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RUE
VIVIENNE
Ier, IIème arrondissements de Paris (Histoire de Paris
rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)
Notice écrite en 1860. Commençant : rue de Beaujolais, 14. Finissant : boulevard Montmartre, 13. Monuments classés : au n° 7 : Bibliothèque nationale (façade est de Robert de Cotte sur la cour principale ; galerie Mansart et Mazarine avec leur vestibule ; pièce dite « chambre de Mazarin » ; plafond de la "salle des Vélins" ; salle de travail du département des imprimés dite "salle Labrouste"). Aux nos 16 et 16 bis : ancien Hôtel Tubœuf, en totalité, y compris le sol de la cour et de l'ancien jardin, à l'exclusion de la verrière, des ailes en retour sur l'ancien jardin et des édicules construits dans la cour. Historique : la partie A est dénommée rue du Perron dans le dictionnaire des Frères Lazare (1844-1855). La partie B est appelée rue Vivien sur le plan de Gomboust (1652). Origine du nom : dû à la famille Vivien, à laquelle appartenait Louis Vivien, seigneur de Saint-Marc, échevin en 1599.
« Avant la Révolution dit Prud'hommes en 1809 (Miroir de Paris, tome V), pas une boutique rue Vivienne ; à présent elles affluent et brillent par l'élégance. » Le commerce, depuis lors, n'a fait que croître et embellir dans cette avenue des galeries du Palais-Royal, auxquelles nuit la rivalité du boulevard sans que la rue Vivienne s'en ressente. Il y aura tantôt un siècle que les écussons de ses hôtels se doublent d'enseignes. La Tynna dit, de son côté, dans son dictionnaire de nos rues, que le passage du Perron fait partie de la rue Vivienne depuis 1806. Mais aujourd'hui les numéros commencent au delà de la rue Neuve-des-Petits-Champs, et nous doutons qu'ils soient jamais partis de la rue Beaujolais, qui borde la galerie Beaujolais. Nos n°s 2 et 4 ont fait partie de l'hôtel Colbert, substitué rue Neuve-des-Petits-Champs à celui de Bautru, comte de Saint-Serran, l'un des membres originaires de l'Académie. Le ministre y avait en vue l'ancien hôtel de Mazarin, dont il avait été l'intendant et qui, à l'article de la mort, l'avait recommandé à Louis XIV. Colbert, tout en mettant de l'ordre dans les finances, remplissait mieux au service de 1'Etat que des fonctions d'intendant il donnait autant d'impulsion et d'encouragements aux lettres qu'aux sciences, aux arts qu'à l'industrie. Le duc de la Meilleraie-Mazarin, neveu par alliance du cardinal, avait hérité de la portion de son palais qui bordait les rues Neuve-des-Petits-Champs et Vivienne ; cela devenait ensuite l'hôtel de la compagnie des Indes, et peu d'années après on y réserva à la Bourse une galerie, qui la retint jusqu'en 93 et que remplace présentement un parterre, séparé de la rue Vivienne par une grille. Colbert, archevêque de Rouen, avait succédé, de son côté, au ministre, son oncle, dans l'hôtel d'en face, oui fut celui des écuries du duc d'Orléans avant de, passer à l'administration des Domaines du roi. La dette publique y avait ses bureaux quand l'année 1826 le vit mettre en vente, ainsi que l'hôtel du Trésor, anciennement de la compagnie des Indes, leurs deux services se réunissant au nouveau ministère des finances. Dès 1666 Colbert avait acheté des héritiers de Bautru deux maisons, voisines de la sienne, pour y transférer la Bibliothèque du roi, qui lui devait d'être tout à fait publique et trop de richesses littéraires pour s'en tenir au local qu'elle encombrait rue de la Harpe, derrière Saint-Côme. Il y avait adjoint le cabinet des Antiques, formé au Louvre par nos rois. Sans compter que l'une au moins des académies dont il était le fondateur, celle des Sciences, tenait ses assemblées dans une autre chapelle du même temple, consacré à la religion universelle de l'esprit. Les acquisitions d'imprimés et de manuscrits faites à l'étranger par ordre de Louvois, continuateur de l'œuvre, avaient rendu à son tour insuffisante, la double Maison, n°s 8 et 10, dont l'archevêque de Rouen était aussi le détenteur, et le grand dépôt de livres changeait encore de place sous la Régence. L'hôtel de Nevers, qui