Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
magazine d'histoire, chroniques anciennes, le Paris d'antan, périodiques du passé
de la rubrique
Rues/Places
CLIQUEZ ICI

RUE DOMAT (DU PLATRE-SAINT-JACQUES)
Ve arrondissement de Paris

(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1860, avant que cette rue du Plâtre prit pour patron un jurisconsulte du xvite siècle. Les numéros impairs de la rue Domat sont portés aujourd'hui par des'maisons neuves, que surélèvent des degrés inégaux, en attendant l'ex haussement du milieu de la voie publiqueNotice écrite en 1860, avant que cette rue du Plâtre prit pour patron un jurisconsulte du xvite siècle. Les numéros impairs de la rue Domat sont portés aujourd'hui par des'maisons neuves, que surélèvent des degrés inégaux, en attendant l'ex haussement du milieu de la voie publique. Commençant : rue des Anglais, 8. Finissant : rue Dante, 7. Historique : précédemment, rue du Plâtre Saint-Jacques. Cette voie existait au commencement du XIIIe siècle ; en 1247, elle portait les noms de rue des Plâtriers, de la Plâtrière ou de la Plâtrerie et de rue Rodolphe le Plâtrier. Au XVe siècle, on l'a dénommée rue du Plâtre. Origine du nom : Jean Domat (1625-1696), jurisconsulte français ; quartier des Ecoles.

Le Collège de Cornouailles.

Entre la rue Saint-Jacques et celle des Anglais, près de trente maisons forment la rue du Plâtre qui doit son nom, dit-on, à une plâtrière. Les plus vieilles de ces constructions remontent au XIIe siècle portes cintrées, escaliers de bois, vieilles ferrures nous le confirment. Pas un habitant de la rue ne sait encore que les n°s 20 et 22 ont été le collège du diocèse de Quimper, dont nous allons rattacher l'historique à l'histoire des lettres et à celle de Paris.

En l'année 1317, Galerar-Nicolas de Grève, clerc de Bretagne, consacre par testament le tiers de son avoir à cette fondation ; malheureusement, tout compte fait, le legs ne suffit pas à créer un nouveau collège. C'est alors que Geoffroy du Plessis, notaire du pape et secrétaire de Philippe-le-Long, permet aux exécuteurs testamentaires d'établir, en attendant mieux, les cinq bourses disponibles dans son collège de la rue Saint-Jacques, et il y donne un corps de bâtiment aux boursiers de Cornouailles, qui se succèdent au Plessis pendant cinquante-sept ans que dure cet état provisoire.

Le chanoine Jean de Guestry, maître ès arts et en médecine, médecin du roi, a acheté pour eux une maison dans la rue du Plâtre, en commençant par ajouter quatre bourses à celles du premier donateur : il en constitue une de plus, après cela, par voie testamentaire. Or les statuts du collège de Cornouailles sont approuvés, dès l'ouverture, par Maignac, évêque de Paris. Une disposition principale réserve à ce prélat et à ses successeurs la collation aux offices et aux bourses. Les boursiers, en vertu d'une autre prérogative, nommeront à la cure de Fresles, en Normandie. Par une clause particulière, défense est faite auxdits boursiers de parler usuellement latin, sous peine de payer par infraction une pinte de vin à la communauté.

Les peines édictées pour d'autres contraventions consistent pareillement en mesures de vin, dont la capacité varie selon l'importance de la faute. Cette législation pédagogique est donc à la fois cléricale dans son point de départ, ses moyens et sa fin, nationale par caractère et singulièrement favorable aux épanchements de la camaraderie une cordialité prévue y gagnera incessamment ce que les infractions feront perdre à la discipline. Où Rabelais aurait-il pu se former à meilleure école ?

Provision pour une autre bourse émane d'Yves de Ponton, principal, sous le règne de Charles VII. Item, plus tard, de Jean Rervy. Item, année 1701, de Valot, conseiller au parlement, chanoine. Le collège doit, comme de raison, des messes à ses différents bienfaiteurs ; d'autres obits, fondés dans la chapelle, ne l'ont pas été davantage sans profit pour le temporel.

Néanmoins, en l'année 1762, les quartiers de rente retranchés et les réparations nécessitées dans les maisons appartenant à la communauté l'ont tellement obérée qu'elle ne défraye plus que trois boursiers, nommés Duban, Morvan et Royou. Ces deux derniers font leur théologie, et le premier sa physique à Louis-le-Grand. Trois autres étudiants en droit et en théologie, dont la pension se paye, sont : Dumetz, Dalibois, Bergier de Montigny. Nul professeur à demeure fixe ; ceux qui viennent régenter passagèrement rue du Plâtre-Saint-Jacques, se destinent à la Sorbonne. Deux massons, que l'on trouve alors à main droite dans cette rue, appartiennent : l'une avec l'enseigne du nom de Jésus, à Laurès, conseiller au parlement et l'autre, appelée la Ville-de-Limoges, à Barbier, maître graveur.

Le nombre des boursiers de Cornouailles, transférés tout à fait à Louis-le-Grand s'élève bientôt à huit ; ils y profitent d'un revenu amélioré par l'administration centralisée des petits collèges annexés : 5, 393 livres, composent alors ce revenu. Quant à Royou, il y reste vingt années professeur de philosophie ; il se fait un nom dans les lettres, continuateur de Fréron, son beau-frère, et collaborateur de Geoffroy ; son dernier journal, l'Ami du Roi, est supprimé en 1792, du même coup que l'Ami du Peuple de Marat.

Depuis la réunion du collège de Cornouailles à plus de vingt autres rue Saint-Jacques, on a restauré les bâtiments qu'il avait occupés dans la rue du Plâtre. Ils ont fait ensuite retour à l'État, qui les a vendus aux criées le 5 avril 1806.

 


 

:: HAUT DE PAGE    :: ACCUEIL

magazine d'histoire, chroniques anciennes, le Paris d'antan, périodiques du passé
de la rubrique
Rues/Places
CLIQUEZ ICI