Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE MAUBUÉE
(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1864.

Buere, imbuere, mouiller, laver ; buée, légère vapeur, lessive ; maubuée, mal lavée, humidité nuisible, linge en mauvais état qui sèche. La signification de ces vieux mots, quelle que soit l'acception dans laquelle on les prenne, prouverait que la rue Maubuée, construite avant la fin du XIIIe siècle, ne tarda pas à éprouver le besoin urgent d'une fontaine. Celle-ci, une fois établie à l'angle de la rue Saint-Martin, fit dire rue de la Fontaine-Maubuée. Le nom de la Baudroierie n'en prévalut pas moins de 1398 à 1533, et il appartient encore à une impasse dans la rue de Venise ; puis la rue de la Baudroierie reprit celui que sa fontaine lui avait fidèlement gardé.

D'ailleurs, elle fait si bien suite à la rue Simon-Lefranc qu'on ne les a pas toujours distinguées l'une de l'autre. Par exemple, ne portait-on pas exclusivement au compte de la rue Maubuée, en 1715, un effectif de 73 maisons, qu'on retrouve indiqué sur le plan de Lacaille ? Elle n'y pouvait atteindre que si toutes les maisons de la rue Simon-Lefranc s'additionnaient avec les siennes, qui, depuis lors, sont restées invariablement ce qu'elles étaient. Combien de chance on a d'y être heureux, si le bonheur tient peu de place ! Autant de petites portes, presque autant de garnis où l'on couche par chambrée ! N'est-ce pas de très longue date que de la sorte on y loge à la nuit ? Toujours à pied, jamais cheval ! Le meilleur cabaret y était, sous Louis XV, l'auberge du Dauphin, où chaque repas revenait à 15 sols.

Une maison, vers le milieu de la rue du côté gauche, appartenait à un juge vendeur de vin, nommé Dumesnil, au commencement du même règne. La suivante, qui touchait par-derrière à l'hôtel Jabach de la rue Neuve-Saint-Merri, était à l'enseigne de la Cage un, teinturier en payait le loyer au collège de Dormans, dit de Beauvais, représenté par MM. Nicolas Boutillier, principal, Charles Rollin, coadjuteur, Nicolas Poincenet, sous-maître, Jean de la Marre, procureur, François Bucaille, Jean Vittement et Bucaille le jeune, chapelains et boursiers. M. de la Place, un gentilhomme, était propriétaire de la maison qui venait après. D'autre part, la famille de Jean Coquerel, capitaine au régiment Dauphin, avait l'une des propriétés d'encoignure de la rue.

La duchesse de Bouillon servait une petite rente, avant la Révolution, à la veuve de son cocher Jasmin, et cette veuve donnait son adresse littéralement à la fontaine Maubuée, qu'on avait reconstruite en 1734. Jasmin avait rossé un théatin, que lui préférait la suivante de la duchesse ; et, pour échapper à Bicêtre, dont ses maîtres le menaçaient, il s'était pendu dans sa chambre, à l'hôtel de Bouillon. Le fait est, par Malheur, que cette maison princière avait à craindre les indiscrétions domestiques ; on y vivait de telle façon que la duchesse l'emportait sur le duc, en ne sauvant que les apparences !

 


 

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