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RUES GARANCIÈRE
SERVANDONI ET PALATINE
VIe
arrondissement de Paris
(Histoire de
Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)
Notice écrite en 1861. Rue Garancière Monument
classé : Eglise Saint-Sulpice. La famille de Rieux, alliée à celle d'Entraigues, était bretonne et marqua dans la Ligue. Réné de Rieux, évêque et comte de Léon en Bretagne, fit dessiner par Bobelini l'hôtel à deux faces dans lequel s'exploite l'imprimerie Plon, rue Garancière, n° 8, et qui porte le n° 11 rue Servandoni. Il n'y avait pas encore séparation quand c'était le siège d'une des mairies de Paris, où le quartier voyait aussi l'hôtel Roquelaure d'une époque antérieure Le premier maréchal de Roquelaure vint à Paris avec la reine Jeanne d'Albret ; une maison Garance ou Garancière tenait alors la place dont l'hôtel de Léon a hérité. Le dernier des Roquelaure mâles, maréchal de France également, cessa de vivre en 1738. Celui-ci était le fils et celui-là le père du duc aux aventures divertissantes, dont une petite-fille épousa un Rohan, prince de Léon, trop tard pour que cela explique une mutation qui échappe à nos recherches. Mais n'est-ce pas un teinturier que la rue avait eu pour dénominateur ? Un cours d'eau devait y suivre la pente du terrain, s'y rougir chez le teinturier et affluer au canal qui jadis tombait, à la hauteur de la rue Bonaparte, dans la Seine. De Rieux, seigneur de Sourdéac, remplaça dans la rue Garancière l'évêque, son oncle, depuis l'an 1651 jusqu'à ce que ses propres créanciers, auxquels il fit abandon de ses biens, vendissent à Pierre de Pâris, conseiller au parlement, et à sa sœur, la présidente Dugué. La branche de Sourdéac remontait à Réné de Rieux, lieutenant général au gouvernement de Bretagne, en faveur duquel Henri IV, qui se plaisait à l'appeler mon cousin, érigea l'île d'Ouessant en marquisat ; Elisabeth Nivelle épousa l'arrière-petit-fils, Réné-Louis, dit le comte de Rieux, mais elle ne l'empêcha pas d'être le dernier Sourdéac. L'hôtel qui fut successivement Garance, Léon, Rieux, Sourdéac, de la Sordière, Montagu, Lubersac et mairie du XIe arrondissement, se dit Roquelaure. C'est qu'en pareille matière il faut compter avec une autorité, populaire dont les dépositaires gagnent à être désignés poétiquement par ce vers de Virgile : Sunt guibus ad portas cecidit custodia sorti. Dulau-d'Allemans, gouverneur de Doullens, brigadier des armées du roi, prenait la maison suivante, en 1751, des mains de Boivin, procureur du roi au bureau des finances. La propriété venant au-dessous du double hôtel avait été vendue l'année d'avant par Elisabeth de Beauvau, veuve du duc de Rochechouart, premier gentilhomme de la chambre, à l'Aubespine, marquis de Verderonne, seigneur de Villeflix, lieutenant des gendarmes écossais, ainsi que trois autres, maisons. L'une d'elles est le n° 5 de la rue Palatine, construit pour la princesse Anne-Charlotte, palatine de Bavière, qui survécut à son mari, Henri-Jules de Bourbon-Condé, et se fixa au Petit-Luxembourg. L'archevêque de Sens habita longtemps la maison, puis M. de Bonald, le philosophe catholique. On retrouve rue Servandoni les deux autres maisons qui firent partie de la même acquisition. Les filles de la Très-Sainte-Vierge, communauté dite de Mme Saujon, avaient eu, près d'un siècle auparavant, la totalité du terrain et les constructions qui s'y élevaient déjà. Cette communauté s'était formée en 1663, et elle avait donné de l'extension à son établissement trois années plus tard l'avocat Bénard avait alors cédé moyennant échange à Mme Saujon, supérieure, assistée dans l'acte par Thérèse d'Auvray, Anne-Marie Lechevalier et Marie-Madeleine Divrot, représentant avec elle la plus grande et saine partie des filles de la communauté, 75 toises à prendre dans les héritages du coin de la rue Neuve-Saint-Sulpice (Palatine) et des Fossoyeurs (Servandoni), où deux maisons étaient bâties, plus une grande maison tenant par-devant à la rue Garancière, par-derrière auxdits héritages, en aile à la rue Neuve-Saint-Sulpice. Agrandissement qui n'a pas fait durer plus de quatorze ans la communauté de Mme Saujon. Les Dulau-d'Allemans, déjà propriétaires dans la rue Garancière sur le côté droit, occupèrent de l'autre un hôtel ; c'était probablement la seconde face de la maison qui leur appartenait rue de Tournon. Avec laquelle des deux propriétés était de front ce qu'on appelait alors n° 1 ? Poncelin de la Roche-Tilhac y ouvrit une souscription à son ouvrage intitulé : Chefs-d'oeuvre de l'antiquité sur les beaux-arts ; Monuments précieux de la religion des Grecs et des Romains, de leurs sciences, etc. (2 vol. in-folio 1784). D'autres compilations sont dues à cet auteur d'une Description historique de Paris. D'éditeur il se mit imprimeur et libraire, pour publier des journaux et brochures patriotiques de sa composition, au commencement d'une révolution dont il épousa tout d'abord les idées avec enthousiasme. Il avait jeté le froc aux orties pour se faire homme du monde ; il fut l'un des premiers à ne pas craindre d'y jeter aussi le célibat. Mais les événements du 10 août le ramenèrent, comme journaliste, à mettre de l'eau dans son vin ; un peu plus tard il figurait au nombre des publicistes purement réactionnaires. Il attaqua Barras avec une violence qui lui valut les représailles d'un guet-à-pens, car il eut le malheur d'être enlevé par la police du Directoire, traîné au Luxembourg, dans une pièce reculée ; et fouetté jusqu'au sang. Est-ce que le Consulat ne vengea pas lui-même le Directoire, d'une manière plus complète, en rendant impossible l'indépendance ? La princesse palatine a donné une fontaine à la rue Garancière, année 1716, et a laissé son titre à la rue Palatine, primitivement un cimetière. La dénomination de l'autre rue était justement due au fossoyeur de ce cimetière de Saint-Sulpice, qui habita, dit-on, le n° 1. Comme cette voie empiétait, en formant coude, sur le terrain de la place Saint-Sulpice, on l'appela aussi du Pied-de-Biche, du Fer-à-Cheval. L'architecte Servandoni n'existait plus quand on s'est souvenu qu'il avait demeuré en face du fossoyeur, et cet auteur du portail de l'église Saint-Sulpice a été le parrain posthume de son ancienne rue, en vertu d'un nouveau baptême. Un bas-relief d'une grande finesse, représentant la Charité, décore celle des portes de l'église qu'on dit porte Servandoni. Nous croyons, au surplus, que la communauté de Mme Picart, fondée en 1692 par la grande-duchesse de Toscane, le fut dans cette maisonnette et dans la maison attenante. Les orphelins de la paroisse, dits enfants de la Mère-de-Dieu, eurent pour asile le n°10, dont l'entrée est rue Canivet. Sous Louis XIV, également, une communauté de filles occupa la seconde encoignure que cette rue forme avec celle Servandoni. Est-ce à dire que tous les souvenirs
de cette dernière se rattachent à de pieuses fondations
? D’une feuille politique ? Mme Dangeville, qui a joue les soubrettes, les grandes coquettes et les travestis pendant un tiers de siècle, a pu recevoir nombre d'excommuniés, rien qu'en donnant des fêtes de famille, dans la maison où elle, tenait d'Une part au comte de Breteuil et d'autre part à la famille Godonèche, propriétaire à l'encoignure des rues de Vaugirard et des Fossoyeurs. Bourdelin, docteur en médecine, ayant pour locataire Dupin, seigneur de Montinéa, avait vendu en 1740 au couple Botot ladite propriété, et Marie-Anne Botot, dite Dangeville, a racheté douze ans plus tard la part des héritiers de son mari, avec lequel elle avait été commune en biens. Dans cette circonstance, Mme veuve Dangevillé, comédienne du roi, demeurant rue du Petit-Bourbon (aujourd'hui Saint-Sulpice) passait un nouvel acte, et les autres contractants étaient Due Marie-Hortense Racot de Grandval, veuve de Charles-Claude Botot-Dangeville, pensionnaire du roi ; sieur Antoine-François Botot-Dangeville, maître de danse, membre de l'Académie royale de danse et pensionnaire du roi ; dame Anne-Catherine Desmares, épouse du susnommé ; François-Etienne Botot-Dangeville, de Montfleury et Etienne Botot-Dangeville de Champmeslé, tous deux comédiens pensionnaires de S. A. S. Électorale Palatine, et Nicolas Botot-Dangeville, bourgeois de Paris. Les intéressés, à eux seuls, n'auraient-ils pas pu donner la comédie au notaire, après la signature du contrat ? A l'opposite, le procureur Jacob avait acquis des créanciers du duc de Bouteville les n°, 18 et 20, sur lesquels avaient eu des droits les Châtillon, par suite d'une alliance avec la famille de Meslay, introducteur des ambassadeurs, et postérieurement à l'adjudication de 1717 au profit de la comtesse Rouillé de Meslay, née Commans d'Astry. Cette propriété avait appartenu plus anciennement à M. de la Boissellerie, y tenant au commissaire Chevalier et à Mme Dubois. L'un de ces deux voisins se trouvait remplacé, du temps de Jacob, par la veuve de l'avocat Mercadé, dont la maison touchait une plus grande maison à Girouard.
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