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RUE SERPENTE
VIème arrondissement de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison
par maison, par Charles Lefeuve, paru en 1875)
Notice écrite en 1861. L'élargissement de la rue qu'elle concerne entre le boulevard. Saint-Michel et la rue Hautefeuille, est postérieur. Précédemment rue Serpente, entre le boulevard Saint-michel et la rue Hautefeuille et rue du Battoir Saint-André, entre les rues Hautefeuille et de l'Eperon. L'ancienne rue Serpente a été ouverte vers 1179. Elle est indiquée sous le nom de Vicus Serpentis dans un acte de 1180 et sous le nom Vicus Tortuosus dans un acte de 1263. A la fin du XIIIe siècle, c'est la rue de la Serpent ou rue de la Serpente ; elle est dénommée rue Serpente sur plusieurs plans du XVIe siècle. La rue du Battoir Saint-André était appelée en 1292 rue Jehan de Fontenoy ou Jean de Fontenay ; Guillot, en 1300, la nomme rue de la Plâtrière ; un document de 1430, Haulte Rue ou rue du Bastouer ; un autre de 1367, Haulte Rue, dicte du Bastouer, puis rue de la Vieille Plâtrière. En 1521, rue Serpente. Origine du nom : Ancienne enseigne de « la Serpent ». Hôtel de la Serpent. – Panckoucke. – Le Père d'Helvétius. – Les de Bures. – Les Raaux. – Les collèges. – Catelan. – Hôtels d'Henneval et du Tillet. Avant d'habiter l'ancien hôtel des États-de-Blois, rue des Poitevins, feu M. Panckoucke, demeurait rue Serpente. De plus, nous croyons que son père, fils lui-même d'un libraire de Lille qui avait écrit l'Art de désopiler la Rate, y ouvrit le salon dont l'influence marquait à la fin du règne de Louis XVI. Mais on se bornait alors à indiquer le bureau de la Collection des Mémoires particuliers de l'Histoire de France dans cette autre maison Panckoucke, dont la grande porte cintrée se retrouve rue Serpente, entre le boulevard Sébastopol et la rue Hautefeuille, et qu'on appelait de longue date hôtel Serpente. La cour en est carrée, et l'escalier principal à balustres. Nous y reconnaissons une portion de l'hôtel que l'abbé et les religieux de Fécamp entretenaient à Paris sous Philippe de Valois, manoir que l'enseigne d'une Sirène avait déjà fait dire de la Serpent. La rue de la Serpent, en ce temps-là, n'allait pas au-delà de la rue Hautefeuille ; le reste s'en nommait rue de la Plâtrière, plus tard du Battoir. Le médecin hollandais Helvétius, père du philosophe, eut sa résidence dans le même hôtel ; il y distribuait de la poudre émétique pour guérir la dysenterie et la colique. Louis XIV fit donner à cette utile innovateur une gratification de mille louis pour avoir propagé l'usage de l'ipécacuanha, racine qu'il mettait en poudre et qui avait paru en France pour la première, fois en 1672. Les de Bure, autre race de libraires distingués, occupèrent, sous l'ancien régime, une maison que le nouveau boulevard Sébastopol (boulevard Saint Michel) de la rive gauche a fait tomber. Les Raoux, qui de père en fils étaient fabricants de cors de chasse, faisaient l'ace à l'hôtel Serpente. Étienne de Bourgueil, archevêque de Tours, avait fondé au XIVe siècle le collège de Tours entre cet hôtel et la rue de la Harpe. Nicolas Brachet, président aux enquêtes, commissaire député par le parlement de Paris pour la réformation des collèges, s'était entendu en 1640 avec Martin Ruzé, grand-vicaire de Tours, chanoine et chantre de l'église de Paris, conseiller au parlement, pour donner de nouveaux statuts à ce collège de la rue de la Serpent, où il y avait provision pour six boursiers, outre le principal. Grammaire, logique, médecine, droit canon et théologie y faisaient l'objet des études ; mais un titulaire pouvait quitter l'établissement pour étudier en droit civil et reprendre ensuite sa bourse. Citons, Geoffroy Larcher, Hardouin Lemasle, Pierre Leverrier et Belluot parmi les principaux, qui s'y sont succédé. Chayet, prêtre du diocèse de Sens, forma en 1750 dans le collège, sous les auspices de la compagnie de Jésus, une congrégation qui bientôt devint nombreuse et qui ne fut entièrement dissipée, comme dépourvue d'autorisation, qu'au moment de la réunion des petits collèges à Louis-le-Grand. Deux maisons, rue de la Harpe et rue Percée, appartenaient encore à l'institution ; mais elles étaient grevées de dettes. La maison du collège et sa chapelle furent données en location à un maître de pension, puis vendues par la Nation le 21 août 1793. On ne les a vues disparaître qu'avec la tête de la rue Serpente, où l'ordre numérique n'a pas encore reculé depuis cette décollation. Le collège de Suède, dont la création remonte à la même époque, avait, été fermé beaucoup plus tôt : il était vraisemblablement de l'autre côté de la rue. Le collège Mignon occupait l'angle de la rue Mignon, comme aura à le redire la notice de cette rue. Dans la ci-devant rue du Battoir nous retrouvons plusieurs maisons qui ont été de condition ; s'il n'y en avait qu'une, nous y replacerions sans hésiter la famille d'un gentilhomme dont le nom est resté au Pré-Catelan dans le Bois de Boulogne : Catelan succéda, comme capitaine des chasses, au père de Mme de Beauvais, que Louis XIV tout jeune avait aimée. Rien n'empêche que les Catelan aient eu pour habitation soit l'hôtel d'Henneval, corps énorme dont un escalier à vénérable rampe de fer paraît l'âme, soit l'hôtel du Tillet, contigu à l'hôtel d'Henneval, et qui avait déjà deux portes au XVIIe siècle, les deux dernières de la rue, côté des numéros impairs. Du Tillet de Montarmé, brigadier des armées du roi, avait la plus grosse part de cette propriété, et Maynard de Bellefontaine, son allié, la portion dans laquelle aujourd'hui encore on s'émerveille de l'état de conservation d'un charmant escalier à balustres. La largeur modeste en suffisait au locataire Boinet, qui était auditeur des comptes au beau milieu du règne de Louis XIV, puis à Buisson-Lejeune, un procureur au parlement, acquéreur de la propriété en 1770.
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