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RUE BARBETTE,
IIIe arrondissement de Paris (D'après Histoire
de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)
Notice écrite en 1857. Précédemment, rue Neuve Barbette. Origine du nom : Rue ouverte sur l'emplacement de l'ancien Hôtel Barbette. Il n'y a de plus jeune, dans la rue Barbette, que le n° 5. Étienne Barbette : Le nom de la Courtille-Barbette restait pourtant à ces parages, et
l'hôtel fut réédifié par Jean de Montaigu maître
d'hôtel du roi et vidame de Lannois, qui en reçut postérieurement
le prix des deniers du Trésor royal. Charles VI fit augmenter la propriété,
et notamment d'un bâtiment élevé à proximité de
la porte Barbette, qui n'était pas la seule entrée de la courtine
aristocratique. Isabeau de Bavière : Le Duc d'Orléans : Diane de Poitiers : Le Maréchal d'Estrées : La Légion-d'Honneur : Que si, en 1714, l'hôtel d'Estrées était la seule maison que le plan de La Caille honorât dans cette rue de traits figuratifs, il y en avait pourtant 12 autres en ce temps-là, comme au jour où nous sommes, et 8 lanternes. Les actes n'avaient pas encore cessé et ne cessèrent même pas avant la Révolution de qualifier Barbette, l'hôtel d'Estrées et d'étendre, qui plus est, à plusieurs autres maisons de la rue cette accollade. : « ancien hôtel Barbette. » Le papier terrier du Temple en 1789 appliquait ladite rubrique non seulement, aux censitaires de la rue Barbette que voici : dame Cornier, veuve Souchet, ayant eu pour prédécesseur indirect : le président Thumery de Boissise ; M. de Turgot, frère et héritier de l'ancien ministre, celui-ci ayant succédé indirectement à la présidente de Pommereuil ; Mme Le Mayrat, veuve du lieutenant général Legendre d'Onzenbray ; M. Lemarié d'Aubigny, conseiller secrétaire du roi, aux droits de Lefèvre d'Ormesson ; mais encore à d'autres propriétaires dans les rues attenantes et adjacentes. Or Mme Cornier, qui faisait face à M. de Corberon, tenait à M. de Turgot, et les autres susnommés du registre censuel avaient leurs maisons sur la même ligne. L'hôtel Thumery de Boissise avait été aliéné en 1748 par la veuve de J. B. de Flesselles, comte de Brégy, petite-fille de Boissise, le président au parlement, qui l'avait hérité de sa mère : Le Coigneux et Gilbert des voisins en avaient été propriétaires antérieurement. Le président, son fils et sa petite-fille avaient également disposé, dans cette rue, d'une maison moins importante touchant à celle de la présidente de Quincy et à la rue Vieille-du-Temple. Lorsque le n° 9, immeuble contigu à celui
dont nous venons de parler fut confisqué sur M. Turgot, présumé émigré,
le chevalier de ce nom, frère du célèbre ministre et ancien
gouverneur de la France équinoxiale, avait lui-même cessé de
vivre. Tous les deux étaient fils de Michel-Étienne Turgot, marquis
de Sousmont plus ou moins authentique, mais pour sûr prévôt
des marchands, qui leur transmit une propriété dans la rue Barbette,
mais qui résidait rue Port foin. La mère du prévôt
des marchands et M. Pierre Boutet de Marivatz, seigneur de Livry, premier gentilhomme
ordinaire du régent, dont elle était l'héritière,
MM. Le Meneust de Bois-Briand, la présidente de Pommereuil, le comte
de Bermonville et son beau-frère, le marquis de Coqueromont, avaient
laissé leurs noms dans les titres de propriété ; seulement
ces titres manquent à M. Deschamps, le propriétaire de nos jours,
parce que son auteur a acquis de la Nation en messidor an III. Le Mayrat. MIle des Tournelles. Molé. Les
Turgot. Dupuis. Bigot de Morogues, etc : Au reste, les charges de la propriété bourgeoise n'avaient rien de léger à cette époque, nous le disons bien haut pour la consolation des propriétaires d'à présent. Le seigneur président Le Mayrat payait 330 livres pour la taxe du dixième du revenue de sa maison, due à la Ville de Paris, en l'année 1734, et il avait, outre cela, des droits de cens à acquitter au profit de la commanderie du Temple, la suzeraine féodale du quartier. Puis c'étaient les boues et lanternes, impôt d'un autre genre, et l'avertissement forfait encore chandelles, au lieu de lanternes, du vivant des sieur et dame de Maupertuis. Enfin, sauf certains cas d'immunité, on payait tant par an ou tant une fois donné pour n'avoir pas a recevoir de billets de logement à l'ordre des gardes-françaises. Nous avons eu entre les mains des quittances relatives à ces impositions, plus une note