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RUE SIMON-LEFRANC
IVe arrondissement de Paris (Histoire de Paris
rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)
Notice écrite en 1864. Commençant : rue du Temple, 45. Finissant : rue du Renard, 26, et rue Beaubourg, 2. Historique : cette voie se terminait rue Saint-martin. Le tronçon supprimé a été déclassé par arrêté du 13 août 1971. La partie qui s'étendait entre les rues Brisemiche et Saint-Martin (M) avait été supprimée en 1936 après expropriation et démolition d'immeubles compris dans le périmètre de l'îlot insalubre n° 1. La partie comprise entre les rues du Renard et Beaubourg et la rue Brisemiche a été supprimée dans le cadre de l'aménagement du secteur des Halles (Centre National d'Art Contemporain). Cette voie est déjà désignée sous le nom de rue Simon Le Franc sur des documents de 1237. La partie (M) précédemment rue Maubuée, portait déjà ce nom en 1323 ; en 1357, c'était la rue de la Fontaine Maubuée ; on l'a appelée rue de la Baudroierie aux XVe et XVIe siècles. Origine du nom : dû peut-être à Simon Franque, bourgeois notable qui vivait au XIIe siècle. La robe et là finance n'avaient guère laisse, au moment de la Révolution, que des avocats et des payeurs de rentes dans cette rue Simon-Lefranc, où dominait déjà une population industrielle et ouvrière, mais encore assez parisienne pour que chacun, par tradition, y sût un peu l'histoire de la maison qu'il avait ou qu'il habitait. Le roman à un sou raconte par-ci par-là ce que furent, quelques grands hôtels et quelques couvents appartenant à d'autres rues ; seulement l'édition, populaire rétribue assez mal les recherches historiques pour que l'auteur se prive rarement de les emprunter à Dulaure, et le voilà traitant de Turc à More l'ancienne société française, comme si la nouvelle n'en était pas la fille ! Une rue séculaire, quelle qu'elle soit, doit à l'histoire même de la ville sa côte part de souvenirs, sa chronique contributive. La rue Simon-Lefranc va payer, à son tour, ce nouveau genre de cote foncière, dans la mesure de ses forces. M. Rousseau y a fait sa tournée de percepteur de notes, comme en tant d'autres rues ; mais ce qu'il en a rapporté ne marque pas absolument l'endroit ou le Gigue-de-la-Croix était l'enseigne d'une modeste hôtellerie, contemporaine des Trois-Étoiles, dont nous parlions rue Geoffroi-Largevin. Des maisons qu'éclairaient le soir, en 1722, les 9 lanternes de la rue, la plupart sont encore debout. Il y en avait une aux héritiers Biévry, deux à la veuve de Thomas le Pilleur de Grambonne, seigneur de Mortemer, capitaine au régiment de Picardie, une qu'habitait M. Georges, avocat, et une autre, M. de Chavaudon, conseiller au parlement. Les loyers de deux propriétés présentement n°s 1 et 3, ou bien en face, étaient payés à M. Pierre de la Croix, contrôleur de la maison du régent. Du côté des chiffres impairs se trouvaient, à n'en pas douter, et l'hôtel de la famille Philippe, puisqu'il donnait en même temps rue Pierre-au-Lard, et la propriété encore indivise des héritiers de Proust, seigneur de Houilles et du Martray, lieutenant particulier au Châtelet, laquelle s'étendait non seulement jusqu'à la rue Pierre-au-Lard, mais encore jusqu'à la rue Neuve-Saint-Merri. Sur la rangée des numéros pairs, M. Aubin, secrétaire des finances, disposait d'un hôtel ; il y tenait par-derrière à M. de Faverolles, de la rue Géoffroi-Langevin. Le n° 4 appartenait au sieur Cousinot, et l'ancien hôtel de Mesmes, n°s 8 et 10, au porteur d'un célèbre nom, M. Cassini de Thury, maître des comptes, qui était fils unique de Jean-Dominique Cassini premier astronome du roi, et qui succédait à sa mère, née Delaistre, comme propriétaire rue Simon-Lefranc. Le chapitre de Saint-Merri 1’était aussi près de M. de Thury. En 1707, l'habitation et les bureaux de M. Robert, procureur du roi avaient une porte principale dans la rue Sainte Avoye, une autre dans la rue Pierre-au-Lard et une troisième, qui se retrouve rue Simon-Lefranc, n° 9. De cette agglomération se détachait un peu plus tard l'hôtel Philippe, déjà cité. En l'année 1652 on avait bâti le n° 17. C'est probablement la maison qu'habitait M. du Buisson, intendant des finances, en 1692. En réduisant de 80 ans ce millésime, nous voyons M. Charles Benoît, maître des comptes, acquérir d'un, conseiller au parlement, M. Lescalopier, une grande maison à deux corps de logis, avec jardin et une petite par-derrière ; les deux voisins du nouveau venu sont M. de Lillentroy et M. Essaim, valet de chambre du roi. Puis un jeu de paume s'établit dans ladite propriété, à une époque où le billard s'ajoute aux jeux de cartes et de dés en Usage dans la plupart des jeux de paume. Mais ce n'est déjà plus un tripot alors qu'un autre, membre de la famille Benoît y a pour acheteur le peintre Largillière, qui remplace la petite maison par un hôtel ; sur la rue Geoffroi-Langevin. Quant à la grande, par le temps qui court, elle doit (nous ne pourrions nous y tromper que d'une porte) elle doit être numérotée 6, rue Simon-Lefranc ; néanmoins elle ouvre rue du Temple. Dans l'hôtel contigu, le valet de chambre du roi succédait à M. de Mesmes, seigneur d'Avaux, conseiller au parlement, maître des requêtes, puis conseiller d'Etat, sous les règnes de Henri IV et de Louis XIII. Un de Mesmes a été le dernier des gardes en titre du trésor des Chartes, mais il n'est pas même entré en fonctions nommé au mois d'octobre 1584, il s'est démis de sa charge au mois de janvier suivant, et elle a été réunie immédiatement à celle de procureur général au parlement. Plusieurs des membres de cette famille illustre ont dû résider dans l'hôtel, où Simon-Lefranc lui-même les avait précédés, s'il convient de s'en rapporter au seul on-dit qui circule dans toute cette rue. Sauval parle d'un Symon-Franque, dont la mort serait antérieure à 1214, et c'est exactement le nom sous lequel, à 16 années de là, on connaissait déjà la rue. Parmi ses habitants, en 1315, figuraient : Jehan le Coiffier, Pierre le Coiffer, Jehan de Fontenoy, ouvrier de Bras de soie, Ali, la Laundine, fileuse de soie.
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