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RUE SAINT DOMINIQUE
VIIe arrondissement de Paris (Histoire de Paris
rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875)
Notice écrite en 1860. Postérieurement la rue Saint-Dominique, dont le premier tiers toutefois reste intact, a été ébordée par le percement, le prolongement ou l'élargissement des boulevards Saint-Germain et Latour-Maubourg, de l'avenue Bosquet, des rues Solférino, Bellechasse, Jean-Nicot, Amélie, Malan, Cler et du passage de l'Alma. Commençant : boulevard Saint-germain, 219-223. Finissant : place du Général Gouraud. Historique : la rue Saint-Dominique est ainsi dénommée depuis 1631. Elle a remplacé un chemin appelé anciennement chemin de la Longue Raye (1355), chemin des Treilles (1433), chemin Herbu ou chemin Herbu des Moulins à Vents (1523), chemin du Moulin à Vent, chemin de l'Oseraie (1527), chemin du Port (1530), chemin des Vaches (1542), chemin de la Justice, chemin des Charbonniers. On a distingué pendant un certain temps une rue Saint-Dominique-Saint-Germain en deçà et une rue Saint-Dominique du Gros Caillou au-delà de l'esplanade des Invalides. Cette division a été supprimée par un arr. du 31 août 1838. Avant le percement du boulevard Saint-germain, qui en a absorbé une partie, cette voie commençait à la rue des Saints-pères. Origine du nom : doit son nom aux religieux dominicains qui s'y étaient établis en 1631. Voyage en zigzag à travers la rue et l'Histoire. En parlant de la route du Simplon, creusée à coups de pioche et de canon par les soldats de Napoléon, Charles Nodier laissait échapper une exclamation de regret : – Le malheureux, il m'a gâté les Alpes !... Mais il n'y a pas grand chose à gâter d'ans certains quartiers de Paris, par exemple le Gros Caillou ; la commission municipale actuelle peut y envoyer son armée, démolisseurs suivis de terrassiers, sans faire pousser un soupir à l'ombre de Charles Nodier, qui demanderait grâce au moins pour le Marais et le quartier Saint-Paul, l'île Saint-Louis et la Cité, la montagne Sainte-Geneviève et faubourg Saint-Germain. Qu'un feuillet vermoulu s'échappe de ces livres, tout grands ouverts, il a été lu si longtemps que deux pages nouvelles, avec bien plus de marge, en seront comme l'annotation, dans laquelle vit encore l'esprit du texte. Mais passer au pilon, connue de méchants ouvrages tant de volumes à la fois, qui ont suffi à faire de Paris une bibliothèque sans égale, ce n'est bien mériter ni des époques auxquelles remontent des souvenirs si peu respectés ni de la nôtre, qui en perd l'espoir de léguer à son tour quoi que ce soit qui dure. Le Gros-Caillou, par lequel nous entrons dans
la rue Saint-Dominique, a bien plus à gagner qu'à perdre
au prolongement d'un nouveau boulevard, qui paraît hésiter
pourtant à la franchir. Un passage César, qui n'est pas
reconnu officiellement, suffit, en attendant, à relier ce boulevard
à la rue de Grenelle une construction séculaire, qui n'est
pas d'un aspect commun, sert d'ouverture audit passage. Une grande maison,
située encore plus loin des habitations historiques qui bordent
notre rue au quartier Saint-Germain, a appartenu à Larive, qui
était à la Comédie-Française le premier des
acteurs tragiques avant que Talma l'éclipsât. De quel bâtiment plus ancien chercher les restes ou la place, à cette extrémité de la rue ? La carte de Paris et de ses faubourgs suburbains en 1724 n'y signale rien au-delà de la boucherie des Invalides, grand carré peu distant de l'esplanade des Invalides, mais donnant rue Saint-Dominique au Gros-Caillou, du côté de nos numéros impairs. L'hôtel des Invalides avait été bâti, sous Louis XIV, entre le Gros-Caillou et le faubourg Saint-Germain, avec lequel finissait encore la ville au milieu du XVIIIe siècle. C'est le temps où Colbert de