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RUE HAUTEFEUILLE
VI ème arrondissement de Paris (D'après Histoire
de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)
Notice écrite en 1861. La rue Hautefeuille s'ouvrait dès lors, mais d'un seul côté, au nouveau boulevard Saint-Germain, qui ne la traverse pas encore. Elle existait en 1252. A l'origine, la partie de cette voie comprise entre la rue Saint-andré Des Arts et la rue des Poitevins fut dénommée rue de la Barre, puis rue du Chevet Saint-André, rue Saint-André et aussi rue de la Vieille Plâtrière. Origine du nom : Cette voie doit probablement son nom aux arbres hauts et touffus qui la bordaient ou, suivant Jules Quicherat, aux substructions romaines trouvées à l'angle de la rue Monsieur Le Prince et du boulevard Saint-Michel qui, au moyen âge, auraient été désignées sous le nom de château de Hautefeuille. XIIIe et XIVe siècles : La rue Hautefeuille, dont on estime que la dénomination provient d'une haute futaie, fait parler d'elle dès le règne de saint Louis et se prolonge originairement jusqu'à l'enceinte de Philippe-Auguste, entre la porte Saint-Michel et la porte de Buci. Mais les cordeliers, auxquels on interdit d'abord d'aller prendre leurs récréations sous la haute-feuillée, ne tardent pas à gagner du terrain, à entrer en possession de l'emplacement où ils établiront le réfectoire du couvent, présentant la forme d'une église, en face de la rue Hautefeuille. Le bas de la rue s'appelle du Chevet-Saint-André, à cause de l'église Saint-André-des-Arts, et la même extrémité, si ce n'est un tronçon intermédiaire, se dit aussi rue de la Barre, en raison d'un lieu de justice, ou d'une limite de juridiction, ou d'une barrière comme le droit appartient aux nobles de la haute volée d'en avoir à leur porte, ou enfin à cause du logis de Jean de la Barre, avocat. L'ordre des prémontrés acquiert de Pierre Sarrazin, en l'an 1252, une maison où se fonde le collège des Prémontrés, en regard des Cordeliers. Leur établissement, dans le principe, est encadré et isolé par quatre rues, celle des Cordeliers, qui deviendra rue de l'École-de-Médecine, celle des Étuves, qui sera supprimée après avoir fait suite à la rue Mignon, celle de l'Archevêque-de-Reims ou du Petit-Paon, dont il subsistera au XIXe siècle le cul-de-sac Larrey, et enfin celle Hautefeuille, qualifiée aussi rue qui va à Saint-André. Il est possible que Pierre Sarrazin demeure propriétaire de la maison située vis-à-vis du collège, et qu'anoblit une tourelle à l'angle de la rue Pierre-Sarrazin. On rapporte, pourtant au règne de Philippe de Valois l'existence notoire d'un hôtel de Forez, qui peut avoir surgi avec ce pavillon, ou l'avoir englobé, bien que ledit hôtel ait séparé de la rue Pierre-Sarrazin celle des Deux-Portés, anéantie par le boulevard Saint-Germain. Au même temps l'hôtel de Fécamp occupe tout l'espace entre la rue Percée et celle Serpente, avec retour sur l'une et l'autre (la rue Percée-Saint-André n'est plus qu'une impasse, qui semble convertie en avenue particulière : elle entrouvre une porte, sur la rue Hautefeuille). Une tourelle, qui revêtira intérieurement au XVIe siècle une boiserie sculptée d'arabesques et de moulures, et pour ornements extérieurs des fleurs de lys avec une Salamandre, emblème affectionné de François Ier, y restera voisine des colonnes d'une ancienne chapelle. On retrouve de nos jours, dans la soupente d'un entresol, servant de magasin au libraire Cantel, la corniche d'une de ces colonnes, sur laquelle sont gravés deux mots : Pax Vitte. XVIIe siècle : L'empoisonneuse dame de Brinvilliers a pour complice Sainte-Croix, qui habite l'appartement de l'ancien hôtel de Fécamp dont la jolie tourelle fait partie. Une quinzaine d'années après l'exécution de la Brinvilliers, la bibliothèque de Boucot règne à l'étage supérieur. En ce temps-là Tucheux, avocat, dispose de deux Maisons situées plus haut, sur la même ligne, et il a pour tenants d'une partie président Pommereuil, de l'autre l'avocat-général Talon. Sallier membre du grand-conseil, est propriétaire au colin de la rue des Poitevins. Madeleine Gobelin, veuve de Pierre Frogier, a acheté en 1670 une propriété venant de Claude Frogier, capitaine au régiment de la reine, entre Beaussan et Monthelon. De plus, une espèce d'almanach, publié en l'année 1692, donne rue Hautefeuille les adressés d'un particulier, riche et homme de goût, nommé Bonart et de M. de Villevaut, maître des requêtes, en ajoutant que ce dernier donne entrée chez lui toutes les après dînées aux sçavans de considération, qui tiennent une conférence curieuse sur tous les sujets qui se présentent. Un ou deux de ces documents regardent très probablement l'hôtel dont la façade est décorée de trois tourelles peu saillantes, au-dessus de la rue Serpente, et dont la construction, attribuée aux chartreux, a l'air de remonter à la fin du XVe siècle. XVIIIe siècle : Joly de Fleury, magistrat, demeure sous Louis XV près de la rue des Deux-Portes, vis-à-vis de Chauchat, avocat, puis échevin un peu plus tard. D'autre part, les archives de l'administration de la Lorraine étant transportées à Paris, immédiatement après la mort du roi de Pologne Stanislas Leczinski, duc de Lorraine et de Bar, on les confie à la garde d'un dépositaire particulier, l'avocat Cochin, qui habite l'hôtel de Fécamp. Ces papiers quittent la rue Hautefeuille pour être réunis au dépôt du Louvre, en vertu d'un décret de l'Assemblée à la date du 7 août 1790 ; ils sont maintenant aux Archives de l'Empire. Dans l'immense dépôt de documents qui s'est enrichi de ce nouveau trésor historique, nous mettons la main sur une pièce qui rapporte à la rue Hautefeuille pour l'année 1784 la série de propriétaires que voici :
XIXe siècle : Tissot, beaucoup avant de donner sa voix, comme académicien, à Dupaty, le rencontre souvent dans un escalier : ils résident tous deux au commencement de l'Empire sous le même toit que le libraire Testu, successeur, d'Houry, éditeur de l'Almanach Impérial, ex-national et ex-royal, dans la ci-devant habitation de Joly de Fleury. Le célèbre orientaliste Silvestre de Sacy a son appartement alors dans la maison aux trois tourelles. M. de Bourrienne, ancien camarade de Bonaparte
à l'école de Brienne, avait été le secrétaire
intime du premier consul et un ami pour Joséphine ; mais il devint
l'ennemi de l'empereur Napoléon : dans ses appartements de la rue
Hautefeuille se donnèrent des soirées Ontiques, dont les
honneurs étaient faits par Mme de Bourrienne, femme d'esprit. Dès
le commencement de la Révolution, Panckoucke s'était rendu
acquéreur du collège des Prémontrés, pour
y emmagasiner son Encyclopédie. La
chapelle du ci-devant collège est présentement un café,
et le peintre Courbet a son atelier dans le haut de la maison. M. Desmares,
oculiste distingué, qui depuis peu d'années a transformé
en dispensaire l'ancien hôtel Sallier, y a remis à jour des
peintures séculaires, que recouvrait le badigeon.
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