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RUE
PRINCESSE
VIème arrondissement de Paris (Histoire de Paris
rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)
Notice écrite en 1861. Ouverte sur l'emplacement de l'hôtel de Roussillon ; rue de la Justice, de 1793 à 1807, elle fut appelée aussi à la même époque rue Révolutionnaire. Origine du nom : Contiguë à la rue Guisarde ; doit son nom, comme cette dernière, à une princesse de la maison de Guise. Elle fut tracée, ainsi que la rue Guisarde, sur le territoire de l'hôtel Roussillon, où la fille du duc de Guise, faite duchesse de Montpensier par son mariage avec Louis II, avait réuni les partisans de la Ligue, dits les Guisards, avant que ce fût au Petit Bourbon. Le souvenir de cette gestation n'était pas pour la rue Princesse un titre de gloire à faire valoir au moment où elle reçut la dénomination de grue de la Justice, qui l'emporta de 1793 à 1807. Il doit pourtant rester dans cette rue quelque chose, des dépendances de l'hôtel de Roussillon, peut-être même de l'hôtel de Navarre, duquel il s'était détaché. Une jolie mansarde, diadème prétentieux pour une maison haute, mais étroite, le n° 10, accuse une origine aussi ancienne pour le moins que la rue faut-il y voir une pièce rapportée ? Des balustres en chêne dans un escalier modeste, n° 3, nous ont L4air d'une date encore antérieure. Cette dernière, propriété appartenait conjointement au marquis de Richereau et à l'hospice des incurables dans le milieu du XVIIIe siècle la communauté de Mlle Cossart, fondée à Reims, en 1679 par De la Salle, chanoine, pour donner quelque éducation aux filles pauvres, s'était établie provisoirement à Paris dans ladite maison, avant que de passer rue Notre-Dame-des-Champs était l'hôtel du Grand Moïse, connu dans cette rue Princesse, près la rue Guisardes au même siècle et dans le premier quart du suivant ? nous n'en savons pas davantage. Claude Pajot, bourgeois de Paris, cédait en 1699 aux fils mineurs de Damaillan de Lesparre, marquis de Lassaye, et de Françoise Pajot, sa femme, une maison de la même rue, avec porte cochère et petit jardin, tenant par-derrière à la foire Saint-Germain, et occupée par M. de Massigny. La quelle se trouvait habitée par une princesse de théâtre en 1762 ? MLle Clairon, rue Princesse, pouvait-elle être déjà margrave d'Anspach ? Elle se bornait encore à avoir assez de talent pour que Garrick, le grand acteur anglais, qui vint à Paris l'année suivante, assistât aux représentations de la Comédie Française avec une prédilection marquée quand elle y jouait. Le 19 février 1762, cette tragédienne produisait un effet inaccoutumé lorsqu'elle prononçait ces deux vers :
De bouche en bouche volait, au milieu de force applaudissements, le nom de Broglie, maréchal en disgrâce, qui venait d'être exilé dans ses terres. L'à-propos saisi par le public entraînait une interruption dans le spectacle. Aussi fut-il défendu jusqu'à nouvel ordre de donner la pièce de Voltaire dont un passage prêtait à cette allusion politique. Mlle Clairon eut pour voisin, si près de la Foire, le poète de Belloy, un des quarante de l'Académie Française. Cet auteur du Siège de Calais fut attaqué dans la rue dont il s'agit, d'une maladie de langueur, à laquelle n'étaient étrangers ni la misère ni le chagrin causé par la chute de Pierre le Cruel. Les comédiens donnèrent une représentation à son bénéfice, et le roi envoya 50 louis au bénéficiaire. Néanmoins De Belloy mourut dans la même année que Louis X, auquel on avait appliqué l'un des vers de ce poète : Il sait être héros jusque
dans ses plaisirs.
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