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RUE
DE VENISE
IVe arrondissement de Paris (Histoire de Paris
rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)
Notice écrite en 1864. Commençant : rue Saint-martin, 129. Finissant : rue Quincampoix, 54. Historique : dans des actes du XIIe siècle, elle est désignée sous les noms de rue Erembourg, rue Hérambourg la Tréfelière ; Guillot, en 1300, l'appelle Sendebours la Tréfilière ; en 1388, c'est la rue Bertaut Qui Dort et, en 1512, la rue de Venise. La partie qui s'étendait entre les rues Beaubourg et Saint-Martin a été supprimée en 1936, après expropriation et démolition d'immeubles compris dans le périmètre de l'îlot insalubre n° 1. Elle fut déclassée par arrêté du 13 août 1971. Cette partie supprimée, précédemment rue de la Corroierie (XVIe siècle), est appelée rue Lingarière par Guillot en 1300 et, vers la même époque, rue de la Plâtrière ; rue de la Corroierie en 1313 et au XVe siècle rue Plastaye. On écrivait quelquefois rue Courroier. Elle pourrait être la rue de la Bloquerie indiquée par Corrozet. On la nomma également rue de la Conroirie. Origine du nom : enseigne de l' « Ecu de Venise ». Sommes-nous bien à Paris ? Ne luit-il pas comme à Venise, une madone, derrière un cierge, au fond de chacune des boutiques de cette étroite rue ? Là plupart des rez-de-chaussée sont malheureusement voués au sombre et fétide commerce des chiffons, qui se borne à donner le bouquet des odeurs qu'exhale en détaille réalisme des étages populeux d'au-dessus pas plus de poésie ne paraît fleurir en haut qu'en bas. Dame ! nous avons affaire à une ruelle où des usuriers du Moyen-Âge avaient amassé pièce à pièce des richesses qui, au temps de Law, en sortirent à la fois par la rue Quincarlypoix, sous la forme de papier-monnaie ! Au fort de la mêlée des agioteurs, en se pressant les uns contre les autres, on se volait, pour jouer au plus adroit, quand on n'était pas le plus heureux ; mais on allait jusqu'à tuer rue de Venise. De Horn, membre d'une famille princière de l'Allemagne, un gentilhomme piémontais et le fils d'un banquier de Tournay y assassinèrent, en plein jour, le capitaliste Lacroix, pour s'emparer d'un riche portefeuille, au cabaret de l'Epée-de-Bois. A la même place, n° 27, l'enseigne d'un marchand de vin est aujourd'hui le Cerf-Galant. Celle du Port-de-Venise fait vis-à-vis, sur la porte d'un petit restaurant. Vers l'époque où le crime commis là fut expié en Grève par deux de ses auteurs, une maison, située du même côté que le fameux cabaret, appartenait au sieur Quertin, huissier au parlement ; une autre contiguë, à Catherine de Comminges, veuve de Héracle Tréteau, secrétaire des finances ; une autre après, aux héritiers de Boucher du Bouchet, seigneur de la Brosse, auditeur des comptes. Mlle Pothay, fille majeure d'un serrurier, était en face propriétaire d'une maison tenant à des propriétés de la rue Quincrimpoix et de la rue Saint-Martin. Parmi, les beaux esprits dont les visites valaient à l'Epée-de-Bois une célébrité attrayante, il faut citer Marivaux et Louis Racine. Mazarin y avait autorisé antérieurement les réunions d'une compagnie de maîtres à danser et de musiciens, dont le chef se donnait pour le Roi des Violons. De ces réunions sans doute était sortie, sous les auspices du même ministre, l'académie royale de Danse, qui tint ensuite ses séances aux Tuileries, puis chez le maître des ballets du roi. Elle ne se composait d'abord que de 13 membres titulaires un peu plus tard se présentèrent des candidats que leur crédit dispensa de faire antichambre, et la réception d'un nouvel académicien ne fut plus soumise à la condition d'une vacance à remplir, s'il avait déjà dansé dans les ballets de Sa Majesté. Tous les jeudis se réunissait l'Académie ; les plus grands personnages assistaient à ses exercices, sur lesquels se réglaient les danses d'une cour qu'imitaient à l'envi toutes les cours étrangères, et le corps, juge compétent en cette matière, y regardait à deus fois pour lancer chaque pas nouveau, qui avait, à courir le monde.
L'enseigne à l'Écu-de-Venise, qui pendait rue Bertaut-qui-Dort, n'en fit-elle la rue de Venise qu'au XVIe siècle ; comme les ouvrages, sur Paris le veulent généralement ? Cette rue, sous Philippe le Bel, était dite Érembourg-la-Tréfilière, et l'on y citait, sous Jean le Bon, à l'angle de la rue. Saint-Martin, une maison qui aboutissait par-derrière à la maison qui fust Bertaut-qui-dort. C'est la seconde moitié de la rue de Venise actuelle. La première moitié, qui en est séparée par la rue Saint-Martin, ne tombe pas tout à fait en face : cette singularité témoigne de leur origine différente. La rue de la Corroierie avait succédé, vers 1305, à une rue Plâtrière, déjà connue en 1280, date à laquelle demeurait, rue Erembourg-la-Tréfilière, le lombard Jehanel de Sève. Parmi les banquiers et préteurs sur gages, qu'on appelait en ce temps-là des lombards, il v en avait pas mal de Vénitiens par la spécialité des rapports commerciaux, quand ce n'était pas de naissance. L'un d'eux avait donc pu déjà arborer cet Écu-de-Venise dont parlent si vaguement tous les historiographes. Les principaux lombards de Venise qui se trouvaient établis à Paris, lors de l'avènement de Philippe-le Bel, avaient noms :
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