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RUE DES SAINTS-PÈRES
VIe, VIIe arrondissements de Paris (Histoire de Paris
rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)
Notice écrite en 1860. Tout ce qui longe, dans
la rue des Saints-Pères, l'hôpital de la Charité,
a été plus récemment bâti de façon à
élargir la rue, dont la prolongation jusqu'à celle de Sèvres
est encore moins ancienne. Commençant : quais Malaquais, 23, et
Voltaire, 1. Finissant : rue de Sèvres, 8. Historique : c'était,
à l'origine, le chemin des Vaches puis, au XVIe siècle,
rue de la Maladrerie, rue de l'Hôpital de la Charité et rue
de l'Hôtel Dieu de la Charité ; rue des Jacobins Réformés
ou rue Saint-Père (sous Louis XIII) et rue des Saints-Pères
en 1652. Le plan de 1652 appelle déjà rue des Saints-Pères celle qu'on a précédemment nommée des Jacobins-Réformés, de la Charité, de la Maladrerie, et qui a été, dans le principe, l'un des chemins dits par-là des Vaches. La dénomination prédominante est venue collectivement des petits-augustins, propriétaires dans la rue des n°s 13, 15 et 29 pour le moins, des jacobins et des religieux hospitaliers de la Charité. Ces derniers ont eu les propriétés qu'y a conservées l'hôpital, plus un cimetière, lequel était à l'angle de la rue Taranne ; avant de passer du côté opposé, un peu au-dessous de celle Saint-Guillaume, en un lieu dont le susdit plan indique encore l'affectation à la sépulture des « prétendus réformés. » Les n°s 7 et 7 bis y sont timbrés du nom de M. Falcoms, que j'aime mieux lire Falcony ; à ce particulier se trouvera substitué, dans les droits de propriété, le baron de Montmorency, un siècle après, puis M. de Chabannes sous Louis XVI, M. de Vertillac sous Louis XVIII, et ensuite M. Roux, médecin réputé. La carte dont nous parlons marque également la place d'un M. Le Coq au second coin de la rue de l'Université.
Le nom des Bouville s'accolait alors à notre n°22, qu'on a connu hôtel de Nanty à deux reprises M. de Nanty de Frécot, conseiller au parlement, en jouissait sous le règne précédent. A la fin de l'un et au commencement de l'autre, les écuries de la comtesse d'Artois et l'hôtel de Fraisgnes, ou de Fresnes, allaient de la rue de Bourbon, maintenant de Lille, à celle de Verneuil. D'après deux autres de nos notes, Pierre Catinat, conseiller au parlement, avait acquis en 1713 de Georges de Roize, son collègue, une maison à l'encoignure de la rue de Verneuil, tenant par-derrière à l'académie du sieur Dugast, et Bernard, marchand de vin, avait en 1769 une grande propriété entre les rues de Verneuil et de l'Université. L'école des Ponts et Chaussées, ministère des travaux publics sous Louis-Philippe, et des cultes sous Louis XVIII, a dû être d'abord un hôtel de Fleury, édifié en 1788. A un abbé Langlois appartenait une construction irrégulière, et d'autant plus récréative, à voir, dont la petite porte est tout près de la rue Saint-Guillaume (rue présentement Perronet), vis-à-vis de l'académie impériale de Médecine. M. de la Maze-Hère, au milieu du même siècle, logeait au n°38, où il y avait porte cochère ; comme M. de Lude, un conseiller aux aides, dans le petit hôtel qui suit. N'est-ce pas au même temps que M. de Salubis habitait, en regard de la rue Taranne, une maison dont le plan émanait de Gittard ? Si c'était notre 48, quel dossier chargé que le sien ! Son plus beau titre est d'avoir abrité le duc de Saint-Simon, auteur des Mémoires qui nous initient aux secrets d'une cour dont il avait été le seigneur le plus accompli avant de s'en faire le peintre familier, avec autant d'aisance originale dans le pinceau que de variété dans les poses de ses innombrables portraits. Armand Nompar de Caumont, duc de Laforce, avait pourtant en 1749 les deux maisons venant après la rue Saint-Dominique, dont l'une au moins était l'ancien hôtel Saint-Simon. La principale avait été laissée à M. de Laforce par son frère, acquéreur, en 1714 de Henri Silvois, écuyer, et de Suzanne Duboulay, son épouse. Rappelons même que des deux Propriétés latérales à celle-là, l'une appartenait à Antoine Benoist, peintre ordinaire du roi, vers l'année 1700, puis à sa famille, qui eut pour acquéreur cinquante ans plus tard l'économiste Riquetti, marquis de Mirabeau, père de l'orateur. L'autre, formant équerre sur la rue Saint-Dominique, fut à M. Séguin, qui la vendit 50, 000 livres au duc de Laforce en 1720. L'hôtel de Laforce, occupé par un Larochefoucauld, avant la révolution de 89, devint Augereau sous l'Empire. Or Augereau, pour passer du faubourg Saint-Marceau, où l'avait pour fils un fruitier, au cœur du faubourg Saint-Germain, avec le bâton de maréchal, avait pris surtout par Lodi et par Castiglione, et le chemin lui avait paru court. L'hôtel, de Pons, qui touchait d'autre part à la maison de M. de Mirabeau, se retrouve avant les hôtels, de Castres, ou de Castries, et de Labriffe, alias 56 et 60, qu'habitèrent MM. de Flamarens et de Hautefort, contemporains du La Rochefoucauld voisin et faisant presque vis-à-vis à MM. de Craon-Beauvau. L'ancien hôtel dans lequel ces Craon succédaient aux Cossé-Brissac, avait été vaste. Plusieurs corps de logis en restent celui qui confine à la rue de Grenelle pourrait avoir logé l'un des maréchaux de Brissac du XVIe siècle. Mais on y a remis la main à l'œuvre pour Charles de la Porte, duc de la Meilleraie, pair et maréchal de France, cousin germain du cardinal de Richelieu, et Marie de Cossé, qui lui devait d'être Mme la maréchale. L'hôtel sortit à peine de la famille, en 1701, par le fait de l'acquisition de Claude Pécoil, maître des requêtes, qui procéda à une restauration Louis-Timoléon de Cossé, duc de Brissac, épousa la fille de l'acheteur. Mais ne s'était-il pas détaché de la propriété deux maisons qui appartenaient en 1746 à Gabriel de la Porte, conseiller de la grand chambre et doyen du parlement, portant le nom patronymique du maréchal ? La duchesse en aurait, audit cas, gardé l'usufruit dans le veuvage, car elle tenait directement en l'an 1696 à Louis du Tronchay, marquis de Vaires, qui tenait d'autre part au marquis de Cavoye. Ce dernier, le brave Cavoye, avait été élevé avec le roi et il était devenu son grand maréchal des logis. Après l'hôtel a dû de passer Villars au glorieux vainqueur de Denain, ou à son fils, qui protégea Voltaire. Nous avons déjà touché
un mot de l'hôtel de Dons proprement dit, qui survit tout à
fait en face. Le marquis. de Clermont-Renel y séjourna, et sa fille
épousa le comte de Stainville-Choiseul, qui fut ministre. Mme de
Clermont-Renel avait pour grand père le fermier général
Lemonnier, dont le faubourg Saint-Germain la décrassait. Ce financier,
fils d'un fabricant de drap d'Elbeuf, avait commencé par être
receveur des tailles ; il avait épousé une belle servante
de cabaret, que Jacques de Vitry, autre fermier général,
avait eue depuis pour maîtresse, le duc de Luxembourg ensuite. |
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