le recevait rue Richelieu, était la portion du palais Mazarin dans laquelle Law avait établi les bureaux de la banque, mais qu'il avait achetée secrètement des fonds de l'État, en vue d'y fixer définitivement la Bibliothèque. Celle-ci n'a ramené que plus tard à l'unité les bâtiments dont s'était composée la résidence du cardinal, pour s'y mettre encore plus à l'aise. L'une des deux maisons que la Bibliothèque avait laissées vacantes, du côté droit de notre rue, était habitée sous Louis XV par M. Bourgevin de Saint-Morris, conseiller au parlement, dont la collection de dessins était estimée, et le trésorier des États de Bretagne y avait aussi ses bureaux. Dans l'autre fonctionnait la Caisse d'escompte, rétablie par arrêt du conseil en 1776 et dont les billets circulaient, comme ceux de notre Banque de France, bien que le cours n'en fût pas plus forcé. Le grand Colbert n'ayant pas dédaigné de faire pour son propre compte des spéculations sur les terrains dans le quartier, à ses dépens s'était élevé ce que vous voyez entre la grille de la Bibliothèque et la rue de l'Arcade-Colbert (aujourd'hui rue Colbert). Ne dirait-on pas, qui plus est, que toute la rue Vivienne fit partie de sa succession ? De l'immeuble dans lequel s'exploite de longue date l'hôtel des Étrangers à la rue de l'Arcade l'archevêque Colbert encore a été propriétaire, comme si son oncle n'avait pas eu des fils, qui ont eux-mêmes pris part aux affaires. L'aîné de ceux-ci, Colbert, marquis de Seignelay, qui a été ministre de la marine et à qui Despréaux a adressé l'une de ses épîtres, a disposé, nous ne l'ignorons pas, de l'autre angle de la rue de l'Arcade ; mais il n'a pas survécu plus de sept ans à son père. Au commencement du XVIIIe siècle, Mme Desmousseaux avait le n° 12, que M. de Bonneval, brigadier des armées du roi, hérita de son oncle en 1753 ; la sœur de celui-ci, femme du marquis Falaru de Chalmazel, laissa la même propriété à son fils, M. de Talaru, qui vendit à M. de Baulny, receveur des domaines. La maison, en 1800, n'était-elle pas le théâtre d'un crime ? Le domestique du banquier Contentin, locataire du premier étage, coupa son maître par morceaux et puis le mit dans un panier. M. de Baulny, deux ans après, vendait l'immeuble à M. Durand père. Le n°14, qui donnait à Mme Desmousseaux pour voisin M. de la None, avait appartenu à la famille Vivien. Or Vivien, notaire et secrétaire du roi, seigneur de Saint-Marc-sous-Dammartin et du fief de la Grange-Batelière, qui vivait sous Louis XII, eut pour fils Pierre Vivien, procureur général, en la cour des aides, qui épousa Claude Leprévost. Cette dame perdit son mari en 1392 et vécut sept années de plus. Leur fils, Réné Vivien, conseiller du roi et général des monnaies, mourut au mois d'avril de l'année 1630. Pierre était dans la force de l'âge au milieu du XVIIe siècle ; alors venait au monde la rue Vivien, sa filleule ou sa fille, dont le sexe ne fut reconnu par une désinence féminine qu'après de longues hésitations. Cette rue se prolongeait déjà jusqu'à la rue Feydeau quand les filles Saint-Thomas la raccourcirent, pour agrandir leur domaine conventuel. M. de Jongaières, secrétaire du roi, demeurait vers 1710 au n° 16, plus tard hôtel Boston. En ce temps-là les autres propriétaires des numéros impairs jusqu'à la rue des Filles-Saint-Thomas étaient Anjorrand, Boucher, le duc d'Estrées et Mme Barrois. Le duc d'Estrées n'habitait pas les lieux. En revanche, on nous montre chez un marchand de tapis, n° 16, au rez-de-chaussée, une pièce où a travaillé le marquis de Torcy, autre neveu de Colbert. Cet ambassadeur qui fut ministre d'État et président de l'académie des Sciences, épousa la fille du marquis de Pomponne et mourut en 1746 à un âge avancé ; il fut remplacé rue Vivienne par le maréchal de Bezons. L'hôtel de Torcy avait été bâti, sur le tracé de Pierre Le Muet, pour Jacques Tubeuf, surintendant des bâtiments de la reine Anne d'Autriche. Contigu est un bel hôtel, qu'occupa Desmarets,
encore un neveu de Colbert ! Il n'était encore que, conseiller
d'État, il devint contrôleur général des finances.