écrite par messire Le Mayrat, avec ce titre : État de ce qu'il m'en a coûté pour faire rebâtir ma maison en 1729 ; le total est de 39,805 livres, sans compter les glaces que son père avait fait poser ; le vieux, plomb échangé pour du neuf, avec du retour, et tous les matériaux anciens qu'on avait pu utiliser. Je remarque aussi dans cette pièce un petit article que voici : « Pour la gratification à l'architecte qui m'a donné des dessins et fait exécuter, 4,000 livres. » En vérité, ce n'est pas cher, pour une construction importante, que les connaisseurs du XIXe siècle peuvent encore expertiser, puisque MM. de Clermont et Cie, négociants, la possèdent et l'entretiennent dans sa noble solidité. Mme la baronne de Septenville a vendu à M. de Clermont ; mais l'immeuble a appartenu précédemment à M. de Montbel et à M. Carouge, juge à la cour d'appel sous la première république, et au comte Legendre d'Onzenbray, lieutenant-général des armées royales, qui avait là pour locataire, à la fin du règne de Louis XV, messire de Mareuil, avocat général en la cour des aides. Le magistrat, Lefèvre d'Ormesson tenait le n° 43, de la présidente de Quincy, née Lefèvre de la Barre ; il vendit en l'année 1756 à Lemarié d'Aubigny, maître des comptes. Mérault, seigneur de Bonnes, avait cédé la même propriété en 1668 à Delarche, conseiller au parlement. Dupuis, l'auteur de l'Origine des Cultes, membre du conseil des Cinq-cents, avait cette habitation au commencement de l'Empire, et de nos, jours c'est M. Delorme, négociant. Si les quatre magistrales habitations précitées s'étaient détachées de l'hôtel, plutôt que de la Courtille-Barbette, le 5, ancienne gentilhommière de robe, que la ville acheta en 1815 pour y loger les officiers de la caserne de gendarmerie des Francs-Bourgeois, devait avoir fait partie du palais de la reine Isabeau. Quelles sont les deux autres portes imposantes. qui nous complètent ce côté de la rue ? D'où vient cet édifice d'avant la Renaissance, équipé d'une restauration qui lui permet encore un long voyage ? Pourquoi la fin prochaine de ce jardin, que peuplent des statues, est-elle annoncée par écriteau ? Dépêche-toi, passant, de regarder par ces deux ouvertures, derrière ce mur, au travers de ces arbres, le grand corps de logis, dont s'est accru le vieux séjour au commencement du siècle XV, en deçà de la porte Barbette, de galante et tragique mémoire. M. Haussmann, bien qu'il ait daigné souscrire pour quelques exemplaires aux Anciennes Maisons de Paris sous Napoléon III, devient un justicier sévère, qui ne pardonne rien à l'Histoire. Le Paris des Parisiens a fait son temps : on en fabrique un autre coûte que coûte. Sur les murailles de cet angle historique, bien qu'il cache beaucoup de son âge, un bec de gaz, même en plein jour, ressemble déjà à un anachronisme. De l'autre côté, M. Bigot de Morogues, ancien intendant de la marine de Bretagne, avait plusieurs maisons en 1776. Toutefois à dix années de là M. Missa, docteur régent, censeur royal, était propriétaire du 6, construit en 1660, qui appartient à M. Cusinberche, notabilité commerciale, et Bigot avait vendu la maison à Lebastier, épicier de la rue Bourg-l'Abbé. Charles-Jean de Choisy, marquis de Morgueville, occupait le n° 10, ensuite confisqué et nationalement vendu à M. de Vallienne, allié à la famille de Joinville. M. Brière de Valigny, conseiller à la cour de cassation, y a plus longtemps résidé. Massu, receveur des tailles, avait acquis la propriété attenante de MM. Tristan et Tascher, gendres de l'intendant de marine. Le chevalier de Crussol l'eut-il aussi, comme on le dit ? Il représentait officiellement le comte d'Artois, dernier commandeur du Temple. La maison avait été bâtie sous la minorité de Louis XIV : la comtesse de Failly l'a habitée de 1800 à 1834. Si les murs en ont pu entendre les mazarinades de la Fronde, ils peuvent maintenant prêter l'oreille à des accords qui provoquent moins de dragonnades : un facteur de pianos, M. Mussard, s'y paye à lui-même son loyer. Quand à l'avant derrière maison, et ce sera pour nous la dernière, elle appartenait du temps de Bigot à Migieu de la Renne, officier aux gardes-françaises. De notables commerçants, en somme, ont remplacé les magistrats qui habitaient principalement la rue Barbette, au siècle précédent, et celle-ci jouit toujours d'un immense crédit, dans une acception différente. |
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