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RUE DU PONCEAU
IIème arrondissement de Paris (D'après Histoire
de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)
Notice écrite eu 1864. La nouvelle rue de Palestro, le boulevard Sébastopol et le prolongement de la rue du Caire absorbent actuellement plus des deux tiers de l'ancienne rue du Ponceau ; mais la moitié de ce qu'elle y a perdu était annexée à la rue Notre-Dame-de-Nazareth, avant que la rue du Caire se prolonge. Celle de Palestro, pour si contemporaine qu'elle soit de la campagne de Crimée, a pour n° 37 un ancien immeuble de la rue du Ponceau. Historique : Ancien passage du grand égout converti en rue en 1605. On l'a appelée rue des Egouts, rue de l'Egout du Ponceau, rue des Egouts du Ponceau. Un tronçon de cette voie, qui était compris entre les rues de Palestro et Saint-Martin, a été supprimé par l'ouverture du boulevard de Sébastopol (déc. du 29 septembre 1854). Origine du nom : Dû à un petit pont sur lequel on traversait le grand égout. Pendant la Révolution, la section des Amis-de la-Patrie, dans le quartier de la Porte-Dénis, devint la section du Ponceau, parce que son point de repère était dans la rue du Ponceau. Cette voie publique descendait elle-même en ligne transversale d'un égout. On y avait couvert, dès 1605, l'égout sur lequel était jeté le ponceau dit de Saint-Denis, et la rue elle-même avait été tracée cette année là aux dépens de François Miron, messire le prévôt qui s'y trouvait propriétaire. Les eaux sales passaient depuis lors sous cette rue, en la croisant, et c'est sur la même ligne que de nos jours elle a livré passage au boulevard Sébastopol : Tout près de là, les mêmes eaux n'étaient pas plus à découvert : elles passaient sous le boulevard Saint-Denis, quand les remparts furent plantés en boulevards. L'escalier de l'égout séparait, à vrai dire, de la rue du Ponceau celle nommée des Égouts ; mais on prenait volontiers sous Louis XV, comme sous Louis XVI, l'une pour l'autre ces deux rues, qui avaient été réunies et se réunirent de nouveau, avant d'être encore séparées nominativement. Gomboust en marquait-il plus d'une, au milieu du XVIIe siècle, entre les rues Saint-Denis et Saint-Martin, et ne l'appelait-il pas « des Esgouts » ? Telle était en tous points la rue du Ponceau, alors qu'un décret impérial du 29 septembre 1854 en fit sauter plus de la moitié, à distance égale des deux bouts. Si la rue des Égouts avait fait lit à part du côté de Saint-Martin-des-Champs, quand il y avait eu divorce, l'autre avait eu l'air d'en pleurer avec la fontaine du Ponceau, à l'angle de la rue Saint-Denis, vis-à-vis la villa des filles de Sainte-Catherine, qui n'était habitée que quatre mois sur douze par ces hospitalières. Au-dessus de l'escalier de l'égout, un passage communiquait de la rue des Égouts à la rue Neuve-Saint-Denis, présentement Blondel un autre, qui ouvrait plus bas, menait de la rue du Ponceau, la cour du Roi-François, qui forme aujourd'hui rue Saint-Denis le n° 328. Entre ces deux passages, d'après un plan de Paris, les derrières de l'hôtel de Milly donnaient du même côté sur la : rue da Ponceau, et puis ceux de la communauté des filles de Saint-Chaumont, un peu plus près de l'escalier. Les Sept premières maisons en partant de la fontaine et toujours sur la même ligne, appartinrent à Tuiller, perruquier, sous Louis XV. Les marchands bourgeois de Paris avaient tous en ce temps-là un cheval, un domestique et une servante pour le moins ; mais nous ne savions pas qu'un pareil train de maison fût compatible avec l'état de perruquier. Il est vrai que Tuillier accommodait parfois les plus grands seigneurs de son temps ; soit à Paris, soit à Versailles, et qu'il avait, partant, son rang à tenir. Quel était ce monsieur, tiré à quatre épingles et parfumé comme un bouquet de jasmin, qu'on voyait si souvent, au Cours-la-Reine, passer sur un cheval rouan cavecé de noir ? – Beau cavalier ! murmurait une grisette, l'y remarquant pour la première fois, et qui le trouvait d'autant plus à son goût qu'elle n'avait pas encore de mobilier. – Puah ! s'écriait de plus loin un habitué, voilà l'odeur du croquant de perruquier qu'on reconnaît tous les jours par ici, les yeux fermés ! Du côté opposé à celui des maisons du bourgeois perruquier, se tenaient le bureau général et le dépôt de l'éclairage public. L'entrepreneur de l'illumination de la ville et des faubourgs de Paris, sous Louis XVI, était M. Tourtille Saugrain. L'invention du réverbère, cette lampe à réflecteur pour éclairer les rues, avait été récompensée d'un prix proposé par M. de Sartines, lieutenant de police, et décerné par l'académie des Sciences. On avait donc substitué, en 1769, aux vieilles lanternes de M. de la Reynie, les nouvelles de son successeur ; mais on ne s'était pas encore décidé à allumer les jours de lune. Ces jours-là n'avaient pas de nuit, dans l'almanach des lieutenants de police : Lorsque la lune faisait mal son service, n'était-ce pas fête pour les amours cachées ? Les réverbères clairsemés à la porte des commissaires luisaient assez, par exception, pour mettre les voleurs sur leurs gardes au passage de la patrouille. Par malheur les petits soupers étaient suivis, dans les faubourgs, d'autres rencontres plus fâcheuses pour le guet, qu'on punissait alors de ses indiscrétions réitérées, en le rossant d'importance après boire. A cette époque la rue du Ponceau prenait, immédiatement après les maisons de Tuillier, un sens parallèle à la rue Saint-Denis ; puis elle reprenait la perpendiculaire dans l'axe de la rue des Égouts. De celle-ci nous reste près de la moitié, entre le boulevard Sébastopol et la rue Saint-Martin ; seulement on vient de l'ajouter à la rue Notre-Dame-de-Nazareth. La maison Cerveau y fut bâtie en l'an X à l'angle de la rue Saint-Martin, et le département des Estampes en garde le plan originel, à la Bibliothèque Impériale : une belle boutique, avec sa devanture, est ce qu'on y remarque, et elle n'a pu moins faire que d'avoir pour destinataire un confiseur.
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