Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE DES BARRES, naguère des Barres-Saint-Gervais
IVe arrondissement de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)

Notice écrite en 1857. Elle était appelée en 1250 ruelle au Moulin des Barres ; plus tard, ruelle des Moulins du Temple et rue du Chevet Saint-Gervais. Une partie a été appelée au XVIe siècle rue Malivaux et une autre, celle voisine de la rue Saint-antoine, a été confondue avec la rue du Pourtour. Cette voie doit son nom, ainsi que l'hôtel qui y fut construit vers 1260, aux moulins situés sur la rivière, au lieu-dit des Barres.

Trois du quatre maisons n'ont été démolies que six, ans après dans la rue, au chevet de l'église Saint-Gervais, qui ne s'en trouve pas beaucoup plus dégagée, une haie de planches s'y opposant depuis un nombre égal d'années. La rue des Barres craint moins l'humidité du côté de la place Baudoyer, dont l'abaissement a fait monter la rue à l'entresol. On dirait que cette place a plié sous le poids de sa mairie et de sa caserne de construction récente : il y avait, ma foi, bien de quoi plier et de quoi regretter l'orme de Saint Gervais !

Robespierre jeune, qui s'était jeté d'une des croisées de l'Hôtel de Ville, fut porté le 9 thermidor, sur une chaise, au siège du comité civil de la section de la Commune. Sa blessure était dangereuse, il fut pansé, puis transféré au comité de Salut public, d'où on le porta à l'échafaud avec Maximilien, son frère, et autres, mis hors la loi par les thermidoriens. Ensuite la justice de paix du IXe arrondissement fut placée dans l'ancien local de la Commune, qui n'était autre que l'hôtel des Barres, bâti sous le règne de Saint Louis.

Les moines de Saint-Maur avaient acheté jadis cet édifice, ainsi que les moulins à eau des Barres, qui en dépendaient ; puis Louis de Bourdon, un des amants de la reine Isabeau, s'y était pavané. F. Colletet, en 1664, l'appelait hôtel de Sens, et je crois cependant que les seigneurs de Charny avaient déjà donné leur nom à ce manoir devenu leur propriété. Au XVIIIe siècle, pour le moins, le bureau général des aides y était installé, avant de passer rue de Choiseul. La plupart des bâtiments de ce grand logis ont été démolis pour livrer passage à la rue du Pont-Louis-Philippe, et il n'en reste rien, quant à présent, pas plus que des moulins à eau, appartenant aux templiers, qui faisaient appeler la rue, lors de la destruction de cet ordre, la ruelle des Moulins-du-Temple. On a dit aussi rue Malivaux, à cause de Malivaux, propriétaire au XVIe siècle de ces machines à moudre, et puis rue des Barrières, ou des Barres. La ruelle pouvait être barrée lors de la construction de l'hôtel des Barres et de Charny ; mais les employés des aides et gabelles mirent par-Là des barres jusque sur la rivière. 7 lanternes y éclairaient 29 corps de logis, sous Louis XIV.

En face des Charny était la maison de ville de l'abbaye de Maubuison, dont les religieuses, filles de la Croix, s'étaient établies audit lieu dès 1664, bien qu'elles n'y fussent propriétaires qu'en vertu de lettres patentes signées postérieurement. Nous avons fait un pèlerinage à leur ancienne abbaye royale, dont, il survit des murs près de Pontoise et une maison de campagne, à Bessancourt. Ces dames, depuis le règne du galant Béarnais, avaient la thébaïde mondaine. Toutefois les chapelles à colonnes qu'elles ont laissées dans les caves des nos 9 et 11 de la rue des Barres, n'étaient pas des lieux de plaisance. L'extérieur de ces deux maisons, n'ayant plus rien de virginal, serait plutôt personnifié par une duègne rébarbative ; mais leur mauvaise humeur s'explique par les allures peu confites en douceur, peu régulières et médiocrement pudibondes d'une population ouvrière, plus laborieuse et plus utile que toutes les nonnes de la terre, et aussi matinale, mais plus mal élevée, partant mal embouchée, forcément négligée dans sa tenue et ne s'entendant guère aux confitures, qui ne se propose même plus de consacrer à Dieu un seul soupir de l'amour innocent ou repenti.

Le 17 est plus vieux encore. La rumeur publique le fait dépendre, dès le règne de Charles VI, d'un couvent, d'hommes, mais duquel ? Des moines avaient dû se détacher de l'abbaye chartraine de Tiron en leur fief Tiron de Paris, dont le chef-lieu était assis dans le voisinage, rue Tiron, et qui s'éparpillait en 31 rues. C'est toutefois la maison de la rue des Barres que semble avoir habitée avant la Révolution M. Sue, chirurgien ordinaire de l'Hôtel de Ville, oncle d'Eugène Sue.

Un praticien qui se fût cru du même genre, mais plus barbier que chirurgien, avait vendu en l'année 1573 une maison à enseigne du Gantelet, sise en ladite rue, au pied de Saint-Gervais, pour servir de presbytère à cette église.


 

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