Fiénne, marquis de Maulevrier, vendit au marquis d'Herbecourt, une grande maison, tenant à celle Darsy et à un terrain au marquis de Broglie, près la barrière, entre la rue Saint-Dominique et celle de l'Université. Ledit vendeur, en se mariant, avait reçu ce bien de sa mère, née Henriette de Froulay de Tessé, fille d'un ambassadeur qui passa les dernières années de sa vie aux Camaldules. Également entre le Cours, touchant à l'esplanade des Invalides, et la rue de Bourgogne, un document, topographique de 1744 place sur la même ligne les hôtels de Mirepoix et de Caraman, en regard de ceux de Monaco, de Seignelay et de Comminges. Le marquis de Mirepoix a été promu la même année lieutenant général, sur de brillants services en Italie ; il n’a passé que plus tard duc et maréchal de France. Le comte de Caraman, que M. de Mirepoix avait pour voisin, était petit-fils de Riquet. Mais voyons ce que d'autres notes nous indiquent dans la Section où nous en sommes de la rue Saint-Dominique. Il nous y faut un hôtel d'Auvergne, bâti pour Le Camus des Touches, commissaire provincial d'artillerie, qui mourut en 1713 ne serait-ce pas l'une des phases du 102 ? Un hôtel Monaco, habité sous Louis XV par l'abbé Arnauld de Pomponne et sous l'Empire par le prince de Wagram, puis augmenté par le baron Hope avec une magnificence dont M. le baron Seil-Hère ne dément pas la tradition : 129-131-133. Une petite église de Sainte-Valère : la place en a été englobée par l'hôtel Hope. Un cabaret, que tenait la femme Martin, entre les hôtels Pomponne et Commines : mémoire. Ledit hôtel de l'évêque de Comminges, qui passa en 1752 des représentants de Guillaume Tambonneau, chanoine de l'église de Paris, au duc d'Estouville, hôtel où Mme Fanny de Beauharnais reçut plus tard. Cubières, Lalande, La Harpe, Lacépède, Dalayrac et tous les étrangers de distinction, puis résidence du maréchal Reille c'est-à-dire le 127. Enfin une maison où le maréchal Davoust, prince d'Eckmüll, rendit le dernier soupir en 1823, et qui avait été vendue en 1753 par Eynard de Ravannes audit duc d'Estouteville, y touchant par-derrière à S. A. S. Mlle de Sens : aujourd'hui c'est le domicile du duc de Périgord, au coin de la rue de Bourgogne. Les deux autres angles de cette rue de Bourgogne ont été occupés l'un par M. de Lignerac et ultérieurement par le médecin Corvisart, l'autre par la princesse Louise-Élisabeth de Bourbon, douairière de Conti. Celle-ci avait payé en l'année 1733 400, 000 livres, sans compter le vingtième pour droit d'ensaisinement, à la duchesse Mazarin, née, de Mailly, en premières noces marquise de la Vrillière, son hôtel, établi par le président Duret, sur le dessin d'Aubry ; seulement elle y avait ajouté une maison, venant de l'abbé de Broglie. Le maréchal de Richelieu y a été au nombre des successeurs de la princesse ; mais il a bientôt cédé la place aux Loménie de Brienne, qui en ont fait un rendez-vous de beaux esprits, de savants et d'artistes, tels que Buffon, Chamfort, Marmontel, Malesherbes, Condorcet, Turgot, Morellet, Suard, Helvétius, Piccini, David. Une des premières scènes de la Révolution en a-t-elle moins pour théâtre la rue Saint-Dominique ? La soirée du 24 août 1787 voit des attroupements se former aux abords de l'hôtel du ministre Brienne, avec des torches menaçantes, qui ont déjà brûlé en effigie le garde des sceaux démissionnaire Lamoignon, sur la place Dauphine ; le chevalier du guet et le maréchal de Biron, gouverneur de Paris, ne restent maître du terrain qu'en faisant renverser, au milieu des ténèbres, les séditieux à coups de baïonnettes. Sous le consulat, Lucien Bonaparte acquiert la propriété, mais il ne la garde pas personnellement au-delà de 1804 ; Mme Laetitia Bonaparte en fait, sous l'Empire, le palais de Madame-Mère. Distinguons toutefois dans cette ancienne maison