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RUES DE LA PÉPINIÈRE ET ABBATUCCI
VIIIème arrondissement de Paris (D'après Histoire
de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)
Notice écrite en 1861. Neuf années après, on donnait le nom d'un magistrat, homme politique et fils d'un général à la première moitié de la rue de la Pépinière, largement séparée de la seconde moitié par deux nouveaux boulevards à leur point d'intersection. L'élargissement pratiqué aux dépends des façades numérotées de chiffres impairs est complet jusque-là, et il s'en faut de peu au-delà. De plus, la place ménagée aux abords de la nouvelle gare de la rue Saint-Lazare prive et, la rue Abbatucci des maisons qui commençaient naguère la rue de la Pépinière. La rue est indiquée sur le plan de Saint-Victor (1555). Origine du nom : Cette voie, dont faisait partie autrefois la rue La Boétie, conduisait à la pépinière royale du Roule. De 1738 à 1861: La pépinière aux dépens de laquelle fut élargi en 1782 le chemin du Roule aux Porcherons, avait mesuré18 arpents. L'ancien chemin fut d'abord appelé rue des Pépinières, parce qu'il y en eut plusieurs. La plus ancienne, c'est-à-dire celle dont sortirent les rues d'Angoulême Saint Honoré (cette rue d'Angoulême est présentement de Morny) et de Berri, fut donnée au comte d'Artois, qui devint plus tard Charles X. Il y eut même division dans l'autre, qui se trouvait du côté de Saint Philippe du Roule, dans le même faubourg, puisque la rue de Courcelles y passait d'outre en outre. On élevait dans ces pépinières, des arbres et plantes exotiques, à la satisfaction des visiteurs, et de là venaient les jeunes tiges d'arbres, les arbustes et les fleurs non seulement du jardin des Tuileries mais encore, la plupart du temps, des jardins du château de Versailles et des autres châteaux royaux. Le cabinet d'histoire naturelle de l'abbé Nolin, directeur de la Pépinière, était facilement accessible et placé au second étage, dans le bâtiment qui donnait rue du Faubourg-Saint-Honoré. Alors le bout de rue qui sépare la rue du Faubourg de la rue de Courcelles, s'appelait encore rue Neuve Saint-Charles. Les maisons y formant pâté, à l'ombre de Saint-Philippe, étaient baillées à rente par la fabrique de cette église, nouvellement rebâtie. La rue des Pépinières comptait19 maisons du côté de la rue de Courcelles, depuis cette rue jusqu'à celle du Rocher ; et l'on y remarquait les hôtels Puységur, d'Armaillé, Montmorin noms sur lesquels se sont greffés depuis, dans les titres de propriété, plusieurs fois celui de Ségur, plusieurs fois celui de Bouillé. La famille de Montmorin donnait vers cette époque un gouverneur de Fontainebleau et un ministre des affaires étrangères, en dernier lieu de l'intérieur parmi les Puységur étaient en vue un officier de marine et un ministre de la guerre. Sur la même ligne que leurs hôtels, dans une caserne construite par Goupil, deux compagnies de gardes-françaises veillaient sur le magasin d'armes de leur régiment. De l'autre côté de l'a rue, Charles de Wailly, architecte du roi, auteur de l'Odéon, avait dessillé trois hôtels, qui se suivaient immédiatement celui du milieu pour M. Pajou, le n° 87. Ce sculpteur, auquel Louis XVI avait commandé les statues de Descartes, de Pascal, de Turenne, de Bossuet, et de Buffon ; qui mirent le sceau à sa réputation ; fut l'un des 48 premiers membres de l'Institut nommés d'office pour procéder ensuite à l'élection des autres membres. Il mourut en 1809. M. Anatole Démidoff occupait la jolie maison de Pajou, vers 1830 ; M. Morgon et M. Hainguerlot, depuis lors, s'y sont succédé. L'un des deux autres immeubles qui se faisaient pendant, à droite et à gauche du précité, manque à l'appel, mais le troisième répond au nombre 89. Le premier occupant en fut l'architecte personnellement, avant qu'il eût pris possession du logement au Louvre, qui était mis à sa disposition. Un contrat de don mutuel ayant été passé le 19 germinal an IV, entre ledit citoyen Wailly et sa femme, née Belleville, celle-ci fut bientôt appelée au bénéfice de la survie, son mari ne laissant pas d'héritiers à réserve. Avant d'épouser en secondes. noces le célèbre Fourcroy, Mule de Wailly acquit de Foubert, logé au palais des Sciences et des Arts, une maison et un jardin touchant à sa propriété, et qu'une restauration y annexa plus étroitement, après que la comtesse de Fourcroy, veuve pour la seconde fois, eût vendu la totalité au comte de Nicola. Adjugé au marquis d'Aligre en 1833 l'hôtel fut acheté ensuite par M. de Saulty, prédécesseur de M. d'Alfonso. On remarquait dès le même temps rue Neuve Saint Charles, en regard de la rue de Courcelles, une maison construite par Liégeon pour la famille de Balincourt. On y entrait par trois entre colonnements fermés de grilles conduisant à un péristyle circulaire, sous lequel les carrosses étaient à ouvert ; trois Grâces sortaient d'un bassin, au milieu du péristyle. M. de la Palu vendit ladite propriété le 1er juin 1807, en l'étude de Me Louveau, à M. Labbe maître de pension. L'une des autres belles demeures de la rue de la Pépinière était qualifiée hôtel d'Ardivilliers dans un almanach de la même année ; puis dans un livre du même genre édité en 1813. L'institution Labbé fut longtemps un des meilleurs établissements, de Paris ; elle englobait le 99 et l'emplacement du 97, outre le ci-devant hôtel encore debout. On démolit, à l'heure qu'il est, une maison qui tenait peu de place, mais dont la grille d'entrée était scellée dans deux piles de rochers, qui en rendaient l'aspect original. Olivier, architecte, avait bâti pour lui-même cette maison, en 1799. On dit qu'Eugène Sue y a demeuré ; mais il est plus constant que ce romancier, trop tôt enlevé à ses nombreux lecteurs, a occupé le 96 et puis le 71, qui a été richement construit et décoré à son intention. Chaussard avait dessiné le plan d'une maison Epinnée, élevée cinq ans avant celle d'Olivier. Callet, autre architecte, s'est établi lui-même au 64 ;
il Une des propriétés voisines a été habitée, sous la Restauration, par Mlle Volnaïs, actrice goûtée au Théâtre-Français. M. le marquis de Jaucourt père a laissé à son fils le n° 29, en 1862 ; comme il avait vécu 95 ans, il avait dû connaître particulièrement des encyclopédistes, dont le chevalier de Jaucourt avait été le collaborateur et il avait pu encore mieux assister à la pose de la première pierre de chacune des maisons que nous venons de citer, y compris la sienne. Neuf années avant la naissance du vieux
marquis, les propriétés étaient autres, marais et
jardins dominaient, et les propriétaires, comme de juste, différaient
plus encore. Voulez-vous en juger ?
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