Sa place fut prise rue Vivienne par le fermier général Melchior
de Blair, puis par son fils, conseiller au parlement qui chargea Boffrand
de rétablir l'édifice, puis par l'abbé Boismont,
prédicateur du roi, mais à titre de simple locataire.
Sur un sermon prononcé par l'abbé de Boismont dans une assemblée de charité, la quête produisit 150, 000 livres pour la fondation d'un hospice militaire et ecclésiastique à Montrouge. Ses oraisons funèbres étaient pourtant loin d'effacer celles de Fléchier. Du reste, il aimait beaucoup le monde, faisait des vers, jouait même la comédie. En 1786 M. de Boismont, comme il sentait sa fin approcher, reçut le visite de l'abbé Maury qui, plusieurs fois, dans la conversation, ramena le malade sur des circonstances de a vie, dont il demandait le détail. Un pareil interrogatoire, bien qu'il le subît de bonne grâce, arracha au patient cette exclamation : – Voilà un candidat qui prend mesure d'un discours de récipiendaire ! Le 20, dans l'origine, a dû faire corps avec le 22. Le premier a pourtant appartenu isolément à Debrieux, maître d'hôtel chez le grand roi. Le second a été l'habitation du marquis de Lionne, puis de Lempereur, échevin, qui y réunissait une galerie de tableaux, et il est depuis longtemps dans la famille de M. le baron d'Ancourt. Au coin de la place de la Bourse, M. Onslow, le musicien, est maintenant propriétaire d'un hôtel qui coûta 100, 000 écus à Brioult d'Ailly, receveur général des finances à Poitiers, avant qu'y résidât Louis Phélypeaux de Pontchartrain, que sa nomination de chancelier en tira au mois de septembre 1699. Le marquis de L'Hosppital, qui occupa le même hôtel après M. de Pontchartrain, pouvait être le mathématicien de ce nom, auteur de l'Analyse des infiniment petits, qui s'enferma quatre mois avec Jean Bernouilli pour étudier le calcul différentiel, que Leibnitz venait d'inventer. Si ce n'est lui-même, c'était son fils. Vint ensuite le savant Bignon, bibliothécaire du roi, dont le grand-père avait rempli les mêmes fonctions, après celles d'avocat général au parlement de Paris. Quand fut démoli le couvent des filles Saint-Thomas, dont la porte faisait vis-à-vis depuis cinquante ans à notre rue, celle-ci pour la seconde fois se continua jusqu'à la rue Feydeau. Elle poussa jusqu'au boulevard Montmartre en l'année 1829 M. Achille Pène, propriétaire du terrain, s'était chargé, moyennant un million, d'opérer ce dernier prolongement. Un corps de bâtiment de l'ancien hôtel de Montmorency était resté debout au milieu des constructions neuves ; le duc d'Orléans, fils du roi, en fit son cercle particulier il y recevait principalement des officiers. Un café, depuis la mort du prince, profite d'un grand salon qui a été sculpté et doré pour les Montmorency.
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