princière un grand et deux petits hôtels ceux-ci séparent de la rue de Bourgogne celui-là, résidence actuelle du ministre de la guerre. Des lettres d'or, qui recommencent à luire sous le voile du badigeon, restitueront au-dessus de la porte du n° 92, si quelque nouvelle couche n'y met pas ordre, l'ancienne inscription « hôtel de Richelieu. » Quant aux bureaux intérieurs du ministère, ils occupent le ci-devant couvent des filles de Saint-Joseph ou de la Providence, lequel a eu pour fondatrice Mme de Létang et pour bienfaitrice Mme de Montespan beaucoup d'orphelines pauvres y ont été élevées dans la piété et initiées au travail de l'aiguille. Sous le règne de Louis XVI surgirent 80 et 82 Ménager, menuisier, les ajoutait alors à un hôtel préexistant au coin de la rue Belle-Chasse. Le salon de Mme de Mirbal, un charmant peintre, n'y était pas indigne de faire suite, sous Louis-Philippe, aux bureaux d'esprit échelonnés par le XVIIIe siècle dans la rue dont nous vous parlons. Du couvent de Belle-Chasse, prieuré de chanoinesses du Saint-Sépulcre, il survit rue Saint-Dominique le n° 81, dit le pavillon d'Orléans, où Mme de Genlis, vers la fin du règne de Louis XVI, a continué l'éducation de la princesse Adélaïde et de ses frères c'est là qu'elle recevait les hommages de Pétion, maire de Paris. Le fond des ns 69, 71, 73 et 75 a dépendu du même établissement. Les religieuses s'y étant transférées de Philippeville, en l'année 1635, sur l'emplacement que leur donnait le traitant Barbier, on avait commencé par les appeler filles à Barbier. Du temps de l'abbé de Pomponné, les hôtels de Varangeville et de Neufchâtel marquaient entre le couvent de Bellechasse et la rue du Bac ; mais, dès 1744, on y remarquait celui de Poitiers, probablement à l'évêque de Poitiers, puis ceux de Guerchy et de Châtillon, pendant que l'hôtel Broglie rivalisait, du côté opposé, avec l'hôtel Molé. Parlons d'abord du n° 74. Emplacement vendu en 1704 par le président Duret et par Thérèse Rouillé, veuve du marquis de Noailles, en secondes noces duchesse de Richelieu, à Charles-Amédée de Broglie, comte de Revel, lieutenant général, gouverneur de Condé. Celui-ci a pour cessionnaire Poullain de Beaumont, payeur des rentes de l'Hôtel de Ville, qui fait continuer la construction sous la conduite de Boffrand. Le maréchal François de Broglie, comte de Buhy, rachète peu de temps après la propriété, qu'il laisse à son fils, directeur général de la cavalerie, ambassadeur en Angleterre, etc. Le comte Chaptal habite cet ancien hôtel Broglie, sous l'Empire. Le président que nous venons de citer était le petit-neveu d'un médecin de Henri III. Son grand père, Duret de Chevey, président en la chambre des Comptes, disait qu'il fallait tenir le bassin de la chaise percée à un favori du roi, pour l'en coiffer s'il était disgracié. A moi, Auvergne ! Ce mot suprême du chevalier d'Assas ne fera-t-il pas reparaître le colonel du régiment sauvé par son héroïque dévouement ? Mais le seul danger à courir serait pour cette fois d'y voir double. N'ai-je pas déjà reconnu en cette rue une résidence à la famille de la Tour-d'Auvergne, de laquelle fut membre Turenne et qui formait une branche de celle Bouillon ? Maintenant, voici un autre hôtel dont le prince d'Auvergne a certainement donné, en l'an 1720, 425, 000 liyres à Mme de Maulevrier, et qui touchait l'hôtel Broglie. Pourtant le cardinal de Tencin, ministre sous Louis XV, a aussi habité la maison, et M. de Ville, lieutenant de la vénerie du roi, l'a vendue à la maréchale de Nangis-Briehanteau. En ce temps là, M. de Soyecourt et le duc de Béthune-Sully avaient, celui-ci un passage, celui-là une belle entrée, entre les hôtels d'Auvergne et Molé. Aussi bien dans le groupe de propriétés dont il s'agit, le territoire provenait de l'abbaye Saint-Germain, en ce