Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE DE L'ÉPERON
VIème arrondissement de Paris
(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1859. Commençant : rue Saint-andré Des Arts, 41. Finissant : rue Danton, 10, et boulevard Saint-germain, 120. Historique : elle existait probablement au commencement du XIIIe siècle. En 1267, vicus Galgani ; en 1294, voie Gaugai ; en 1296, rue Gaugain ; en 1300, Cauvain ; en 1521, Gougaud ; en 1531, Gayain ; en 1543, Goyani. On la trouve appelée encore rue du Chapperon (1430), rue du Chappeau (1485), rue Chapon (1521), rue Chappon. Corrozet la nomme rue de l'Eperon. Origine du nom : ancienne enseigne.

Cette rue cavalière a piqué les flancs d'un palais, dont, il reste certainement une aile dans le cul-de-sac de Rouen ou de Rohan. C'était un séjour d'Orléans, qu'avait habité Philippe, duc de Valois, cinquième fils de Philippe VI, avant Louis de France, duc d'Orléans, fils de Charles V, qui le vendit à son frère, Charles VI. Mais Valentine de Milan, lorsqu'elle eut a demander justice à ce monarque de l'assassinat de son mari, résidait encore rue de l'Éperon. Son petit-fils se défit du manoir, en 1486 avant de régner sous le nom de Louis XII. La rue de l'Éperon, dite alors Chapon et précédemment Gauvain, n'était pas assez longue pour que le séjour d'Orléans n'en absorbât pas la moitié, c'est-à-dire tout le côté droit.

Les grands hôtels abandonnés n'ont jamais eu le temps de tomber en débris dans une ville comme la nôtre c'est encore le meilleur engrais du sol ; les spéculations y mûrissent, avant qu'ils aient jonché la terre la récolte est à peine fauchée que le regain pousse. Ainsi leva l'hôtel Châteauvieux, dans la rue Saint-André-des-Arts en projetant ses communs sur la rue de l'Éperon.

Vient après le n° 8, indiqué à son origine comme hôtel de Crémone MM. de la Maisonfort et de Laubonnière, qui le tenaient de Bigot, écuyer, l’ont vendu au milieu du XVIIIe siècle, à Lafosse, maréchal des petites écuries du roi. Si la maison suivante ne fut construite que sous Louis XVI par un marchand de vin, dont la boutique figurait parmi celles du pont Saint-Michel, c'est que son emplacement avait dépendu jusque-là d'une des deux maisons adjacentes.

La vieille porte bâtarde du 12 fait double emploi avec sa grande, ce qui annoncerait une division antérieure. Il est vrai que les actes de Leroux de Plémone, trésorier de France, qui possédait la grande maison, ne soufflaient pas mot de la petite ; toutefois, M. Hénin, conseiller au grand-conseil, a eu pour acquéreur de l'une et de l'autre, en 1775, M. Mercier, bijoutier ; enfin la baronne de Calambert, qui est morte nonagénaire en 1848, en a fait légataire sa bonne, sans la moindre séparation. Si le percement de quelque rue nouvelle rasait cette maison, nous en serions fâché pour ses balustres d'escalier, qu'aucun choc n'a pu écorner depuis le règne de Louis XII.

A qui appartenait, de l'autre côté de la rue, la propriété formant le premier angle de la rue du Cimetière-Saint-André aujourd'hui Suger ? A messire Le Fèvre d'Eaubonne, président au grand-conseil, qui a cessé de vivre en l'année 1735. Huzard, qui était à la fois libraire et vétérinaire, se rendit possesseur, vers 1793, de deux immeubles, n° 5 et 7, qui provenaient de la ci-devant fabrique de Saint-André-des-Arts. Le président Dodun, de la quatrième chambre des enquêtes, jouissait de la maison suivante avant la mort de Louis XIV, pour la céder quinze ans après à l'avocat Gillet ; celui-ci y a précédé François Amé, et cet autre, Limanton, conseiller et maître des requêtes de la reine Marie-Antoinette. Pour en finir l'imprimerie Bachelier, qui fait le coin de la rue du Jardinet, n'est déjà pas si mal placée dans l'ancien collège de Vendôme, qui dura du XIVe au XVIIe siècle !



 

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