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RUE DES DEUX
PONTS
IVème arrondissement de Paris (Histoire de Paris
rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)
Notice écrite en 1859. Commençant : quai d'Orléans, 2. Finissant : quai de Bourbon. Les immeubles expropriés par la Ville de Paris pour l'élargissement de la rue des Deux Ponts, du côté des numéros pairs, entre le quai de Béthune et la rue Saint-Louis en l'Ile, ont été revendus avec obligation pour les acquéreurs d'établir les façades des bâtiments à édifier sur la voie publique, suivant une architecture s'harmonisant avec les façades anciennes de la rue Saint-Louis en l'Ile. Historique : Elle a porté le nom de la rue Saint-Louis. Origine du nom : Communication du pont Marie au pont de la Tournelle. Quand nous étions de service au quai Bourbon et sur d'autres points de l'île Saint-Louis, comme volontaire de l'historiographie, plusieurs documents inédits nous aidaient à remonter jusqu'à l'époque de la colonisation de ce quartier, figurant un vaisseau qui remorque au milieu de la Seine un plus grand vaisseau, la Cité. Le Dictionnaire des Rues de Paris y fait remonter à l'année 1614 l'origine de la rue des Deux-Ponts, qui relie le pont Marie au pont de la Tournelle. Deux maisons qu'on trouve les premières à main droite, rue des Deux-Ponts, en venant du quai de Béthune, furent laissées à son fils par le président Lambert de Thorigny, ainsi que l'hôtel Lambert, sa création, à la pointe de l'île Saint-Louis. Ledit héritier s'est même reconnu détenteur de quatre maisons en cet endroit, et l'abbé Laisné de la sixième. Des particuliers ont remplacé, sous Louis XIII et au commencement du règne suivant, les grands spéculateurs de l'île, dans les terrains ou les maisons qui bordaient cette rue transversale, mais qui formaient plus de petits lots que de grands. On y chercherait en vain autant de portes qu'il y a d'immeubles plus d'un, a sur les quais, ou sur la rue Saint-Louis, sa principale façade. Sur le nombre des portes que dessert elle-même l'autre rue, combien peu sont cochères ! Toutefois le n° 14, qui héberge des voyageurs, fut logis aristocratique. Sa façade manque d'ampleur ; une vieille mansarde y ressemble à la plume qu'arboraient les feutres au temps de la Fronde, et cet équipage, des plus minces pour une maison de raffiné, n'est rehaussé que par une grande porte, qui ressemble à l'arche d'un pont ou d'un aqueduc. La vigne vierge se fait jour entre les fentes des pavés de la cour, pour plaquer l'ornement trompeur de ses feuilles sur la muraille ; un escalier assez spacieux fait monter et courir l'une après l'autre les quilles en chêne de sa balustrade, à l'un des angles de cet espace découvert. Les boulingrins et les charmilles d'un petit jardin, avec un pavillon au bout, s'aperçoivent à la fois, comme à travers des lorgnettes toutes braquées, derrière les deux rangées de croisées du corps de logis intermédiaire. La famille de Clermont-Tonnerre résida pendant quelque temps dans cet hôtel au XVIIe siècle, et elle possédait également un certain nombre de maisons voisines, qui à leur ancienne réunion, entre les mains d'un seul propriétaire, doivent des servitudes réciproques fourré de broussailles dont les épines sont ordinairement des procès ! Charles-Henri, comte de Clermont et de Tonnerre, baron de Cruzy, seigneur d'Ancyle-Franc, avait épousé le 27 mars 1697 la fille du marquis de Sourdis, dont il eut treize enfants ; il fut chevalier des ordres du roi, son lieutenant en Bourgogne, bailli d'Auxerre et cessa de vivre en l'année 1640. Le 13 et le 1 n'ont fait qu'un, comme plus loin le 23 et le 25. Au 13 porte cochère ferrée de gros clous et escalier à balustres de bois. Le 28 date aussi de l'ouverture de la rue : j'en atteste la double aigrette de ses mansardes. Ou au 32, ou au 38, logea Lagrange-Chancel, auteur des Philippiques, qui s'attaquèrent au régent : ce poète, qui maniait le fouet de la satire, était alors, rue des Deux Ponts, locataire, d'un huissier à verge.
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