qui longeait la rue Saint-Dominique, comme de l'université de Paris du côté de la rue de l'Université. La famille Roussereaix avait cédé au maréchal de Roquelaure de quoi bâtir un grand hôtel, commencé par Lassurance et achevé par Leroux en 1726 ; les princesses de Léon et de Pons, nées Roquelaure, en avaient eu du président Molé, quatorze ans après, 460, 000 livres, et les tenants y étaient alors M. Bosnier de la Moisson d'une part, la duchesse de Lesdiguières d'autre part. Et c'est aux héritiers de la duchesse de Créqui-Lesdiguières, née de Durfort-Duras, qu'avait succédé moyennant finances, en 1747, le duc de Béthune-Sully, entre M. Molé et M. Desmaisons. L'ancien hôtel Molé, qui se décomposait en un grand et un petit, est maintenant occupe par le ministère de l'Agriculture et du commerce, dont les bureaux vont englober, en outre, l'ancien hôtel Bosnier, plus anciennement du Lude. Or de Cotte avait établi le plan de ce dernier sur la demande du président Duret, qui a été incontestablement le plus gros propriétaire de son temps dans la rue. La duchesse de Roquelaure du Lude n'y avait été que la locataire de Duret ; puis la division de l'hôtel avait fait place simultanément à la comtesse de Cosnac et à M. Rémond de Montmort. Les deux moitiés s'en étaient rapprochées pour recevoir M. Bosnier, acquéreur du président en 1726 au prix de 300, 000 livres, et ensuite son fils, Bosnier de la Moisson, l'un après l'autre receveur général des États du Languedoc. Le maréchal Kellermann, duc de Valmy, y a fixé postérieurement ses pénates. Dans l'immeuble contigu, qui fait angle sur la rue du Bac, Mme Vanas et M. Bernard ont précédé M. de Boulogne, fermier général, dont nous avons retrouvé le principal hôtel rue du Bac, mais qui avait installé ses bureaux dans cet hôtel d'à-côté. Barras en a disposé sous la Restauration. L'auteur dramatique Ravenot s'y était formé chez M. de Boulogne, qui l'avait eu pour premier commis. Germain Boffrand serait content de l'état de conservation d'un de ses ouvrages s'il revoyait un hôtel à cour ovale qui reste l'une des perles du superbe collier que porte la rue Saint-Dominique. Ce n° 67 a tour à tour abrité M. Amelot de Gournay, ambassadeur, le maréchal de Montmorency-Luxembourg ; le prince de Tingry ; M. de Guerchy et d'Haussonville. Il a été acquis du président Amelot de Gournay, en 1725, par ledit maréchal de Montmorency et la maréchale, née de Harlay. Leur fils, prince de Tingry, qui plus tard fut aussi le maréchal de Luxembourg, et que Jean-Jacques eut pour protecteur, vendait dans le milieu du même siècle au comte de Guerchy, qui fut l'un des vainqueurs de Fontenoi, puis ambassadeur en Angleterre, cette propriété, où il était en mitoyenneté d'un côté avec les religieuses de Bellechasse, de l'autre côté avec la comtesse de Rupelmonde et par-derrière avec les religieuses de Panthemont. A la marquise de Varangeville ont succédé, dans l'immeuble adjacent, la maréchale de Villars, la marquise de Rupelmonde et les d'Uzès. Lassurance, au 63, a travaillé pour le marquis de Châteauneuf, qui était d'une branche de La Ferté-Senneterre. Le marquis de Béthune a vendu cette grande maison, en l'année 1719, au comte de Châtillon, ultérieurement nommé duc et gouverneur du Dauphin, le fils de Louis V. Le baron de Breteuil, ambassadeur et ministre du roi qui vint après, habita à son tour l'ancien hôtel Châtillon. Et à quelques pas de là M. Labédoyère, frère du colonel, a eu son père pour prédécesseur, dans l'une des ci-devant dépendances du couvent de la Visitation-Sainte-Marie. En allant de la rue du Bac à la rue des Saints-Pères, avant la Révolution, les premières maisons qu'on voyait à droite appartenaient aux pères jacobins ; puis en venait une à l'Hôtel-Dieu, une à l'hôpital de la Charité, et voici quels étaient les autres détenteurs