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RUE DU ROI
DE SICILE
IVe arrondissement de Paris (Histoire de Paris
rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)
Notice écrite en 1860. La rué du Roi-de-Sicile,
aujourd'hui transformée par des reconstructions qui l'élargissent,
n'englobait pas encore la rue de Berci-Saint-Jean. Commençant :
rue Malher, 1. Finissant : rue du Bourg Tibourg, 4. Dénomination.
L'année 1266 vit couronner à Rome roi de Naples et de Sicile Charles d'Anjou, frère de saint Louis : il gardait à Paris un hôtel que rappelle la dénomination de la rue où nous, entrons. Après lui, le duc d'Alençon, Charles VI, les rois de Navarre, le comte de Tancarville, les cardinaux de Meudon et de Biragues, le duc de Roquelaure, le comte de Saint-Pol, les Boutillier-Chavigny et le duc de la Force furent successivement maîtres du logis. Le bureau des saisies réelles, puis ceux de la ferme des cartes s'y installèrent postérieurement ; puis ce fut une prison. On ne voulait plus des geôles souterraines, où l'isolement mettait le prisonnier à la merci de ses geôliers ; on demandait que le grand jour, en pénétrant jusque dans les prisons, fût la sauvegarde suprême du principe de la liberté individuelle contre toutes les chances abus que lui fait courir l'arbitraire. Le roi lui-même, Necker étant ministre, décida, dès le 30 août 1780, la suppression du Petit-Châtelet, du Fort-l'Evêque, ainsi que de la prison de femmes située rue Saint-Martin, près de l'abbaye, et procéda à l'établissement de deux prisons, subdivisées en plusieurs grands départements, tant à l'hôtel de La Force, qui donnait rue Pavée et rue du Roi-de-Sicile, qu'à l'hôtel de Brienne, y attenant on les nomma la Grande et la Petite-Force. Rien ne s'y trouvait plus de ces culs-de-basse-fosse qu'avait creusés ailleurs le Moyen-Âge, pour y jeter dans les ténèbres l'accusé, bien moins protégé par l'incognito de sa cellule que ne l'était le justicier. Depuis que la rue Maiher traverse le territoire où s'élevait la Force, d'autres prisons sur une grande échelle ont relevé le régime cellulaire, en mettant cette restauration dissimulée sous la bannière du progrès. Mais ce n'est pas une invention nouvelle qui nous vient des États-Unis, pays libre où l'emprisonnement passe pour avoir atteint la perfection ; c'est un retour, comme pour le vin de Bordeaux qui a fait le voyage des Indes. Le 20, rue du Roi-de-Sicile, n'est pas la seule maison encore debout qui appartint aux Desmarets, famille du contrôleur des finances de Louis XIV. Le marquis Desmarets, grand fauconnier de France, l'acquit en 1740 des créanciers de Gourdon, membre du grand-conseil ; mais il avait déjà une ou deux autres propriétés à cet angle de la rue Pavée, outre un hôtel, ouvrant sur ladite rue et démembré de l'hôtel de Lorraine. L'hôtel fondamental du groupe avait été construit pour Savoisi, le favori de Charles VI ; les héritiers du duc Charles de Lorraine y avaient eu pour acquéreur en 1681 le marquis Dauvel, comte Desmarets, et il y avait eu partage, en 1711, entre le comte Desmarets et le marquis d'Herbouville, dont la femme était née Dauvel. Le coin de la rue des Juifs et de la rue du Roide-Sicile est sur le plan de 1652, souligné de cette légende : Notre-Dame-d'argent. N'en faut-il pas conclure qu'une chapelle y venait avant la maison dont le chiffre 32 surmonte la porte cintrée, à ventaux lardés de gros clous ? Celle-ci et la suivante reconnaissaient pour maître, sous Louis XV, un M. Dijouval, secrétaire des finances ; ce qui n'empêche pas la tradition locale d'y voir l'ancienne résidence d'un duc de Gramont, pied à terre plus ancien encore de la belle Gabrielle. Aussi bien la maîtresse de Henri IV faisait souvent ses dévotions au Petit-Saint-Antoine, chapelle d'un hôpital fondé par saint Louis, converti plus tard en collège pour les religieux de l'ordre de Malte le n° 33 de notre rue a fait partie des derrières du Petit-Saint-Antoine. M. Tripier, sous le ministère Necker, était propriétaire entre cette dépendance du Petit-Saint-Antoine et une maison au sieur Boullet, qui en avait une autre contiguë. Le sieur Letourneur tenait audit Boullet d'une part et d'autre au sieur Barrette, propriétaire de deux maisons, comme la baronne de Limeil tenait audit Barrette et au sieur Mélin. Des peintures et sculptures séculaires, au n° 41, décorent une synagogue, ainsi que l'appartement de M. le comte d'Hautefort, qui a bien pu y naître si, comme on le dit la Révolution a confisqué l'immeuble sur sa famille. Quand la vente nationale de cette propriété s'effectuait, la rue et la section étaient celles des Droits de l'Homme, titre que portait aussi la place du Marché-Saint-Jean.
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