Rues et places de Paris
Cette rubrique vous livre les secrets de l'histoire des rues et places de Paris : comment elles ont évolué, comment elles sont devenues le siège d'activités particulières. Pour mieux connaître le passé des rues et places dont un grand nombre existe encore.
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RUE GAILLON
IIe arrondissement de Paris

(Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)

Notice écrite en 1860. Commençant : avenue de l'Opéra, 28. Finissant : rue Saint-augustin, 35. Historique : en 1495, c'était la ruelle Michaut Riegnaut puis, en 1521 la rue Michaut Regnaut. En 1578, on l'a dénommée rue Gaillon. Elle s'étendait, à l'origine, de la rue Saint-Honoré à la porte Gaillon (sup.) (cette porte était située rue de La Michodière à 60 mètres environ de la rue Saint-Augustin). Cette porte fut abattue en 1700. On supprima alors une partie de la rue Gaillon qui finit alors rue Neuve Saint-Augustin (rue Saint-Augustin). La partie entre la rue Saint-honoré et la rue Neuve des Petits Champs (rue des Petits Champs) prit au XVIIe siècle le nom de rue de Lorges puis celui de rue Neuve Saint-Roch et de rue Saint-roch. Elle a porté pendant la Révolution le nom de rue de la Montagne. Elle est actuellement une partie de la rue Saint-roch. Origine du nom : hôtel de Gaillon, sur l'emplacement duquel s'élève l'église Saint-Roch.

Les Variantes de l'Estampille. – L'Intendant de Mlle de Maintenon. – Mlle d'Estrées. – Une Passion de Fille d'Opéra. – Les Notables de la Rue au XVIIIe Siècle. – Les deux Portes de Sortie.

Hérault, lieutenant de police, fit mettre au coin des rues, en 1728, des inscriptions dénominatives : il avait l'embarras du choix pour la rue Gaillon, qui s'appelait aussi de Lorges, avec la portion de la rue Neuve-Saint-Augustin, qui avoisinait l'hôtel du maréchal de Larges. On l'avait déjà dite rue de la Porte-Gaillon, avant que fût jetée bas la porte urbaine, qui se trouvait auprès du 8 actuel de la rue de la Michodière ; on l'avait connue tout d'abord, sous Charles VIII, comme rue Michel-Regnaut ; du chef d'un voiturier y ayant maison et jardin. Cette désignation primitive avait appartenu simultanément à la rue Saint-Roch. Au XVIIIe siècle, un nouveau rapprochement mit pour quelque temps du Saint-Roch sur l'un et l'autre de leurs écriteaux.

Peu de temps après la mort de Louis XIV, quatre maisons de notre rue, notamment le n° 10, appartenaient à Mme du Fresnoy, et cette dame n'habitait que la dernière desdites propriétés qui se suivaient. Une maison plus modeste, qui était le 5 ou le 11, avait pour occupant Vacherot, intendant de Mme de Maintenon. La maison de Saint-Cyr devait, par acte constitutif, à son illustre fondatrice le logement et l'entretien, non seulement pour elle-même, mais encore pour ses domestiques et ses chevaux ; Mme de Maintenon avait gardé, en outre, d'assez grands revenus, qu'elle distribuait en bonnes oeuvres. Le régent lui avait maintenu les 4, 000 livres par mois qu'elle recevait à la fin du règne précédent, et elle continuait à jouir de sa terre de Maintenon. Saint-Simon, de plus, insinue avec son peu de bienveillance ordinaire pour de Maintenon, qu'elle avait dû conserver la pension de gouvernante des enfants du roi et de Mme de Montespan, ainsi que les appointements de seconde dame d'atours de Mme la dauphine-Bavière. Sans cela même la place de Vacherot n'était pas une sinécure.

Mlle d'Estrées, quelques lustres plus tard, avait l'une des maisons doubles qui se retrouvent rue Gaillon, avec deux portes cochères et deux cours ; elle y tenait d'une part et par-derrière à M. de Monbarrey, et ce n'était pas d'autre part à une autre rue.

En 1787, le vicomte de Boursac et le chevalier de Sourdeille occupaient des appartements, n° 10, chez M. de Lubersac ; M. de Nointel avait les présidents Dupaty et de Voménil pour locataires, n° 5 ; l'hôtel des Etats-Unis était garni n° 11, le républicain Saint-Just y logeait un petit nombre d'années après.

Sur la fin du règne de Louis XV, M. Douet de Vichy fit bail à l'envoyé de Trèves élu n° 8, même rue, occupé précédemment par le jeune, prince Sultoscky. La Dlle Siam, simple figurante au théâtre, mais premier sujet à la ville ayant donné à ce dernier des preuves d'affection, dont s'est émerveillé à l'Opéra tout le corps de ballet, pourquoi les passer sous silence ? Après avoir vécu un an avec cet étranger, princièrement endetté, la fille d'Opéra apprit que des créanciers venaient de le faire arrêter ; elle mit aussitôt tous ses diamants en gage, délivra celui qu'elle aimait ; le conjura de se rendre en Pologne, pour arranger ses affaires, et fit serment de ne pas l'oublier. M. Boute de Quincy, maître des requêtes, n'ayant pu étouffer les sanglots de la belle figurante, ne fit que paraître chez elle et disparaître il n'avait accepté que sous bénéfice d'inventaire l'héritage direct du prince Sultoscky.

Le marquis de Paolucci, ministre de la cour de Modène, essuya à son tour des larmes que M. de Quincy ne faisait pas répandre, et le mouchoir ne fut pas moins humide lorsque le ramassa Roussel, un fils de fermier général. Le chagrin augmenta encore, crescendo fait pour étonner de plus en plus, entre les bras du comte de Limbourg : il était prince, il était étranger, mais plus il montrait de qualités, plus la mémoire en trouvait d'autres dont il était cruel de déroger. Il y en avait assez pour renouer à des comparaisons nouvelles. Ou les regrets changent d'objet, ou ils se changent en désespoir ! La danseuse essaya enfin de la solitude ; les bons effets de ce remède, souverainement consolateur, auquel elle n'avait songé qu'a la dernière extrémité, ne se firent pas longtemps attendre M. de Limbourg fut rappelé !

A peu d'années de là, M. Boutin, un conseiller d'État, qui était vraisemblablement le trésorier de la marine plus d'une fois évoqué en ce recueil, avait un bureau, et Mme de Roth sa demeure dans la rue Gaillon, aux n° 19, et 14 deux immeubles qui n'en ont fait qu'un. Le comte et le vicomte de Flavigny étaient n°s 12 et 14 ; en leur hôtel à double entrée résidait également la famille de Lambilly et le chevalier de la Bourdonnaye. M. de Lafleurie se rencontrait avec M. et Mme Baltus de Pouilly dans une belle propriété dont la grande porte a disparu, n° 16, et qu'on a appelée l'hôtel de Veynes. Enfin sur la ligne opposée, l'hôtel Lambert de la rue Neuve-des-Petits-Champs avait une sortie, et le Contrôle général des finances une autre, par la cinquième ou sixième porte. Celle-ci ouvrait sur un petit hôtel, aliéné en 1826 avec divers emplacements qu'avaient occupés le ministère de finances et le Trésor.



 

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