de la propriété foncière sur la même ligne Mme Espolard, le comte de Béarn, la Charité, le comte de Puysieux, Leclère, le président Saint-Lubin, François Bougainville, d'Ormesson, de Chanteloup et Masson. Les jacobins s'étaient établis les premiers dans la rue qui portait le nom de saint Dominique, dont ils suivaient la règle réformée. Il appert d'une reconnaissance, passée en janvier 1718 devant le prévôt de Paris par les révérends pères Melchior Lhermitte, prieur, Lage, sous-prieur, Crouseilhes, Raisson et plusieurs autres religieux-profés des frères prêcheurs, dits jacobins, du noviciat-général établi en ladite rue, que ce monastère avait été fondé l'année 1631. Lefébure et Pigeard, marchands bourgeois, avaient alors vendu aux religieux de l'ordre, en ce lieu même, avec un clos de 7 arpents, une maison, qui s'y trouvait sise rue des Vaches, près de la butte du Moulin ; plus une place, même rue, de 262 toises 4/2, y compris la largeur de la rue du Bac, et de tout cela 66 toises seulement provenaient du Pré-aux-Clers. L'église Saint-Thomas-d'Aquin est l'ancienne chapelle du couvent, la rue du même nom, son avenue, le musée d'artillerie, son cloître. Les jacobins de la Révolution, lorsqu'ils eurent été expulsés du ci-devant couvent des jacobins de la rue Saint-Honoré, puis de la salle du Manège aux Tuileries, transférèrent leurs séances dans l'église Saint-Thomas-d'Aquin, jusqu'à ce que leur club fût encore fermé par Fouché. Dulaure, qui en faisait partie, qui même y était membre du comité épuratoire, avait son domicile rue Dominique, n° 48 actuel, c'est-à-dire, dans une des maisons qu'avaient bâties les religieux. Réduit souvent à se cacher, il préféra passer en Suisse ; mais, le 18 frimaire an III, il fût rappelé au sein de la Convention, avec beaucoup de ses collègues détenus. Les temps orageux de son crédit avaient si peu fait la fortune de cet historien de Paris que Français de Nantes lui rendit service en le gardant comme sous-chef aux Droits-Réunis, de 1808 à 1814. Vis-à-vis de l'ancienne avenue des Jacobins, M. le duc de Luynes fait suite aux héritiers de Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse, dont l'influence ne fut pas perdue pour les affaires de son temps. Cette femme célèbre par son esprit et sa beauté avait épousé le connétable Charles d'Albert, duc de Luynes, avant Claude de Lorraine, duc de Chevreuse. L'hôtel de Luynes est encore le séjour grandiose établi au XVIIe siècle par Le Muet. M. de la Prontière, qui résidait sous Louis XIV dans la même rue, y avait réuni une bibliothèque, qui ne valait pas le cabinet des livres au château du Louvre, mais qui comptait pour les lettrés, comme celle des religieux jacobins. Entre l'hôtel de Luynes et la rue Saint-Guillaume se revoient et l'ancienne habitation du marquis d'Avrincourt, colonel de dragons, qui épousa Mlle d'Osmond, et un hôtel Mortemart, originairement construit pour le compte de l'Hôtel-Dieu, et un ancien hôtel d'Asfeld, postérieurement Béthune. Dans ce dernier, M. Thayer a également pour devancière une femme dont la célébrité était due à son esprit et à celui des hôtes brillants qu'elle recevait, Mlle de Lespinasse, fille naturelle d'un Tencin ; elle s'était d'abord installée, avec Mlle du Deffant, sur un autre point de la rue, dépendant de la communauté de Saint-Joseph. Le plan de 1714 désigne comme hôtel Matignon le n° 41 de notre époque, d'Onsembray entre temps, mais qui porte, encore le premier de ces deux noms sur le plan de 1744. Peu d'années avant cette dernière date, la comtesse de Gergy avait acquis de la famille de l'épicier, Buteux une grande maison ; elle y tenait au duc de la Force sur la rue Saint-Dominique et à elle-même sur la rue Saint-Guillaume, en ce qui s'en appelait des Rosiers.
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