournois à Jacques Sanguin, qui l'avait héritée du président au parlement de Bretagne Yves Sanguin : le nouveau propriétaire y tenait encore d'une part à un Sanguin, également président, par une petite maison, et de l'autre côté par-derrière à Guillaume Sanguin, oncle de ce magistrat. La veuve Edmont, cinquante-deux ans plus tard, vendait 24,300 livres une propriété dans la même rue à Pâris de Montmartel, frère de Pâris-Duverney et de deux autres financiers. Les quatre Pâris avaient organisé de concert l'opération du visa, qui réduisait d'un quart la dette de l'Etat à la mort de Louis XIV. Montmartel, postérieurement garde du Trésor, puis banquier de la cour, fut fait comte de Sampigny.

Rien de ces deux mutations, que les Archives de l'Empire nous révèlent, ne transpirait dans les souvenirs locaux. Que savent donc les indigènes actuels de leurs prédécesseurs ? Ils ne risquent rien de nous dire que l'immeuble portant le chiffre 1 a fait son lit en même temps que la rue : une petite niche sert de timbre à cet acte de naissance sur la façade. Mais sans eux nous ne saurions guère que la porte bien ferrée du 2 ferme sur l'ancienne propriété d'une communauté religieuse du quartier. Ils, regardent le 3 comme bâti pour le prince de Beauvau, mais occupé ensuite par un des membres de cette famille Breteuil dont la fortune remonte à la faveur du cardinal Dubois. M. Cochin, qui est le plus Parisien des membres de l'Institut et de la Commission municipale, a disposé, avant M. de Mongeon, de cet immeuble, dont l'aristocratie déchue nous impose encore davantage que bien des trains de maison princiers de ce temps-ci. Toutes les grandeurs gagnent-elles à être vues de près ?

 


:: HAUT DE PAGE    :: ACCUEIL

magazine d'histoire, chroniques anciennes, le Paris d'antan, périodiques du passé
de la rubrique
Rues/Places
CLIQUEZ ICI