Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE SAINT-FLORENTIN
Ier et IIème arrondissements de Paris

(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1861. Commençant : place de la Concorde, 2, et rue de Rivoli, 258. Finissant : rue Saint-honoré, 271. Monument classé : Ministère de la Marine (ancien garde-meuble). Historique : ouverte en forme d'impasse nommée cul-de-sac de l'Orangerie puis, en 1758, rue de l'Orangerie. Elle s'est appelée aussi petite rue des Tuileries. Origine du nom : le duc de la Vrillière, comte de Saint-Florentin (1705-1777), ministre et secrétaire d'Etat, y avait fait construire un hôtel.

Les orangers du jardin des Tuileries, renouvelé par le rayon de Lenôtre, prenaient leurs quartiers d'hivers près du Rempart de la ville sur placement présentement occupé par le ministère de la marine et par l'entrée de la rue Saint Florentin. Le reste de la rue formait alors le cul-de-sac de l'Orangerie. Louis de Clermont comte de Chiverny, y possédait une maison à porte cochère, que nous croyons 1e 11, et qui pouvait très bien communiquer avec l'hôtel de Clermont d'Amboise, indiqué rue Saint-Honoré : elle tenait d'un côté au mur du parapet du Rempart, qui régnait jusqu'aux Tuileries, et de l'autre, à la propriété de l'abbé de Villemareuil, laquelle ouvrait aussi sur le cul-de-sac une de ses deux portes cochères. A l'autre coin, Gestard ne possédait pas moins de trois maisons, pareillement contiguës à celle que nous lui avons vue rue Saint-Honoré. Les dames de l'Assomption avaient ensuite une sortie sur le cul-de-sac.

Louis XV donna aux échevins, le 21 juin 1757, un tronçon du Rempart et l'Orangerie à la charge d'ériger l'impasse en une rue qui devait s'appeler de Bourgogne, en mémoire du duc de Bourgogne, père du roi, et à condition aussi d'y établir les bâtiments en arrière-corps de la place Louis XV, dont ladite rue devait suivre le plan par des constructions uniformes. Cette dernière obligation disparut du cahier des charges un an après, en considération sans doute de ce que des maisons antérieurement bâties empêchaient d'étendre à la rue la régularité de la place.

L’architecte Gabriel, qui avait dessiné le plan dans son entier n’en construisit pas moins, les n°s 7 et 9 , d’à présent. Dans le premier de ces hôtels fut élevé M. de Morny, sous les yeux paternels
de Flahaut, qui le plaça dans la pension Muron, pour y suivre les cours du collège Bourbon. Dans l'autre, le prince Poniatowski, sénateur de naissance, cultive la musique la place qu'il tient dans la rue était occupée par le maréchal de Ségur au commencement du premier empire.

Un terrain vis-à-vis avait appartenu au traitant Samuel Bernard ; il s'y éleva, sur le dessin de Chalgrin, émule de Gabriel, un magnifique hôtel pour le compte d'un ministre, M. de Saint-Florentin, celui de tous les membres de la famille, Phélypeaux de la Vrillière qui abusa le plus des lettres de cachet. Pour faire sa cour au favori du maître, le conseil d'État du roi décida, le 11 mars 1768, que ladite rue de Bourgogne échangerait ce nom d'un prince du sang royal, contre celui de Saint-Florentin.

Au commencement du règne de Louis XVI, l'hôtel appartenait au duc de Fitzjames, qui le vendit en 1787 à la duchesse de l'Infantado. On y établit, en 1793, la manutention de salpêtre de la section des Tuileries. L'ouverture de la rue de Rivoli enleva des bâtiments à cette propriété, avant que le marquis d'Hervas la vendit à M. de Talleyrand, et ce prince des diplomates y donna l'hospitalité à l'empereur Alexandre en 1814. La Charte y fut élaborée, non pas sans que Mme de Staël eût contribué à sa rédaction. M. de Talleyrand, qui mourut plein de jours dans l'ancienne résidence du ministre de Louis XV, s'y trouva remplacé par la princesse de Liéven. Cette femme d'un esprit distingué n'y ferma pas le salon politique, appelé à de nouvelles surprises M. Guizot en faisait les honneurs pour elle.

M. de Rothschild dispose, en ce temps-ci, de presque toutes les maisons de la rue qui répondent aux chiffres pairs. C'est le Samuel Bernard de notre époque, et bien des gens en feront compliment au financier du règne de Louis XIV.



 

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