Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places, quartiers de Paris : comment ils ont évolué, comment ils sont devenus le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places, quartiers de Paris dont un grand nombre existe encore.
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RUE DU MAURE, IMPASSE DE CLAIRVAUX, PASSAGE DE LA RÉUNION
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1864. Voir celle que nous avons déjà consacrée à la rue Brantôme et à la rue du Maure. Historique. Passage du Maure, commençant rue Beaubourg, 33. Finissant rue Brantôme. Voie piétonnière créée en 1977 dans le cadre de l'aménagement du secteur des Halles. Origine du nom : En souvenir de l'ancienne rue du Maure, qui a disparu lors de la rénovation du quartier.

L'Assignation d'il y a cent Ans. – Mesdames de Montmartre. – Anciens Propriétaires. – Saint-Julien-des-Ménétriers. – Le Pont sans Eau. – L'Abbaye de Rigny. – Les Moines de Clairvaux. – La Poterne. – Le Cul-de-sac des Anglais. – La Rue enchaînée. – La Section de la Réunion. – Le Passage. – Le Citoyen Passez.

Ainsi parlait un exploit, dont le style était rendu singulièrement indigeste par l'absence complète de points et de virgules. A ce détail près, la saisie reste immuable dans ses expressions, quelles que soient les innovations introduites dans le style de l'ameublement, dans celui de l'architecture ! Parmi les religieuses
la requête desquelles l'acte d'huissier menaçait d'expropriation Mme Giroux, on ne distinguait qu'à l'abbaye celles-ci :

Louis Giroux avait été mitoyen, dans la rue du Maure, avec Justin du Chatelier et avec les héritiers de François Besnard, procureur au parlement. La maison desdits héritiers touchait d'autre part et par-derrière à un jardin et à une maison qui tous les deux appartenaient aux abbé et religieux de Rigny, de Reigny ou d'Erigny. Ces derniers avaient eu aussi un jeu de paume, dont s'était détachée la maison de Justin du Chatelier, rue du Maure et rue Saint-Martin. Sur la même ligne, au coin de la rue Beaubourg, un ancien contrôleur des rentes provinciales d'Orléans, nommé Cournier, eut Jacques Lefeuve, bourgeois de Paris, pour acquéreur, vers l'époque où cessa de vivre Louis XIV.

Jean Richard, secrétaire du roi, qui avait fait bâtir vis-à-vis de Cournier, y tenait par-derrière a Philippe de Flexelles, propriétaire dans la rue des Petits-Champs, dont on vient de faire la rue Brantôme. Le quatrième angle était occupé par la petite église Saint-Julien-des-Ménétriers, que remplace en façade sur la rue Saint-Martin le n°168, qui monte cavalièrement en croupe sur notre petite rue du Maure. S'en faut-il de beaucoup que cette chevauchée traditionnelle dure depuis trois siècles ? Robert Rouelle, conseiller au parlement, qui se trouvait locataire à long bail au coin de la rue Saint-Martin, acheta 60 livres, en 1568, de la confrérie des Joueurs-de-violon, gouverneurs de l'hôpital des Ménétriers, le droit d'ajouter à son logis une pièce attenante au jubé de leur église, en bâtissant au-dessus de la ruelle, et depuis lors il y régnait un pont.

Le monastère de Rigny, du vivant de maître Robert Rouelle, avait pour succursale, pour maison de ville, une pénien de l'ancienne succursale du monastère de Clairvaux, et à l'entrée de cet hôtel monacal il pendait une Croix-d'or sur la rue Saint-Martin. Il s'y retrouve de nos jours une impasse de Clairvaux, entre les n°s 178 et 180. Cette abbaye de Rigny, fille de Clairvaux, ordre de Cîteaux, était située près Vermanton, dans le diocèse d'Auxerre ; l'abbé commendataire en retirait par an de 6 à 8,000 livres au XVe siècle. L'abbaye de Clairvaux était beaucoup plus riche et chef d'ordre de la filiation de Cîteaux.

Quant à la propriété dans laquelle les moines de Rigny succédaient à ceux de Clairvaux, elle avait une porte sur la rue du Maure, qui s'était dite rue Palée au XIVe siècle (probablement à cause de Jean Palée, fondateur dé l'hôpital de la Trinité) et ensuite rue Saint-Julien, puis de la Poterne ou Fausse-Poterne. Ladite maison conventuelle touchait aussi à l'impasse des Anglais, dénommée Cul-de-Sac-sans-Tête en 1260 et Petit-Cul-de-Sac-près-la-Poterne en 1370. La poterne ou fausse porte Nicolas-Huidelon ou Hidron se rattachait à l'enceinte urbaine de Philippe-Auguste, et alors le cul-de-sac tenait d'une part à ce mur, d'autre part à un jeu de paume.

Sous le, règne de Henri IV on connaissait déjà la rue ou cour du Maure, et pourtant, sous le règne suivant, on l'appelait aussi des Anglais. Le plan de Gomboust, qui est venu ensuite, ferait croire à une origine sépulcrale par sa façon d'écrire : rue de la Cour-des-Morts. Mais de nouveau s'oriente l'orthographe, plus d'un demi-siècle après, sur le plan de Lacaille, où se lit : rue de la Cour-des-Mores.

Il y eut même plusieurs cours dépendant de ladite rue, et le prévôt de Paris Antoine Duprat autorisa, en 1669, la fermeture de celle-ci aux deux bouts, celles-là étant devenues toutes les nuits des repaires de filous, dont les bourgeois voisins se plaignaient fort. L'une de ces cours fut absorbée plus tard par le passage de la Réunion, qui se formait sous les auspices de la section du même nom. Ladite Réunion, qui plus est, n'avait-elle pas pour chef-lieu, rue du Maure, n° 6, l'ancien hôtel de Rigny, que les moines de Rigny avaient cédé avec ses dépendances, en 1788, à Hussenot, marchand de dentelles, moyennant une rente foncière et non rachetable de 8,000 livres ? Le citoyen Possoz s'établissait, peu de temps après, marchand de mousselines en gros, dans le passage.



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