|
|
|
||||||||||||
RUE ELZÉVIR
(DES TROIS-PAVILLONS)
IIIe arrondissement de Paris (Histoire de Paris
rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)
Notice écrite en 1860. L'idée n'était
pas encore venue de donner à une rue de Paris le nom d'une famille
de célèbres libraires et imprimeurs hollandais des XVIe
et XVIIe siècles. Commençant : rue des Francs Bourgeois,
24. Finissant : place de Thorigny, 3 et rue du Parc Royal, 21. Historique
: en 1545, rue de la Culture Sainte-Catherine ; en 1598, rue de Diane
et ensuite rue des Trois Pavillons. Aucune hésitation pour les cochers qui ont quelqu'un à conduire dans cette rue tout Parisien la voit d'ici. Mais où sont les trois pavillons ? On lit dans Sauval qu'Anne Châtelain avait été propriétaire d'une maison à trois pavillons au coin de la rue des Francs-Bourgeois ; mais nous sommes porté à croire que trois hôtels, au XVIIe siècle, étaient encore seuls dans la rue, bordée surtout par des jardins. Or cette voie triloculaire avait déjà porté deux autres noms, celui de la Culture-Sainte-Catherine, à cause de son ouverture sur l'ancien Val-des-Écoliers, englobé par le monastère des chanoines de Sainte-Catherine, et ensuite le nom de Diane à cause de la maîtresse de Henri II. Diane de Poitiers, duchesse de Valentinoi, n'a-t-elle pas été, au surplus, propriétaire et habitante de la totalité de l'hôtel. Barbette ? La mort du roi, son doux seigneur, l'ayant fait exiler à Anet, l'effet de sa disgrâce a été le même dans l'inscription de la rue. Si nous remontons même aux origines de l'immeuble qui limite la rue des Trois-Pavillons, du côté de la rue de la Perle, nous n'y trouvons rien Moins qu'Étienne Barbette, maire de la Monnaie, puis Isabeau de Bavière, femme de Charles VI, puis Diane de Poitiers, puis Claude de Lorraine, puis le duc d'Aumale et puis Jean Dalimaire, lequel a fait rebâtir la maison sur une place acquise du duc d'Aumale, en 1561 ; après cela, Jean Despre, puis Jean Bon oeil, eu de Montpeyroux, auteur par voie d'échange, en 1628, de Séron, trésorier de France, et enfin Jacques de Commines, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, au XVIIIe siècle. Du temps de ce dernier, un premier président à la chambre des comptes, Nicola, marquis de Goussainville, et sa sœur, marquise de la Châtre, qui habitaient tous deux la place Royale, avaient des locataires dans notre rue, entre les rues Barbette et des Francs-Bourgeois ; il en était de même de leur parente, la comtesse de Jaucourt, demeurant rue de Paradis. M. de Courchamp, leur voisin, avait acquis de Louis Le Tellier de Rabenat, marquis de Souvré et de Louvois, lieutenant général pour le roi au gouvernement de Navarre. Celui-ci tenait de son aïeule, la marquise de Louvois, femme du grand ministre, fille et héritière de Marguerite Barentin, laquelle, veuve en premières noces de Charles de Souvré, marquis de Courtenvaux, était morte marquise de Boisdauphin et de Sablé. Aussi bien, Louis XVI régnant, il y avait dans la rue quatre hôtels, répandant aux noms de Lastic, de Marsilly, de Billiard et de Lusignan. Le 4 devait être Lusignan ; mais en outre des descendants du dernier roi de Jérusalem, nom historique célébré dans zaïre, le même toit, qui reste dentelé de ses jolies mansardes d'autrefois, a tenu un poète à couvert. Ledit poète avait nom François Pajot de Liniéres, et il était d'une bonne famille de robe, alliée aux Balue, aux Machault. Ses plaisirs prenaient leur essor ordinairement avec un madrigal, qui ne rendait que plus piquantes les épigrammes de l'adieu. Est-ce qu'il ne but pas un jour le contenu d'un bénitier, parce qu'il avait vu l'eau bénite frissonner, comme de plaisir, au contact d'un des doigts gantés de sa maîtresse ? – Ce libertin, disait Boileau, n'a jamais fait d'autre acte de piété !
|
|
|||||||||||||
:: HAUT DE PAGE :: ACCUEIL |
|